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Le contrôle de l’état sur les actes budgétaires des collectivités locales au Gabon.


par Djéson Faustin AKOUMA MOIAHIDJI
Université Omar Bongo de Libreville (Gabon) - Master 2 Professionnel en gestion financière des collectivités locales 2014
  

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B- Les difficultés liées à la qualité des documents budgétaires transmis et aux moyens de contrôle

S'agissant des difficultés liées à la qualité des documents budgétaires transmis pour approbation au représentant de l'Etat, on remarque généralement des irrégularités relatives aux procédures de passation de certains marchés publics locaux (recours injustifié à l'entente direct, défaut d'appel d'offre,...). Les services chargés du contrôle de légalité constatent très souvent que les dossiers de marchés transmis sont incomplets : certaines pièces relatives à la procédure de mise en concurrence sont omises telles que les rapports de

119 En principe, les organes délibérants locaux doivent pouvoir établir librement des prévisions budgétaires (article 112 de la constitution). Mais un plafonnement des budgets, à ne pas dépasser, est fixé aux collectivités locales. Pour chaque exercice, le montant plafond est déterminé pour chaque collectivité en calculant la moyenne des recouvrements réalisés au titre des trois années précédentes. Les collectivités locales sont contraintes de tenir compte des montants plafonds ainsi déterminés par l'Administration centrale et dont le respect s'impose lors de l'exercice du pouvoir d'approbation des budgets locaux.

120 Il n'existe pas de statistiques nationales fiables sur le personnel des collectivités locales.

Dans ces conditions, il est difficile de définir une politique de Gestion des Ressources humaines ou de formation. La mise en place récente d'une Direction centrale des ressources humaines devrait permettre de corriger à moyen terme cette situation. Chaque collectivité locale (département ou commune) dispose d'un Secrétaire général qui coordonne les services sous l'autorité du président du bureau du conseil de la collectivités concernée. Le Secrétaire général assure par ailleurs la continuité de l'Administration locale pa r - delà le renouvellement des organes politiques. Il n'existe pas pour l'instant de texte fixant précisément le statut du Secrétaire général (règles applicables, avantages, garanties, etc.). Le recrutement au poste de Secrétaire général de mairie est politisé. Ce qui n'est pas sans incidence sur la qualité des actes élaborés et transmis à la tutelle.

121 Les ressources financières locales étant insuffisantes pour recruter des cadres ou du personnel spécialisé. Alors que la masse salariale absorbe, à l'échelle des communes du pays, 80 à 85% des budgets, le personnel est peu performant. Généralement recrutés par les élus sur le mode du clientélisme et par affinités, l'effectif des agents des communes gabonaises s'accroît au gré des changements d'exécutifs communaux. Le souci n'est ni l'optimisation ni la productivité du travail.

Mémoire de Master 2, présenté par Djéson Faustin AKOUMA MOIAHIDJI Page 63

Thème : « Le contrôle de l'Etat sur les actes budgétaires des Collectivités locales au Gabon »

présentation ou encore les rapports de la commission d'appel d'offres. En outre, les collectivités locales ne respectent pas toujours l'ordre chronologique de transmission des actes d'exécution budgétaire. Ce qui retarde le travail de contrôle de la tutelle :

V' la délibération et la convention de marché sont transmises simultanément. Dès lors, la délibération n'ayant pas acquis son caractère exécutoire, le marché ne peut pas être signé et est par conséquent frappé d'illégalité ;

V' la transmission de marchés ou d'avenants intervient alors que les prestations sont déjà en cours d'exécution. Lesdits avenants doivent s'accompagner là aussi de leurs délibérations.

De même, les autorités de tutelle relèvent très souvent le défaut de signature du procès-verbal de la commission par ses membres ou les irrégularités dans la composition de la commission d'appel d'offres : les participants ne sont pas toujours convoqués (par exemple les représentants des services de la tutelle compétentes), le président n'est pas présent, ou les conditions de quorum ne sont pas réunies (présence systématique des suppléants pour remplacer des titulaires). Parfois même, l'acte d'engagement n'a pas été signé par le représentant légal de la collectivité ou l'acte d'engagement est signé avant que la délibération de l'assemblée délibérante autorisant la personne responsable du marché à signer ne soit exécutoire.

Il est souvent aussi mis en exergue l'absence de production ou de transmission de l'intégralité des documents budgétaires annexes. Ces annexes budgétaires obligatoires122 sont porteuses d'informations utiles relatives à certains éléments patrimoniaux et aux engagements de la collectivité locale contrôlée. De nombreuses irrégularités en ce domaine ont été la conséquence directe de rejet ou d'annulation d'actes budgétaires et d'alourdissement des procédures de la dépense locale. Elles ne sont pas de nature à faciliter

122 Ces annexes sont regroupées en cinq catégories :

1. Les annexes détaillant certains éléments du vote du budget. Ce sont les annexes retraçant le détail des opérations d'ordre de section à section, l'état de la reprise du résultat de l'exercice précédent et l'état des méthodes utilisées.

2. Les annexes relatives à certains postes du bilan comme l'état de la dette, l'état des immobilisations, l'état des provisions constituées et l'état des transferts des charges.

