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Le pluralisme au Cameroun.


par William Aurélien BAKONG NKWANé
Université de Douala - Faculté des sciences juridiques et politiques - Master 2 en Droit public, Option : Droit public interne 2015
  

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B - LE RESPECT DES IDENTITES LINGUISTIQUES

Il convient de préciser d'entré de jeu que les groupes protégés dans le contexte camerounais sont exclusivement des groupes ethniques et non linguistiques ou religieux210.Le respect des différences linguistiques réside en effet dans l'instauration d'un bilinguisme égalitaire (1) et dans la promotion et la protection des langues nationales (2).

1 - Le bilinguisme égalitaire

A la différence des ses homologues de 1961 et de 1972, le constituant de 1996 introduit l'égalité entre les deux langues officielles211.Par l'instauration de ce bilinguisme égalitaire, il n'existe plus une langue minoritaire anglaise au Cameroun, puisque celle - ci est désormais « en situation de co - majorité avec le français »212 .

206 James MOUANGUE KOBILA, La protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun, op.cit.,p. 105.

207 Jérôme Francis WANDJI K.., « La décentralisation au Cameroun, entre rupture et continuité. Réflexions sur les réformes engagées entre 1996 et 2009 », Janus, 5ème année, n° 3, décembre 2010, pp.105 - 156 (spéc .p.143).

208 Voir Rapport Hilarion ETONG, op.cit., p. 4.

209 Jérôme Francis WANDJI K.., « La décentralisation au Cameroun, entre rupture et continuité. Réflexions sur les réformes engagées entre 1996 et 2009 », op.cit., supra, note 203.

210 Voir Rapport Hilarion ETONG, op.cit., supra, note 202.

211 Voir alinéa 3 de l'article 1er de loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972.

212 James MOUANGUE KOBILA, La protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun, op.cit., p. 106.

Le pluralisme au Cameroun

Outre, la promotion du bilinguisme faire partir des missions de l'Etat213. Cela s'observe sur plusieurs plans. Sur le plan gouvernemental, l'instruction générale du 4 juin 1998 donne pour mission au Premier ministre, aux membres du gouvernement et aux responsables des pouvoirs publics d'oeuvrer chacun à son niveau au développement du bilinguisme214. La circulaire du 16 août 1991 rappelle par ailleurs que les documents officiels publiés par les services publics et parapublics et destinés au public - discours, avis, actes réglementaires etc. - le soient dans les deux langues officielles. Il faut préciser que depuis l'ordonnance du 26 août 1972, tous les actes législatifs et réglementaires doivent être publiés en français et anglais215.En plus, la Constitution du 18 janvier 1996 précise à l'alinéa 3 de son article 31 que la publication des lois est effectuée au Journal officiel en français et en anglais.

Sur le plan de l'éducation, la loi d'orientation de l'éducation dispose en son article 3 que l'Etat du Cameroun « consacre le bilinguisme à tous les niveaux de l'enseignement comme facteur de paix et d'intégration »216. Cette disposition est reprise par la loi du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur en son article 5217.L'institution d'une semaine nationale du bilinguisme218 s'inscrit dans cette logique de protection des langues officielles, sans pour autant de faire ombrage aux langues locales.

2 - La protection et la promotion des langues nationales

A côté des deux langues officielles, le Cameroun compte 284 langues nationales - bakaka, banen, bassa, eton, duala, medjumba, etc -.Dans le cadre de la décentralisation, les ressources financières transférées par l'Etat aux collectivités territoriales doivent concourir à la protection et la promotion de des langues nationales dans leurs ressorts territoriaux. La loi de 2004 relative aux régions et celle relative aux communes organisent une promotion axée

213 Voir second considérant de l'alinéa 3 de l'article 1er de loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972.

214 Voir article 38 de l'instruction générale du 4 juin 1998.Voir également circulaire n° 001/CAB/PM du 16 août 1991 relative à la pratique du bilinguisme dans l'administration publique et parapublique.

215 Voir article 2 de l'ordonnance n° 72 - 11 du 26 août 1972 relative à la publication des lois, ordonnances, décrets et actes réglementaires.

216 Il s'agit de la loi n° 98/004 du 4 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun.

217 Loi n° 005 du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur au Cameroun. 218Par une note du 28 octobre 2002 du ministre de l'Education Nationale.

Le pluralisme au Cameroun

sur l'investissement des langues nationales dans la presse parlée et écrite219 et sur la participation aux programmes locaux de promotion de ces langues220.

Le système éducatif camerounais prend désormais en compte les langues locales en les intégrant aux enseignements. En effet l'une des résolutions des états généraux de l'éducation tenus en 1999 a été l'insertion des langues nationales dans le système éducatif. En 2008, un département et un laboratoire des langues et cultures camerounaises ont été crées à l'Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, avec pour mission de former des professeurs de langues nationales. A ce volet ethnolinguistique s'ajoute le volet religieux de l'expression différentielle.

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