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Le pluralisme au Cameroun.


par William Aurélien BAKONG NKWANé
Université de Douala - Faculté des sciences juridiques et politiques - Master 2 en Droit public, Option : Droit public interne 2015
  

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SECTION II : VISEES ET CONSEQUENCES DE L'APPLICATION DU

CONSENSUS

L'objectif principal de l'application du consensus en droit camerounais est l'intégration politique de tous (paragraphe I), à travers l'instauration d'une « République pour tous, unie et intégrée »329.Toutefois, cela conduit à une nouvelle conception de l'égalité ainsi qu'une nouvelle forme de citoyenneté (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L'INTEGRATION POLITIQUE DE TOUS : VISEE DU

CONSENSUS

327 Voir note 327.

328 Alain ONDOUA, « La population en droit constitutionnel », op.cit., p. 93.

329 Narcisse MOUELLE KOMBI, La démocratie dans la réalité camerounaise, op.cit., p.277.

Le pluralisme au Cameroun

La « démocratie de rassemblement et non d'exclusion »330 que le Cameroun s'attèle à instaurer suppose une participation politique locale effective (A), préalable au renforcement de la cohésion sociale (B).

A - L'EFFECTIVITE DE LA PARTICIPATION POLITIQUE LOCALE

La lecture des dispositions constitutionnelles et législatives relatives à la protection des minorités et des peuples autochtones, fait jaillir un contraste : tandis que la participation politique locale331 des « autochtones » est garantie (1), celle des « allogènes » se trouve amoindrie (2).

1 - La participation politique locale des « autochtones » garantie

Au Cameroun, les collectivités territoriales décentralisées, en l'occurrence les régions sont largement contrôlées par les autochtones, en vertu des alinéas 2 et 3 de l'article 57 de la Constitution de 1996, qui leur réserve la présidence du Conseil régional. De telles dispositions contribuent à garantir une « participation effective et de premier choix à la couche de population dite autochtones à la gestion de la région »332.

Le contrôle des autres collectivités territoriales est également assuré par la pratique de la désignation systématique d'un autochtone à la tête des Communautés urbaines. Les communes d'arrondissement ne sont pas nécessairement dirigées par les membres de communautés autochtones, alors que les communes ordinaires le sont quasi systématiquement de facto depuis l'indépendance333.Citant un document de travail du FEICOM (Fonds d'Equipement et d'Intervention Intercommunal) daté de 1988, Luc SINDJOUN fait remarquer qu'en 1987,les responsables communaux originaires des départements ou de l'arrondissement qu'ils dirigent étaient 97,4%334.Cette garantie de la participation335

330 Alain Didier OLINGA, La Constitution de la République du Cameroun, op.cit., p. 299.

331 L'élection demeure la voie la plus usitée pour faire participer le citoyen à l'exercice du pouvoir aussi bien au plan national qu'au plan local. La Constitution de 1996 en fait d'ailleurs la modalité essentielle de participation politique au Cameroun.

332 Alain ONDOUA, « La population en droit constitutionnel », op.cit., p.95.

333 James MOUANGUE KOBILA, La protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun, op.cit., p.121.

334 Luc SINDJOUN, L'Etat ailleurs, op.cit., p.166.

335 La participation suppose une idée d'investissement, car participer à quelque chose c'est y prendre part en mobilisant des capacités et des ressources physiques matérielles et intellectuelles. A toute participation s'attache donc nécessairement un intérêt comme le remarque Philippe BRAUD (Cf. Alain Didier OLINGA/ BIGOMBE LOGO, « La participation politique locale communautaire dans la dynamique de la mise en oeuvre de la Constitution du 18 janvier 1996, op.cit., p. 188).

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Le pluralisme au Cameroun

politique locale des « autochtones » contraste avec celle des « allogènes » qui dans le même temps se trouve amoindrie.

2 - La participation politique locale des «allogènes» amoindrie

Tel qu'il ressort de l'alinéa 3 de l'article 57 de la Constitution de 1996, les seules personnes éligibles au poste de Président du Conseil régional sont les « autochtones » de la région. Dans la mesure où les régions du Cameroun sont à l'image du Cameroun lui - même c'est - à - dire cosmopolites, les groupes présents dans une région autres que celles dont ils sont originaires voient leur participation politique diminuée. Ce qui conduit à déduire que le brassage ethnique au Cameroun n'a pas toujours produit d'effet politique positif, car « chaque citoyen se voit sommé de choisir son camp »336.Or seule une réelle participation politique locale de toutes les composantes sociologiques de la région contribuerait au renforcement de la cohésion sociale.

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