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Couverture des attentes du contrat psychologique et socialisation organisationnelle des salariés.


par Guidkaya ZAMBA
Université de Ngaoundéré - Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion 2019
  

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I.2.2. Présentation des modèles explicatifs de la socialisation organisationnelle

L'étude des modèles de la socialisation organisationnelle marque un point très important sur la distinction entre la gestion des ressources humaines, domaine des sciences de gestion qui étudie les modalités d'action des individus dans une relation de travail et la psychologie ou la sociologie (discipline basée sur l'étude de la personnalité et des comportements dans la société en générale). C'est en effet une préoccupation gestionnaire qui a animé les travaux des premiers investigateurs sur la notion de socialisation organisationnelle (Schein, 1968 ; Van Maanen et Schein, 1978 ; Van Maanen et Schein, 1979 ; Lewicki, 1981) dans le but de proposer des éléments de compréhension et de gestion de l'entrée organisationnelle et de l'adaptation aux valeurs et normes de l'entreprise. Deux modèles sont à éclaircir dans le cadre de cette section : d'une part, le modèle séquentiel de la socialisation organisationnelle proposé au départ par Porter et al. (1975) et améliorer par les travaux de plusieurs autres chercheurs dont ceux récents sont assignés à Dufour et Lacaze (2007) qui met en évidence un processus de socialisation organisationnelle des salariés par étape et d'autre part le modèle de la socialisation organisationnelle par l'attribution de sens de Louis (1980a) qui met en exergue un processus de socialisation organisationnelle contrôlé par le sens que l'individu accorde au travail.

I.2.2.1. Le modèle séquentiel de la socialisation organisationnelle des salariés

La socialisation désigne un processus de transition organisationnelle d'un individu, c'est-à-dire un processus qui découle du franchissement des frontières organisationnelles au cours de la carrière d'un individu au sein d'une même organisation. Van Maanen et Schein (1979) identifient trois frontières organisationnelles susceptibles d'être franchies au cours de la vie dans une organisation : « la frontière inclusive dont le franchissement est analogue à l'entrée d'un étranger dans un groupe, la frontière hiérarchique [...] qui séparent les différents niveaux hiérarchiques, et la frontière fonctionnelle ou départementale [...] qui séparent les départements, les services, les groupements fonctionnels ». Ainsi, un individu peut connaître plusieurs socialisations organisationnelles au cours de sa carrière au sein d'une organisation. On parlera ainsi d'une approche séquentielle de la socialisation organisationnelle des salariés.

Les travaux s'inscrivant dans cette approche séquentielle de la socialisation ont un point commun d'identifier l'évolution du processus d'ajustement organisationnel d'un individu dans le temps, puisque comme le rappelle Fabre (2005) « le temps est un élément essentiel à prendre en compte dans l'étude de la socialisation, car ce phénomène est avant tout un processus dynamique. ». Suivant cette base, l'approche séquentielle s'intéresse aux différentes séquences (agencements possibles) qui se succèdent ou se chevauchent et qui caractérisent le processus de socialisation. Cette approche séquentielle place la socialisation globale des salariés autour de trois étapes bien délimitées.

Etape 1 : La socialisation anticipée

Cette étape de la socialisation organisationnelle débute avant même l'entrée d'un individu dans sa nouvelle organisation. L'étape dite de la « socialisation anticipée » (Feldman 1976, 1981) ou de « pré-entrée » (Porter et al., 1975) caractérise la période précédent l'entrée effective de l'individu dans l'entreprise ou dans sa nouvelle fonction. Les activités principales de l'individu en ce moment crucial de son insertion consistent à la formation d'attentes sur le travail et l'entreprise, ainsi qu'à la prise de décision d'accepter ou de refuser le travail considéré. Mais la formation d'attentes ou d'anticipations sur la relation de travail, n'est pas exclusive à l'individu en question, elle se développe également du côté de l'entreprise ; l'un et l'autre se basant sur un ensemble d'informations bien précis répertorié et mémorisé par ces derniers. Nous pouvons évoquer ici l'importance du réalisme des informations que communique l'entreprise (informations sur les buts et l'ambiance de l'organisation) au cours de cette étape, pour la réussite de l'intégration. En effet, le réalisme limite l'écart entre les attentes du salarié et la réalité à laquelle elle va être confrontée (Feldman, 1976 et Van Maanen, 1976).

