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Conseiller d'orientation et adaptation des adolescents de familles instables en milieu scolaire.


par D&éberny Lopez AMAGNOU ETOLO
Ecole Normale supérieure de Bertoua - Diplôme de conseiller d'orientation, pour le master en sciences de l'éducation 2020
  

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8.1.6 Théories explicatives du sujet

La théorie retenue, qui sous-tend substantiellement cette étude est l'étayage. Mais, elle est accompagnée par deux autres qui en effet, permettent de comprendre davantage, non seulement sa consistance, mais les situations éparses des adolescents des familles divorcées. Il s'agit des théories : écologique et de l'attachement.

8.1.7 La théorie de l'étayage

Le concept d'étayage en pédagogie renvoie à la théorie de Bruner (1983) et à l'intervention de l'adulte dans l'apprentissage de l'enfant. Elle se présente comme suit :

Ø Consistance de la théorie

Étymologiquement, le terme étayage provient de l'allemand Anlehnung, qui signifie « appuyer sur, se poser sur... ». La compréhension à se faire de la théorie de l'étayage amène à se focaliser sur ce sens premier, retenu par la tradition psychanalytique. Elle désigne l'ensemble des interactions d'assistance de l'adulte permettant à l'enfant d'apprendre à organiser ses conditions afin de pouvoir résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ.

S'inspirant de l'exposé de Djamila, Piaget (1896-1980) pense que l'environnement social n'influence que de manière marginale le développement cognitif. Il n'est pas constitutif de l'activité mentale. Le rôle du langage est secondaire dans le développement de la connaissance. Vygotsky (1985) quant à lui, considère que l'enfant grandit en interaction étroite avec deux aspects de la culture: les outils qu'elle produit (langage écrit et oral) et les interactions sociales (entre adultes et enfants et entre enfants). Et pourtant, l'apparente contradiction des deux approches n'a pas dissuadé Bruner (1983) d'en concilier les apports.

Bruner (1983) s'inspire du modèle de l'équilibration de Piaget (1896-1980) pour proposer un modèle d'acquisition des connaissances « en spirale ». Les notions enseignées dès l'enfance doivent être vraies, verbalisées correctement et adaptées à la structure cognitive de l'enfant. Par accommodation et sous l'influence du langage, l'enfant parviendra à élaborer des systèmes conceptuels performants et accéder aux modes de représentation symboliques. Il préconise une pédagogie de la découverte. Mais accorde un rôle capital au maître en tant que médiateur des apprentissages.

Bruner (1983) s'intéresse à la façon dont les adultes « organisent le monde pour l'enfant dans le but d'assurer sa réussite dans l'apprentissage des concepts ». L'interaction sociale est nécessaire ; c'est-à-dire l'interaction interpersonnelle entre l'enfant et l'adulte dans le contexte de la culture. Il parle « d'interaction de tutelle » qui existe entre un adulte et un enfant, et par laquelle l'adulte essaie d'amener l'enfant à résoudre un problème qu'il ne saurait résoudre seul. À ce propos, il compare ces interactions à un système de support. Pour lui, « ce système de support, fourni par l'adulte à travers le discours ou la communication (...), est un peu comme un étayage, à travers lequel l'adulte restreint la complexité de la tâche permettant à l'enfant de résoudre des problèmes qu'il ne peut accomplir seul ». L'étayage est ainsi lié au concept de ZPD, concept issu du travail de Vygotsky (1985). Ceci dit, l'étayage devient une aide provisoire, et le tuteur prive peu à peu l'apprenant des aides dont il disposait pour lui permettre de réaliser la tâche. C'est le principe de « désétayage ».

Bruner (1983) reconnait six fonctions de l'étayage caractérisant ce soutien temporaire de l'activité de l'enfant par l'adulte : il s'agit de : l'enrôlement, la réduction des degrés de liberté, le maintien de l'orientation, la signalisation des caractéristiques déterminantes, le contrôle de la frustrationet de démonstration/ présentation des modèles de solution.

Pour ce qui est de l'enrôlement, il faut susciter l'adhésion de l'enfant aux exigences de la tâche. S'agissant de la réduction des degrés de liberté, la simplification de la tâche est importante, ceci en réduisant la difficulté du processus de résolution. Pour le maintien de l'orientation, il faut faire en sorte que l'enfant ne change pas d'objectif durant la résolution de la tâche et qu'il conserve le but initialement fixé. La signalisation des caractéristiques déterminantes quant à elle, permet de faire prendre conscience à l'enfant des écarts qui existent entre ce qu'il réalise et ce qu'il voudrait réaliser. Le contrôle de la frustration préconise d'essayer de maintenir l'intérêt et la motivation de l'élève en utilisant divers moyens et en prémunissant d'une trop grande dépendance. Pour la démonstration enfin, il faut présenter sous une forme « stylisée » la solution de l'élève, pour qu'il tente de l'imiter en retour sous la forme appropriée.

