DECENTRALISATION REGIONALE
Au Cameroun, « chaque ethnie a son importance,
quelque soit son poids démographique»301.Le
consensus, matérialisé par la règle de prise en compte des
composantes sociologiques, trouve écho d'une part dans le cadre de la
décentralisation régionale en participant à
l'érection d'une sorte de gouvernement de consensus à
l'échelle régionale (A).Ce qui témoigne de la recherche de
l'équilibre des forces entre les composantes sociologiques au sein de
chaque région (B).
A - L'ERECTION D'UN GOUVERNEMENT DE CONSENSUS A
L'ECHELLE
REGIONALE
Le gouvernement de consensus302 dont il est
question est représenté par le Conseil régional, vitrine
de la diversité sociologique de la région (1) dont la
présidence doit être assurée par un autochtone (2).
1 - Le Conseil régional, vitrine de la
diversité ethnique régionale
Aux termes du deuxième alinéa de l'article 57 de la
Constitution du 18 janvier 1996, le Conseil régional « doit
refléter les différentes composantes sociologiques » de
cette collectivité territoriale décentralisée.
300 La règle de prise en compte des composantes
sociologiques est d'origine lointaine. Elle remonte aux premières
élections internes organisées en 1986 au sein du RDPC, alors
parti unique (suite au renouvellement des organes de base en 1985), alors parti
unique. L'accord entre les différentes composantes sociologiques visantt
à préserver l'équilibre dans la représentation
politique fut baptisé « consensus ». Selon les termes de ce
« consensus », la direction du parti (RDPC) dans chaque section
départementale devrait revenir à un autochtone. Pour plus de
détails, voir Guillaume EKAMBI DIBONGUE, «
Autochtones et allogènes à Douala, quête
hégémonique exogène et résistance endogène
», op.cit., pp. 91 - 93. Voir également James
MOUANGUE KOBILA, « La Participation politique des
minorités et des peuples autochtones au Cameroun »,
op.cit., p. 831 ; « Le préambule du texte constitutionnel
: de l'enseigne décorative à l'étalage utilitaire »,
op.cit., p. 34.
301Luc SINDJOUN, L'Etat
ailleurs, op.cit., p. 311.
302 Il faut préciser que l'expression «
gouvernement de consensus » ou « gouvernement de consensus national
» est généralement employée pour désigner un
exécutif formé à la suite d'une crise et qui prend en
compte toutes les forces vives du pays, notamment les partis politiques : c'est
un gouvernement d'apaisement.
Le pluralisme au Cameroun
En plus, ce « parlement régional », qui
dispose d'un pouvoir d'énonciation de règles
générales relatives à la réalisation de missions de
la région et qui « règle par ses
délibérations les affaires de la région
»303 est présidé par une personnalité
autochtone de la région.
2 - La Présidence du Conseil régional, un
poste réservé
L'exigence d'avoir une personnalité autochtone à
la tête de la région déclinée par l'alinéa 3
de l'article 57 de la Constitution du 18 janvier 1996, démontre qu'au
Cameroun, « charbonnier reste maître chez lui
»304, car chaque peuple est autochtone dans sa
région.
Puisqu'il est admis que l'application mécanique du
principe majoritaire comporte l'inconvénient d'écarter les
minorités en les privant de toute représentativité
significative305, le gouvernement de consensus à
l'échelle régional que met en place la Constitution traduit le
souci d'équilibre dans la représentation des composantes
sociologiques de la région.
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