3. Les annexes relatives aux engagements donnés et reçus. Elles regroupent les états développant des informations relatives à des dépenses ou recettes n'ayant pas donné lieu à comptabilisation, mais aya nt une incidence potentielle sur les finances locales.

4. Les annexes diverses au nombre de six : l'état du personnel, la présentation agrégée du budget principal et des budgets annexés ou rattachés, les décisions en matière de taux de contributions directes, la constatation du vote ainsi que les signatures requises, l'état des biens acquis, détruits ou réformés.

5. Les annexes spécifiques : la liste des concours attribués par la commune aux associations sous forme de prestations en nature et de subventions, la présentation consolidée des résultats afférents au dernier exercice connu du budget principal et des budgets annexes, le cas échéant les tableaux de synthèse des comptes administratifs afférents au dernier exercice connu, le bilan certifié conforme du dernier exercice connu des organismes dans lesquels la commune détient une part de capital ou au bénéfice desquels la commune a garanti un emprunt ou versé une subvention ; un tableau retraçant l'encours des emprunts garantis par la commune ainsi que l'échéancier de leur amortissement, les comptes et annexes produits par les délégataires de service public.

Mémoire de Master 2, présenté par Djéson Faustin AKOUMA MOIAHIDJI Page 64

Thème : « Le contrôle de l'Etat sur les actes budgétaires des Collectivités locales au Gabon »

le travail de contrôle des agents de tutelle. La qualité de l'acte budgétaire transmis détermine donc l'efficacité du contrôle.

S'agissant du caractère lacunaire des moyens de contrôle dont disposent les services de l'Etat, il ne concourt pas à l'efficacité des contrôles exercés.

Il y a d'abord le manque de formation des agents de l'Etat. En effet, les agents ne disposent pas toujours d'une formation adaptée pouvant leur permettre d'assurer la régularité et l'efficience de la gestion financière locale, compte tenu de la technicité des documents budgétaires et financiers. Il constitue d'ailleurs un problème fondamental qui, au-delà du contrôle des actes budgétaires, affecte tout le fonctionnement des collectivités locales. Certes il existe beaucoup d'initiatives de renfoncement de capacités, en partenariat avec des partenaires étrangers, mais celles-ci se révèlent, généralement, peu efficaces en raison des courts délais de formation pour des agents qui, en générale ne sont pas prédisposés à accueillir les connaissances relatives au droit budgétaire et comptable qui, il faut le signaler, pose des problèmes même aux initiés. Notons que ce manque de formation n'est pas spécifique aux agents de l'Etat.

Ensuite, il y a l'insuffisance de personnel qui empêche à ces administrations d'Etat d'exercer convenablement leurs missions. En effet, les organes compétents en matière de contrôle des finances des collectivités locales sont confrontés à de sérieux problèmes de ressources humaines, en qualité et en quantité. Le personnel nécessaire pour asseoir un véritable contrôle fait parfois défaut dans ces organes. Ce qui va expliquer, sans doute, la lenteur dans le travail, dans la mesure où il n'y a pas suffisamment d'hommes pour pouvoir traiter dans les délais requis l'ensemble des dossiers qui leur sont transmis, quand on sait le nombre important de collectivités locales, soit cent (100) au total, ainsi que celui des actes budgétaires locaux manipulés au quotidien.

D'ailleurs, la concentration, dans le temps, de l'examen d'un nombre assez considérable d'actes ne permet pas aux autorités de contrôle de respecter les délais et d'exercer un contrôle efficace, digne de ce nom dans le respect des délais légaux. En fait, le nombre élevé d'actes à contrôler nécessite que tous les organes de contrôle disposent d'un personnel suffisant. Or, la réalité nous montre que le personnel nécessaire n'est pas mis à leur disposition. C'est dire que les moyens en personnel des organes de contrôle sont limités, au regard de l'importance de leurs missions.

Nous pouvons signaler aussi les insuffisances textuelles ou juridiques. Il est à décrier une absence de textes d'application en matière d'exercice de la tutelle au Gabon, comme le prévoit pourtant la loi sur la décentralisation depuis 1996. De même, il n'existe même pas de texte réglementaires ou circulaires pouvant prévoir des procédures internes applicables en matière de contrôle des actes des collectivités locales en général, ou pour fixer, régler les spécificités des mécanismes de contrôle par l'Etat des actes financier locaux. Autrement dit, les normes et manuels de procédures de contrôle font défaut. La conséquence en est que les pratiques administratives sont sans cadres de référence et se situent souvent en marge de la légalité (non-respect des obligations d'impartialité, de neutralité, de responsabilité, etc.).

Mémoire de Master 2, présenté par Djéson Faustin AKOUMA MOIAHIDJI Page 65

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Notons que ce manque d'outils de contrôle (lois d'orientation, plans de développement locaux,...) est une source de difficultés considérables qui concourt à l'instauration d'un environnement défavorable à l'efficacité du contrôle des actes budgétaires locaux. Mais à ces difficultés s'ajoute celles relatives au contrôle budgétaire.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille