c.
L'identité de l'individu au travail et dans les relations au travail
L'identité au travail trouve tout son sens de nos jours
à la lumière des drames personnels et familiaux afférents
au phénomène du chômage. En effet, il devient
évident que le travail est une manière de se définir
soi-même mais également de se faire reconnaître dans l'acte
même de production par ses collègues et ses collaborateurs.
Sainsaulieu (2003) et Kaufmann (2004) considèrent que l'individu
construit son identité personnelle par rapport à sa propre
histoire et cherche à donner un sens global à sa vie, à
« s'unifier en partie autour de sa trajectoire de vie ». Ceci nous
semble intéressant à relever dans le cadre de notre recherche :
l'individu au travail, au sein de son entreprise, va se construire en partie,
en cherchant à donner, de manière consciente ou inconsciente, un
sens global à sa vie dans l'entreprise, mais également aux
activités qui lui seront données dans le cadre de son travail. Si
des éléments de l'entreprise lui suggèrent une certaine
forme de retrait (en occurrence les éléments liés à
l'ambiance de travail, leadership et au mode de management du supérieur
et à la culture de l'entreprise), il se construira différemment
et la qualité de la relation salarié-entreprise s'en trouvera
affectée. On dira selon les propositions de Sainsaulieu (2003) que
l'identité sociale donne une ligne de pratiques aux managers
d'aujourd'hui pour « comprendre comment des individus au travail
peuvent construire du sens par leurs activités et leurs relations,
obtenir la reconnaissance de leurs identités personnelles et collectives
et élaborer une culture commune. »
d. Le lien social de l'individu à l'entreprise
Entrant dans la logique de Segrestin (1996) et plus tard
Baudelot et Gollac (2003) selon laquelle entreprendre c'est « mobiliser
des moyens pour d'autres fins et selon d'autres voies que celles qui ont
été tracées par la société », nous
signalons que les entreprises ont participé à la production de
l'ordre social, non pas dans un but philanthropique mais bien au contraire,
dans un but de production et d'augmentation du profit sur les investissements
subis du fait de l'acte d'entreprendre.
Les travaux de Lallement (2003) définissent le lien
social comme l'ensemble des relations unissant les individus qui forment une
collectivité humaine. Est admise depuis longtemps la thèse selon
laquelle l'entreprise constitue, avec la famille et l'école, un foyer de
socialisation déterminant dans laquelle les liens sociaux favorisent la
construction de l'identité sociale. Cette conception rejoint les travaux
pionniers de Galambaud (1994) pour qui la configuration de l'entreprise sociale
moderne peut être décrite selon le principe de cercles
concentriques. Le centre est formé des salariés que l'on peut
qualifier de « personnel de l'entreprise » et ce sont eux que
l'entreprise va chercher à fidéliser car, gérés
avec une attention particulière, ces derniers vont avoir le plus souvent
l'opportunité de pratiquer une mobilité fonctionnelle, voire
hiérarchique pour les meilleures performances au sein de l'entreprise.
Les dirigeants vont quant à eux attendre de ces salariés un
véritable engagement, un partage et une participation active aux
directives et aux objectifs à long terme de l'entreprise qui
déterminent sa stratégie de croissance.
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