I.1.2.2. La théorie
d'apprentissage de Cyert et March
La théorie de l'apprentissage de Cyert et March (1963)
considèrent l'entreprise comme étant une institution dotée
d'une mémoire collective qui lui permet de reproduire les
différentes activités et connaissances acquises. L`approche
évolutionniste de la firme « veut révéler le
caractère endogène des processus de changements
économiques en général et d'innovations technologiques en
particulier ». Ce sont les routines qui sont au centre de ce
processus. « Les routines sont définies comme
l'équivalent au niveau de la firme des « savoir-faire » des
individus. Ces routines résultent elles-mêmes d'un ensemble
d'apprentissages qui finissent par consolider des formes de réponses qui
incluent de larges domaines de connaissances tacites ».
L'intérêt de cette analyse sur le plan stratégique est de
mettre en évidence l'existence d'un type de ressources et
compétences difficilement identifiables et donc inimitables qui est donc
source d'avantages concurrentiels décisifs et durables.
L'accumulation des connaissances et des expériences
passées permet ainsi de constituer un savoir organisationnel tacite qui
conditionne la compétitivité de l'entreprise. Les
évolutionnistes distinguent ainsi les routines
« statiques » qui consistent à
répéter les actions passées des routines
« dynamiques » à l'origine de l'apprentissage et
du renouvellement des routines de l'entreprise. Seules les routines
« dynamiques » sont facteurs de changement
technologique. La stratégie de la firme est déterminée par
son histoire. Le changement ne peut être imposé sans tenir compte
des capacités développées historiquement au sein de
l'organisation. Cette approche met en évidence la contingence de
l'apprentissage. L'apprentissage est fonction à la fois du contexte
interne et des conditions de l'environnement de l'organisation. Il
résulte de la confrontation de la firme à des problèmes
nouveaux. Les solutions à ces problèmes vont venir enrichir les
routines existantes. Les auteurs mettent l'accent sur la nécessaire
cohérence entre les décisions stratégiques et les
compétences de l'entreprise. La gestion des connaissances relève
donc à la fois de déterminants organisationnels et d'une analyse
des conditions du développement des compétences dans
l'organisation en fonction de contingences particulières issues de
l'environnement ou de l'histoire de l'organisation. Si pour Cyert et March
(1963) l'apprentissage organisationnel est une stratégie de
développement des routines organisationnelles facilitant l'ajustement
des salariés, qu'en est-il des approches dites behavioristes et
cognitivistes ?
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