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Conseiller d'orientation et adaptation des adolescents de familles instables en milieu scolaire.


par D&éberny Lopez AMAGNOU ETOLO
Ecole Normale supérieure de Bertoua - Diplôme de conseiller d'orientation, pour le master en sciences de l'éducation 2020
  

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8.1.8 La théorie écologique

L'approche écologique dans les théories de l'apprentissage concerne, comme plusieurs autres théories, le « sujet-apprenant ». Elle a un contenu qu'il faut excaver.

Ø Consistance de la théorie

L'approche écologique, extraite fondamentalement de Vygotsky et Lewin (cité par G. Absil, Vandoorne, Demarteau, 2004) trouve son essor théorique dans les travaux du psychologue russe Bronfenbrenner (1979), théoricien du développement humain. Connue surtout par la modélisation des emboitements de milieux qui interagissent entre eux et concourent au développement de l'enfant, la théorie écologique stipule à l'origine que, « les interactions sociales sont essentielles pour le développement de l'intelligence » : c'est la théorie du développement social telle que préconisée par Vygotsky (1985) pour qui, cette théorie met l'accent sur le rôle de la culture, des interactions sociales et du langage dans le développement cognitif de l'enfant. Deux idées la soutiennent: le « MKO » et la ZPD.

La première idée représente l'image d'une personne qui possède une connaissance, une maitrise plus élevée que l'apprenant. La seconde indique la différence entre ce qu'un enfant peut accomplir seul et ce qu'il peut accomplir lorsqu'il est accompagné et encouragé par un « MKO ». Bronfenbrenner (1979, 1986), ajoutant l'idée que le comportement est fonction des interactions entre les personnes et leur environnement reprendra les deux idées de Vygotsky (1985) et formera sa pensée qui permettra de le démarquer.

L'écologie du développement humain implique donc, l'étude scientifique de l'accommodation progressive et mutuelle entre un enfant et les changements des propriétés des milieux dans lesquels il vit ; étant donné que ce processus est influencé par les relations entre ces milieux et les contextes qui les englobent. Techniquement, cette théorie repose sur une idée motrice : l'environnement, au sens large influence le développement de l'enfant. Il développe une taxonomie des environnements emboités. Ainsi, l'environnement dans lequel l'enfant vit est représenté comme une série de milieux ajustés les uns dans les autres, à l'image d'une poupée russe. Le développement de l'enfant se produit dans l'interaction de quelques types d'environnements: le  microsystème, le chronosystème, l'exosystème, le macrosystème, et le mésosystème. Ces environnements, appelés systèmes sont différenciés selon le degré de participation de l'enfant et de ses parents (la mère surtout), selon que l'enfant et ses parents sont directement acteurs et impliqués.

Le microsystème est un milieu social formé des groupes ayant un contact direct et plus ou moins étroit avec l'enfant. Cet environnement a un effet à géométrie variable sur lui. Ses composantes sont la famille d'un coté, et l'école de l'autre coté. Ils abritent alternativement l'enfant. Et c'est du fait de ce tour à tour qu'ils parviennent à produire des effets sur lui. En réalité, si la famille est harmonieuse, l'enfant aura des bonnes performances à l'école, et son avenir est certain. Par contre, si la famille connait des turbulences, l'enfant aura moins de chance à s'adapter à l'école, et son avenir est contingent.

Le mésosystème quand à lui est constitué des relations existantes entre ceux du premier niveau que sont l'école et la famille. De cette façon, la relation des parents avec les enseignants de l'enfant aura une influence directe sur l'enfant. L'exosystème pour sa part,est lié à des éléments qui affectent la vie de l'enfant. Cependant, ces éléments n'ont pas de relations directes avec lui mais il subit l'influence de l'extérieur. C'est le cas de l'entreprise dans laquelle travaillent les proches du parent. Quant au macrosystème, il se compose des éléments de la culture dans laquelle est plongée l'enfant. Ici, l'influence se produit parce que les éléments déterminent la façon par laquelle les autres systèmes peuvent s'exprimer. Le chronosystème enfin, fait référence au moment de la vie où se trouve la personne, en lien avec les situations qu'elle vit peu à peu. Il peut s'agir du décès d'un parent survenu à un âge relativement fragile de l'enfant.

Ø Synthèse de la théorie

Urie Bronfenbrenner insiste sur une notion fondamentale : celle de l'interaction, de l'interdépendance entre les systèmes dans lesquels le développement de l'enfant est possible. Cette théorie est l'une des explications les plus souffertes à propos de l'influence du milieu social sur le développement des personnes. L'hypothèse de base est que, l'environnement dans lequel grandit le sujet affecte tous les plans de sa vie.

Pour Bronfenbrenner, la façon d'être des enfants change en fonction de l'environnement dans lequel ils évoluent. S'inspirant de son vécu, il a donc décidé d'étudier les éléments qui conditionnent le plus le développement infantile. Il comprenait l'environnement comme un ensemble de systèmes reliés entre eux. Toutefois, cette théorie n'est pas restée sans bémols.

Ø Limites de la théorie

Bien que séduisante, l'approche écologique développée par Bronfenbrenner a connu de critiques incisives et est restée trop souvent annihilée au moyen d'un schéma quasi vide de sens : « la poupée russe ». Mais d'une manière spécifique, Bouchard (1987), Absil et Vandoorne (2004) se sont faits remarqués comme les principaux examinateurs.

Pour Bouchard (1987), bien que depuis maintenant près de dix ans l'approche écologique a gagné la curiosité, la sympathie et, parfois l'engouement des intervenantes de différents domaines de la santé et des services sociaux, elle ne prescrit cependant aucune technique spécifique ; elle ne produit aucun « guide de l'usage », ne propose aucun « kit » d'intervention, aucun élément que les intervenantes pourraient rapidement ajouter à leur boîte à outils. En outre, elle présente même, à première vue, des éléments auxquels les milieux de l'intervention ont déjà été sensibilisés et qui ont été pour plusieurs, critiqués ou rejetés : analyse de type systémique ou structurel, analyse fonctionnelle et carrément pragmatique et empirique, abondance de références à des facteurs qui dépassent largement le pouvoir d'influencer de l'intervenant vu dans son cadre de définition de tâches. Etc.

Absil et Vandoorne (2004), pensent pour leur part que, la théorie écologique est avant tout interactionniste : l'individu se développe en interaction avec son environnement. En fait, dans cette théorie, il n'y a pas de place pour l'individu en dehors du microsystème. D'ailleurs, il s'agit d'une théorie du processus de développement et non d'une théorie de l'individu.

Belski (cité par Absil, et al, 2004) collaborateur de Bronfenbrenner, a ajouté aux différents systèmes l'ontosystème, c'est-à-dire l'individu en interaction avec lui-même et porteur de caractéristiques propres. L'introduction de l'ontosystème forcerait à conclure qu'un microsystème est un système d'ontosystèmes en interaction, ce que Bronfenbrenner nomme une « dyade », c'est-à-dire la relation engagée entre deux personnes. La qualité d'une dyade, c'est-à-dire ses effets potentiels, dépend du degré de réciprocité dans l'activité et du passage petit à petit du pouvoir en faveur de la personne en développement. Absil, et al, (2004), n'ont pas insisté sur l'ontosystème dans la présentation de la théorie Bronfenbrennerienne, ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, Bronfenbrenner, inspiré par Lewin, est très attentif aux rôles des personnes engagées dans l'interaction. L'individu est donc implicitement présent, mais jamais seul. Ensuite, il semble que l'ensemble de ces concepts préserve la couture entre l'individu et la société. Le débat à propos de l'ontosystème se greffe sur la question de la sur responsabilisation de l'individu et des dérives liées à l'utilisation sociale de la génétique. D'une part, nier l'originalité de chaque individu serait le condamner au déterminisme social ; d'autre part réifier l'individuation revient à nier la dimension collective et sociale du sujet. Or, l'accent mis sur le développement comme processus d'interaction entre la personne et son environnement ouvre la voie à un retour du « social » et du déterminisme qu'il engendre, sans que ce déterminisme ne soit une fatalité. La théorie du développement humain n'est pas une théorie de la soumission de la personne au déterminisme, il s'agit plutôt de l'exploration des processus d'apprentissage qui permet à la personne de « maîtriser », de composer, de transformer son environnement. La pensée de Bronfenbrenner est toujours systémique : les environnements sont des systèmes qu'il faut envisager dans leur complexité. Réduire ces systèmes à un seul de leur composant conduit à une mécompréhension préjudiciable de la théorie.

Ø Plus-value de la théorie

La théorie écologique de Bronfenbrenner n'est pas parfaite. Mais elle a son pesant scientifique. Elle s'applique dans de nombreuses disciplines. Même si elle ne prend pas en compte les facteurs biologiques, il s'agit de l'une des meilleures explications qui existent à propos de la façon dont les différents groupes sociaux influencent sur la vie d'une personne. Aussi, malgré qu'elle fut sous exploitée, elle continue d'inspirer les chercheurs, notamment en santé publique qu'il s'agisse de prévention ou d'épidémiologie. Elledonneàtouslesindividusunemeilleurecompréhensiondece qu'ilspeuventfairepourconstruireunmeilleurfutur. Que dire de la théorie de l'attachement ?

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe