B - LE RENFORCEMENT DE LA COHESION SOCIALE
A la question pourquoi la démocratie ? Robert DAHL
répond la « recherche de la paix
»337. A la question pourquoi sa
réinvention ? Tanella BONI répond « la recherche du
vivre ensemble »338. Quelque soit sa
forme, la démocratie vise à instaurer une société
pacifique où règne la cohésion sociale. Il est
indéniable que l'un des objectifs de l'application du consensus en droit
camerounais est le renforcement de cette valeur (A).Cette notion qui
s'apprécie à l'aune de plusieurs facteurs, tarde
véritablement à se réaliser au Cameroun (B).
1 - La notion de cohésion sociale
Prononcée pour la première fois par Emile
DURKHEIM, dans son premier livre qui est sa thèse, De la division du
travail social, paru en 1893, la cohésion sociale est «
l'ensemble des processus sociaux qui contribuent à ce que les
individus aient le sentiment d'appartenir à une même
communauté et se sentent reconnus comme appartenant à cette
communauté »339.Qualifiant « un
état social dans lequel les écarts entre les individus et les
groupes sociaux seraient réduits ou du moins acceptables et où
les individus [ont] le
336 Ibid.
337 Robert DAHL, De la démocratie,
op.cit., p. 46.
338 Tanella BONI, « Les femmes africaines
et l'invention de nouvelles formes de solidarité »,
op.cit., p. 101.
339 Jane JENSON, « Les contours de la
cohésion sociale : l'état de la recherche au Canada »,
Etudes des RCRPP, n° F/03, 1998, pp.1 - 54 (spéc.p.5).
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Le pluralisme au Cameroun
sentiment d'être membres à part
entière membres d'une communauté pacifiée
»340,elle comporte trois composantes
:l'égalité341,le lien social et
l'unité342.
La cohésion sociale ne se limite donc pas à un
« état passif de paix sociale »343 mais
requiert l'absence de conflits, un niveau élevé de relations
entre membres de la société et une même vision de
l'avenir344.Cette vision de la cohésion sociale est loin
d'être celle qui prévaut actuellement au Cameroun.
2 - L'état de la cohésion sociale au
Cameroun à l'heure actuelle
Le Cameroun est généralement
présenté comme un « îlot de paix
»345 en raison de l'état passif de paix qui y
règne. Cet état passif de paix ne saurait occulter le fait que le
vouloir vivre ensemble dans ce pays pose encore un problème
sérieux. En témoigne les conflits, bien que mineurs mais
débouchant souvent sur des affrontements ouverts entre
communautés tribales. Ce fut le cas du conflit entre Arabes Choa
et Kotoko dans la zone de Kousséri (région de
l'Extrême - Nord) en janvier 1994 et des violences entre Bali Nyonga
et les Bawock dans la Mezam (région du Nord - Ouest).
Le désir de vivre ensemble, cher à
RENAN346, trouve donc encore des obstacles et la
réconciliation des ethnies autour de la propriété commune
« Cameroun » tarde ainsi à prendre corps.
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