Etape 2 : La confrontation initiale

Plusieurs termes sont utilisés pour désigner cette étape de la socialisation organisationnelle des salariés (notamment « accommodation » par Feldman (1976), « rencontre » par (Porter et al., 1975), « confrontation initiale » par Graen (1976). Presque tous ces auteurs considèrent que cette étape est cruciale dans le processus de socialisation organisationnelle, car l'individu considéré va y vivre un véritable choc de réalité. Ce choc naît à la fois de l'écart entre ses attentes et la réalité (dans la plupart des cas, les informations diffusées au cours de la phase précédente accentuent les points positifs de l'organisation et minimisent les points négatifs (Van Maanen, 1976). Il (l'individu en question) entre en effet dans un cadre organisationnel non familier, où le temps et l'espace peuvent devenir problématiques. Les informations qu'il reçoit ne lui sont pas familières, parfois il ne sait pas en quoi consiste une information, ni comment interpréter et sélectionner les informations. Cette phase du processus est marquée par le stress relativement important ressenti par l'individu en question. C'est au cours de cette étape que se forment les conflits de rôle et les ambiguïtés de rôle ressentis qui peuvent modifier l'environnement perçu du travail au point de le rendre plus problématique. Cette étape est très cruciale pour enclencher les deux qui suivent.

Etape 3 : L'adaptation à l'organisation

La dernière étape du processus de socialisation organisationnelle se caractérise par le passage du statut d'outsider à celui d'insider, par la résolution des conflits et des ambiguïtés liées aux tâches définies, par l'affirmation d'une identité qui s'adapte aux normes d'engagement, de performance et de loyauté de l'organisation. L'individu devient un insider lorsqu'on lui donne de l'autonomie, des responsabilités, lorsqu'on lui confie les informations privilégiées, lorsqu'on l'inclut dans le réseau informel, ou encore lorsqu'ils sont encouragés à représenter l'organisation et sollicités par d'autres membres de l'organisation pour des conseils. Les principales activités des individus au cours de la phase d'adaptation consistent donc à maîtriser leur travail et à s'ajuster aux normes et aux valeurs du groupe social. Les conflits et ambiguïtés qui se sont développés au cours de la phase antérieure sont ici surmontés.

Dans la même lancée, l'approche séquentielle de Dufour et Lacaze (2007), se démarque parmi le corpus de l'approche séquentielle de la socialisation organisationnelle que nous venons de donner précédemment. En effet, leur travail ne s'intéresse pas à identifier les séquences du processus d'ajustement de l'individu à l'organisation, mais à identifier celles du processus d'ajustement mutuel de l'individu et de l'organisation, c'est-à-dire les séquences de la mise en relation des zones d'identité de l'individu et des zones de conformité de l'organisation. Ils montrent ainsi qu'« au début de la phase d'intégration, la zone non négociable de l'individu est vaste alors que celle de l'organisation est étroite. Puis, au fil du temps et au fur et à mesure que l'individu s'arrime à l'organisation, le phénomène s'inverse à mesure que l'individu identifie ce qui est négociable et ce qui ne l'est pas et que son employeur commence à lui faire confiance. » (Dufour et Lacaze, 2007). Ainsi, ces deux auteurs identifient une phase « d'essai » au cours de laquelle les individus se conforment totalement par crainte d'être renvoyé, puis une phase où ils retrouvent une partie de leur liberté d'action qu'ils utilisent pour exprimer leur véritable identité. Leur modèle séquentiel de la socialisation organisationnelle comme ajustement mutuel permet d'expliquer l'échec d'intégration par l'incompatibilité entre les zones négociables de l'individu en situation de travail et de l'organisation.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus