B - LA DIMENSION INTERNE
L'existence d'une pluralité d'entreprises de presse et
audiovisuelles ne contribue réellement à l'expression de la
diversité des idées et opinions, que si cette diversité
est assuré au sein même de ces entreprises, qu'elles exercent dans
le secteur public (1) ou privé (2).
1 - Le secteur public
Soumis aux lois de Rolland130, au rang desquelles
figure l'égalité, le service public de la communication ou les
médias de service public sont tenus, conformément au
décret de 1992, « d'assurer dans leurs programmes une
représentation honnête, équilibrée et
complète de l'expression pluraliste des courants de pensée et
d'opinion politiques »131.Que l'on soit en période
de campagne électorale ou non, les interventions des partis politiques
de la majorité et de l'opposition dans les médias de service
public de la communication sont libres et gratuites.
Au Cameroun, les émissions de débats notamment
sur les sujets à caractère politiques sont d'ailleurs
légions dans les médias. Chaque citoyen s'exprime librement sans
risque de répression ou représailles de quelque nature.
- de l'égalité d'accès aux médias,
notamment en période électorale;
- de' la liberté et de la responsabilité des
médias;
- de l'indépendance des services public et privé de
la communication;
- de la transparence, du pluralisme et de l'équilibre dans
les programmes des entreprises de communication »
129 Joël ANDRIANTSIMBAZOVINA et
al, Dictionnaire des Droits de l'Homme, op.cit., p. 770.
130 Théorisées par le Professeur ROLLAND dans
les années 20, les « Lois de Rolland » ou « Lois du
service public» ont vocation à former un corps de règles
communes à tous les services publics et, d'une certaine façon,
à préciser le régime juridique qui leur est applicable.
Sont ainsi formulés les principes de continuité, d'adaptation,
d'égalité et de gratuité.
131 Voir alinéa 1er de l'article 3 du
décret n° 92/030 du 13 février 1992 fixant les
modalités d'accès des partis politiques aux médias
audiovisuels de service public de la communication.
Le pluralisme au Cameroun
En période de campagne électorale, les
émissions d'expression directe des partis politiques
représentés à l'Assemblée nationale sont suspendus
dans les médias de service public jusqu'à la fin de la campagne.
L'heure étant à la propagande électorale, chaque candidat
ou parti politique doit plus que jamais tenter de rallier l'auditeur et le
téléspectateur à sa cause en vantant les mérites de
son programme .A cet effet, conformément au décret de 1992, le
temps d'antenne - qui ne peut excéder deux heures à la
radiodiffusion et une heure à la télévision -, est reparti
entre les partis proportionnellement au nombre de candidats qu'il
présente132.Aucun de ces candidats ne peut avoir un temps
d'antenne inférieur à 10 minutes à la radio et 5 minutes
à la télévision jusqu' à la fin de la
campagne133.Cette exigence d'équilibre dans l'accès
aux médias ne concerne pas exclusivement les médias de service
public, ceux du secteur privé sont également concernés.
2 - Le secteur privé
L'exigence de la libre expression des opinions
n'épargne pas le secteur privé. Les entreprises audiovisuelles
privées doivent accorder un temps d'antenne équitable aux partis
politiques de la majorité ou de l'opposition en période de
campagne pour qu'ils puissent présenter leurs programmes. Cela permettra
ainsi aux citoyens de bien comprendre les enjeux134 avant
d'opérer leur choix. Au Cameroun, les télévisions
privées ne manquent pas à cette exigence. Elles organisent des
émissions au cours desquelles les principaux intervenants sont les
candidats, leurs représentants ou les représentants des partis
politiques en compétition.
Dans le but de veiller au respect par les médias
privés des principes de transparence, de pluralisme et
d'équilibre dans l'expression des opinions politiques, le Conseil
National de la Communication a initié des actions tout au long de
l'année 2013 en prélude aux élections sénatoriales
du 14 avril 2013,en déployant ses membres dans les 10 régions du
Cameroun.
Cette reconnaissance de la diversité d'idées et
d'opinions matérialisée par le retour du multipartisme suivi de
la libéralisation médiatique constitue le fil d'Ariane de
l'émergence d'un ordre démocratique pluraliste au Cameroun.
132 C'est le Conseil National de la Communication, qui
conformément au décret du 23 janvier 2013, siège de
manière permanente pendant la période de la campagne
électorale, est chargé de veiller au respect des lois, au
principe de l'égale accès des partis politiques, des candidats ou
de leurs représentants aux médias de service publics.
133 Voir alinéas 2 et 3 de l'article 10 du décret
du 13 février 1992.
134 Robert DAHL, De la démocratie,
op.cit., p. 94
Le pluralisme au Cameroun
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