B - L'INSTAURATION D'UNE « CITOYENNETE A GEOMETRIE
VARIABLE » A L'ECHELLE REGIONALE
En démocratie, le pouvoir politique appartient à
tous les citoyens et chaque citoyen365 est détenteur d'une
parcelle de souveraineté. Cette souveraineté s'exerce par le
droit de vote et d'éligibilité. Or, dans le cadre de
l'élection du Président du Conseil régional, tandis que
les « autochtones » possèdent les droits de vote et
d'éligibilité (1), les « allogènes » n'ont que
le droit de vote (2).
1 - L'organisation d'une compétition
électorale pour un seul groupe : les « autochtones
»
Bien que cela paraisse louable, le fait de réserver la
présidence du Conseil régional à un autochtone participe
dans une certaine mesure à l'instauration d'une «
citoyenneté à géométrie variable
»366. L'élection est ainsi organisée pour
une catégorie de personnes : les autochtones, seules personnes
habilitées à faire acte de candidature sont. La
citoyenneté367 étant liée à la
République, pris dans son sens étymologique c'est - à -
dire la res publica ou la chose publique368 , se trouve en
quelque sorte fragmentée, selon que l'on est autochtone de la
région ou non.
Comme l'on peut le constater, au sein d'une même
région, à l'occasion d'une compétition électorale
pendant que certains citoyens sont électeurs et éligibles,
d'autres ne peuvent ne peuvent qu'être de simples
électeurs369.
2 - L'exclusion des « allogènes
»
La dénégation du droit à
l'éligibilité aux allogènes a la fâcheuse
conséquence de les exclure partiellement du jeu politique au niveau
régional et d'en faire des « citoyens de droit
365 La citoyenneté est définie comme la
qualité d'un individu jouissant de l'ensemble de ses droits civiques
dans un État ou dans une communauté politique. La
citoyenneté est un statut juridique de membre d'un État ou d'une
communauté internationale (citoyenneté européenne), par la
naissance ou par la naturalisation.
366 Alain Didier OLINGA / BIGOMBE
LOGO, « La participation politique locale communautaire dans la
dynamique de la mise en oeuvre de la Constitution du 18 janvier 1996,
op.cit., p. 194
367 Il n' y a pas de citoyenneté sans participation
à la vie publique, car au citoyen s'oppose le sujet .Cf. Michel
de VILLIERS, Dictionnaire du droit constitutionnel,
op.cit.,p.34.
368 La citoyenneté n'est pas liée à la
République en tant que forme de gouvernement, car même si un
Britannique est un « sujet » de sa Majesté, il ne participe
pas moins qu'un camerounais ou un français à la vie publique de
son pays.
369 Il est tout de même important de préciser
comme le remarque Michel de VILLIERS, que « la citoyenneté doit
être organisée par le droit positif ».Cf. Michel de
VILLIERS, Dictionnaire du droit constitutionnel,
op.cit.,p.34.
Le pluralisme au Cameroun
commun mais politiquement exclus
»370.Seuls les autochtones sont « ès
qualités titulaires de droits politiques »371. Pour
Claude MOMO, cette exclusion des « allogènes » du seul fait de
leur identité, du poste de Président du Conseil régional,
qui est de par la Constitution est la chasse gardée des «
autochtones » s'apparente à un compromis dont la seule explication
est politique372.
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370 Claude MOMO, « Quelques aspects du
droit électoral rénové au Cameroun
»,op.cit.,p.166.
371 Ibid.
372 Ibid., p.165.
Le pluralisme au Cameroun
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