2.3.1. L'organisation spatiale et typographique de la
couverture
Il s'agit ici d'analyser les différentes unités
typographiques de la couverture afin de distinguer les jeux de
hiérarchie qui s'opèrent dès ce premier plat. Nous
observons de manière évidente que cette couverture comprend
d'emblée trois unités typographiques:
· Le titre: Situé en haut de la page et
justifié puisqu'il tient sur deux lignes, ce titre est écrit en
capitales, dans une police avec empâtements. Les caractères, de
couleur noire sur fond blanc, sont d'une taille relativement importante.
· Le nom de l'auteur: Placé en bas de la
couverture, centré, il est également écrit en capitales,
dans la même police que le titre, de couleur noire sur fond blanc. Il se
démarque cependant du titre tout d'abord parce qu'il en est très
éloigné au niveau spatial et ensuite parce qu'il est dans une
taille de corps plus petite.
32Cf. Annexe B
·
35
Le nom de l'éditeur: Placé sous le nom de
l'auteur, c'est-à-dire en bas de la page et centré, il est
également de couleur noire sur fond blanc. La police est en revanche
différente puisqu'il s'agit d'une cursive en bas-de-casse.
Les unités typographiques sont ici clairement
identifiables, bien qu'elles soient toutes de couleur noire sur fond blanc.
Elles ne sont pas de la même taille et/ou n'ont pas la même police.
Des éléments linguistiques indiquent de plus quels sont les
contenus qui se réfèrent aux plans de l'expression. Ainsi la
préposition « par » introduit ici l'auteur qui est le
complément d'agent de la phrase passive (Un livre écrit par
Albert Cullum) quant à l'élément « un livre de
», il nous renvoie clairement à l'idée que l'unité
typographique définit ici « l'éditeur du livre qui a
été écrit par Albert Cullum ».
Si on parvient à distinguer les différentes
unités typographiques de cette couverture, on remarque cependant
qu'elles ne constituent pas l'élément le plus important de la
couverture. L'accent n'est pas mis sur ces unités comme le montre la
sobriété dont elles font preuve tout d'abord et la manière
dont elles s'organisent autour de l'élément proéminent et
central de cette page, l'illustration.
2.3.2. La prédominance de l'illustration
L'illustration est l'élément le plus saillant de
cette couverture, centrée sur la couverture, elle occupe environ les
4/5e de la page. Jusque là rien de surprenant pour un album de jeunesse.
Ce qui l'est plus, en revanche, c'est la volonté de mettre en valeur le
travail fait par l'artiste et la nature de ce travail.
L'illustration étant dépourvue de décor
ou d'arrière plan, les contours du personnage illustré se
détachent ostensiblement sur le fond blanc. La nature de l'image
interpelle le lecteur car il s'agit d'une illustration qui s'apparente
fortement au photomontage et au travail fait par le photographe William Wegman
avec ses braques de Weimar.
36
Elle mêle un dessin à la fois réaliste et
symbolique. On voit ainsi une femme toute droite, assise devant son bureau, un
livre ouvert dans la main droite et un crayon dans la main gauche, avec un
visage de cheval. Si le lecteur comprend qu'il s'agit d'une maîtresse
grâce au titre et au bureau sur lequel trône un globe terrestre, il
s'interroge fortement sur la signification de ce visage non humain dans la
mesure où l'illustration est exploitée au-delà de sa
fonction référentielle.
Comme en témoignent le caractère original et
provocant de cette illustration et l'extrême sobriété de la
couverture visant à mettre en valeur cette dernière, le visuel
occupe ici la place la plus importante.
La couverture, en même temps qu'elle interpelle le
lecteur et qu'elle l'attire, lui annonce également le ton. Il s'agit ici
d'un ouvrage désireux de s'affranchir des limites du genre.
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