Ø Synthèse de la théorie

La théorie de l'étayage est un concept lisière entre psychanalyse et éthologie. Elle stipule brièvement que, le jeune enfant a besoin nécessairement de l'accompagnement d'un adulte pour arriver à se suffire personnellement. Dans ce processus, l'adulte expert, assure un rôle pédagogique afin de permettre à l'enfant d'accomplir une tâche qu'il n'aurait pu effectuer tout seul. À ce propos, dans le cadre de l'école, le déroulement du cours et les objectifs pointés sont « pensés » par l'enseignant. Une fois qu'un contrat didactique est établi entre les inter actionneurs, les stratégies d'étayage de l'enseignant peuvent se déployer. Ici, l'appropriation des savoirs se fait suivant que, l'enseignant voit l'apprenant agir (seul), tout en le guidant. Cette tutelle donne à voir que l'étayage permet à l'apprenant de dépasser le niveau actuel de son expérience. Selon Bruner (1983 : 263) : « la plupart du temps, l'intervention d'un tuteur comprend une sorte de processus d'étayage qui rend l'enfant capable de résoudre un problème, de mener à bien une tâche ou d'atteindre un but qui auraient été, sans cette assistance, au-delà de ses possibilités ». De son coté, l'enfant doit reconstruire pour son propre compte le savoir qui est mis à sa disposition.

Bien que consistante, la théorie de l'étayage reste relative.

Ø Limites de la théorie

De prime abord, le caractère complexe de cette théorie n'amène pas à nettement la saisir. Entant que « pédagogie par découverte », les principaux postulats de base de l'étayage ne permettent pas de savoir préalablement dans quel type de pédagogie par découverte elle s'inscrit. C'est après moult réflexions qu'on sait qu'elle défend une pédagogie par découverte fortement guidée par l'enseignant. De principe, il existe deux types de pédagogies par découverte : les pédagogies non-guidées, qui limitent la participation de l'enseignant au strict minimum, et les pédagogies guidées, dans lesquelles l'enseignant enseigne les prérequis et guide fortement la découverte.

En outre, Vannier (2006) s'illustre comme l'un des auteurs ayant éprouvé de gênes. Elle rend compte d'observations réalisées auprès d'adolescents, scolarisés dans des institutions dédiées aux élèves reconnus en échec dans le cursus normal du collège. Selon elle, l'analyse des pratiques enseignantes met en évidence la difficulté à maintenir les conditions d'un progrès cognitif pour tous. De ce fait, elle aborde la question de la transposition du concept de tutelle telle que examiné par Bruner (1983) dans un cadre scolaire. Sa difficulté a trait aux questionnements suivant, « comment aider les élèves qui ont du mal à apprendre ? » à ceci, quelles compétences professionnelles développer pour arriver à la réussite de ces derniers? Pour répondre à ces questions, Vannier (2006) souligne que le sujet doit bénéficier d'une aide appropriée, dans la réalisation des tâches pour lesquelles il ne dispose pas encore de toutes les compétences requises, qu'il peut accéder dans un second temps.

La difficulté ci-dessus exprimée d'une manière interrogative de Marie-Paule Vannier, peut être retranscrite dans le cadre de ce travail, car suscitant tout l'intérêt qui y est porté. Le fait est que, Bruner confie dans l'entièreté cette délicate tâche (l'aide appropriée) au didacticien sachant pertinemment qu'il n'a reçu qu'une formation lapidaire et rudimentaire voire flasque en la matière. Cette tâche est à confier au spécialiste de la question.

Ø Plus-value de la théorie

Quoi qu'il en soit, il est clair que la théorie de l'étayage a tout son pesant dans le cadre de cette réflexion. En effet, grâce à elle, le tuteur sait assurément comment manier l'interaction entre l'apprenant et lui. Ceci, en accordant ses interventions aux capacités des élèves ainsi que tous ses processus d'ajustement (Granaty et Chemla, 2004). Parce qu'il est un geste professionnel (Bucheton, 2009), la pratique de l'étayage revient à faire un métier qu'il faut reconnaitre à « l'étayeur », qu'il partagera soit de manière explicite, soit implicite avec les membres d'une communauté professionnelle.

Aussi, en milieu scolaire, grâce à l'étayage, le Conseiller d'orientation fait avec son client pour l'accompagner dans ses apprentissages et dans la mise en place de conduites et attitudes qui leur sont propices. C'est l'intervention du maitre dans un espace d'apprentissage que l'élève ne peut mener seul (Bucheton, 2009 : 59).Qu'en est-il de la théorie écologique ?

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus