B - LA TENUE D'ELECTIONS CONCURRENTIELLES
L'on s'accorde sur le fait que la tenue d'élections
régulières et disputés est l'une des
caractéristiques de la démocratie pluraliste151.Par le
biais de l'élection, voie par excellence de la participation politique
des citoyens (1) et devenue véritable « rite
démocratique »152,les partis politiques
démontrent leur savoir - faire politique, offrant ainsi des
possibilités d'alternance (2).
1 - L'élection, voie par excellence de la
participation politique des citoyens
Définie comme la procédure par laquelle le corps
électoral confère un mandat à une ou plusieurs personnes
choisies par son vote153, l'élection est le mode de
désignation démocratique des gouvernants. Depuis la restauration
du multipartisme en 1990, les élections ont toujours été
concurrentielles, mettent aux prises plusieurs candidats, donc plusieurs partis
politiques.
Par son vote, l'électeur camerounais n'effectue plus un
« acte d'allégeance au prince »154 comme
à l'époque du parti unique, mais opère un choix
éclairé, après la confrontation les programmes politiques
des candidats et partis politiques en compétition155.Cette
dialectique de l'offre et de la demande 156 étant impossible
dans un système dans lequel la volonté générale est
monopolisée par une seule et unique force politique. Sous le parti
unique, l'électeur, à défaut de s'abstenir n'avait pas
d'autre choix que de voter pour le seul parti en compétition. Toute
possibilité d'alternance se trouvait ainsi annihilée.
151 Voir Jean Paul JACQUE, Droit
constitutionnel et institutions politiques, op.cit., p. 23 ;
Babacar GUEYE, « La démocratie en Afrique :
succès et résistances », op.cit., p.6 ;
Dodzi KOKOROKO, « Les élections disputées :
réussites et échecs », pouvoirs, n° 129, 2009,
pp. 115 - 125 (spéc.p. 116).
152 Philippe ARDANT cité par Babacar
GUEYE, « La démocratie en Afrique : succès et
résistances », op.cit., p. 14).
153 Michel de VILLIERS, Dictionnaire de
droit constitutionnel, op.cit., p. 103
154 Jean - Aimé NDJOCK cité par Robert
MBALLA OWONA, « Réflexion sur la dérive d'un
sacro-saint principe : la souveraineté du peuple à
l'épreuve des élections au Cameroun », op.cit., p.
94.
155 Ibid., p. 98.
156 Léopold DONFACK SOKENG, «
L'institutionnalisation de l'opposition : une réalité objective
en quête de consistance », CODESRIA, 2003, pp. 44 - 101
(spéc.p. 59).
Le pluralisme au Cameroun
2 - Les possibilités d'alternance
Il convient de préciser d'entée de jeu que
la démocratie ne se définit pas par
l'effectivité de l'alternance au pouvoir157.Stricto
sensu, l'alternance n'en est pas un critère158. C'est
plutôt « la possibilité de l'alternance qui est un
critère de la démocratie »159. En effet, la
tenue d'élections pluralistes et concurrentielles n'exclut pas
l'existence d'un parti dominant. En plus, le peuple peut choisir de renouveler
chaque fois sa confiance aux gouvernants en place. Mais il demeure qu'il ne le
fera pas ad vitam aeternam, déjà que la pratique
très répandue de la limitation des mandats ne le permet
pas160.
Donc, sauf à se scléroser, la démocratie
doit tout de même permettre le renouvellement du personnel politique
161.Si, l'alternance est le transfert de rôle entre deux
entités162, ce transfert dans le cadre de la
démocratie pluraliste s'effectue entre la majorité et
l'opposition.
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