B - LA FORTE EMPREINTE D'UN PARTI DOMINANT AU NIVEAU DE
LA
REPRESENTATION NATIONALE
La scène politique camerounaise demeure dominée
par un parti politique, à savoir le RDPC, très fortement
représenté au sein de l'Assemblée nationale (1) et du
Sénat (2).
1 - Une chambre haute sous contrôle
Une autre caractéristique de la démocratie
consociative c'est la formation des coalitions politiques au sein des instances
des représentations nationales407. Cela n'est possible que si
de nombreux partis politiques y sont représentés et qu'aucun
d'eux ne détienne une majorité écrasante. Ce n'est pas le
cas au Cameroun, où la majorité est détenue à
l'Assemblée Nationale par le RDPC qui compte actuellement 148
députés sur 180408.Le multipartisme au Cameroun,
à la différence de la Suisse409, n'abouti pas à
une réelle représentation des tendances politiques.
Cela n'a pas pour autant empêché le Constituant
de conférer un droit de nomination de 30 sénateurs à
raison de 3 par région, au Président de la République,
président de la majorité et du parti dominant. Résultat :
un sénat sous contrôle.
2 - Une chambre basse sous contrôle
« La mise sur pied du sénat permet de
consolider la dynamique démocratique camerounaise
»410.Toutefois l'alinéa 20 de l'article 2 de la
Constitution du 18 janvier 1996 reconnaît au Président de la
République le pouvoir de nommer discrétionnairement 30
sénateurs sur toute l'étendue du territoire national. Cette
immixtion du Chef de l'Etat, chef de la majorité gouvernementale, dans
la composition du sénat a - t - elle pour but d'assurer une meilleure
représentativité des tendances politiques, en nommant les membres
de partis n'ayant obtenu aucun siège à l'issue de
l'élection ? Est- ce tout simplement un moyen « de
contrôler [ce] sénat » 411 ?
407 Catherine BOUDET, «
L'émergence d'une démocratie consociative à Maurice (1948
- 1968) », Annuaire des pays de l'océan indien, PUAM,
2003, pp. 325 - 336 (spéc .p. 326).
408 A l'issue des élections des députés du
30 septembre 2013.
409 Comme le remarque Philippe LAUVAUX, la Suisse connaitt une
forme de multipartisme qui conduit à la représentation des
principaux partis politiques au sein de l'exécutif et de
l'Assemblée fédérale. Voir Philippe
LAUVAUX, Les grandes démocraties contemporaines,
op.cit., p. 427.
410 Narcisse MOUELLE KOMBI, La
démocratie dans la réalité camerounaise, op.cit., p
.11 . 411Jérôme Francis WANDJI K.,
« La décentralisation du pouvoir au Cameroun »,
op.cit., p. 143.
Le pluralisme au Cameroun
Certains indices militent en la faveur de la seconde
hypothèse, comme le constat selon lequel sur les 30 sénateurs
nommés à la suite des premières élections
sénatoriales, 26 étaient membre du RDPC412.
D'où la perception de cette immixtion du chef de l'exécutif comme
une « application ambiguë du consensus
»413.Ceci ne saurait occulter l'action de ce dernier ainsi
que celle du juge constitutionnel dans le renforcement du caractère
consociatif du système démocratique camerounais.
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