21. Le poisson
d'eau douce élevé : une innovation alimentaire
pluridimensionnelle
De l'introduction du poisson d'eau douce élevé
à Dschang jusqu'à nos jours, le phénomène reste
perçu indifféremment par les consommateurs et les non-
consommateurs comme une innovation alimentaire. Une innovation qui revêt
un caractère pluridimensionnel car, elle est exprimée et
observable au niveau de l'aliment, au niveau des techniques de
préparation culinaire, au niveau social, et au niveau
économique.
1. Au niveau de l'aliment
L'innovation au niveau de l'aliment réside dans la
nature même dudit aliment. Le poisson d'eau douce élevé
sort de l'ordinaire alimentaire des populations locales. En effet, celles-ci
ont toujours eu l'habitude de consommer du poisson de mer surgelé
importé, du poisson fumé et surtout du poisson sec appelé
« bunga ». Ainsi, même si en fin de compte
il s'agit toujours de poisson, les consommateurs sont passés à
quelque chose de différent, qui leur permet de gouter à de
nouvelles saveurs. Seulement, une innovation au niveau de l'aliment implique
indéniablement une innovation dans les procédés de
transformation.
2. Au niveau des techniques de
préparation culinaire
Les différents procédés matériels
et immatériels qui entourent la transformation d'un objet du statut
d'aliment au statut de met correspondent à une manière de faire
qui est propres à toute socio-culture. En effet, pour les consommateurs,
adopter un nouvel aliment dans leurs habitudes alimentaires signifient
également adopter de nouvelles techniques culinaires. Rappelons encore
que, le poisson d'eau élevé est très complexe pour ce qui
de sa préparation. Cela exige des techniques de transformation bien
précises, pour pouvoir trouver satisfaction dans sa consommation.
3. Au niveau social
La pratique de la pisciculture par des individus vivant dans
le même milieu a donné lieu à un regroupement de ces
personnes selon qu'ils partagent la même culture et surtout la même
activité. Ainsi, à Fokoué, les pisciculteurs se sont
regroupés pour former le GIC COPIFOPEM (Collectif des
Pisciculteurs Intensifs de Fokoué et
Penka Michel). A travers cette organisation,
ils synchronisent leurs efforts pour s'assurer que le poisson soit disponible
le jour du marché. Ils s'entraident également lors des
pêches en assistant leurs confrères.
Par ailleurs, le besoin de commercialiser le poisson d'eau
douce élevé de façon plus rentable les amène
à sortir de leur village pour se rendre en zone urbaine. Les
différents déplacements que cela entraine leur donne l'occasion
de rencontrer de nouvelles personnes venant d'horizons divers, une
manière d'enrichir leur capital social.
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