3. La prise alimentaire du poisson d'eau
douce élevé
Il faut entendre par prise alimentaire toute ingestion de
produit solide ou liquide ayant une charge calorique (Poulain, 2002). La prise
alimentaire peut se décomposer en repas et hors repas. Manger du poisson
d'eau douce élevé, chez nos consommateurs, s'insère dans
ces deux cadres de prise des repas, dont les conditions évoquées
sont décrites comme suit :
· La dimension temporelle :
Elle prend en compte le moment de la journée et la
durée de la prise. Manger le poisson d'eau douce ne tient pas compte du
moment de la journée, par rapport aux autres aliments quotidiens. Quand
on en dispose, on l'intègre dans les prises de repas habituelles, avec
les autres aliments.
· La structure de la prise :
Elle comprend pour le repas le nombre de prise et ses
combinatoires, et le hors repas le nombre et la nature de la prise, solide,
liquide ou combinée. Lorsque le poisson d'eau douce est
intégré à un repas, il se limite
généralement à une seule prise, car la petite
quantité achetée par le consommateur, faute de moyen, ne lui
permet pas d'en multiplier les prises. Il est le plus souvent combiné
à la banane plantain, aux pommes de terre, aux tubercules de manioc, au
macabo...lorsque la prise est hors repas, elle peut se faire plusieurs fois
indépendamment du moment de la journée, car constituée de
petits parts et sans combinatoire. A ce niveau, la prise est plus sous forme
solide (friture de tilapia le plus souvent) et s'apparente au grignotage.
· La dimension spatiale :
Une distinction s'opère entre les prises à
domicile et les prises hors domicile. La prise à domicile se fait en
famille, et parfois en compagnie des amis ou des voisins, tant il est vrai
qu'en Afrique noire on est tous frères. Dans ce cas, la
préparation du poisson d'eau douce élevé chez le
pisciculteur par exemple donne parfois lieu à un petit rassemblement des
proches où chacun vient « goûter » le nouveau
type de poisson. La prise hors domicile à lieu principalement au
restaurant de la place ou au domicile d'un parent ou d'un ami.
· La logique de choix :
il est question ici de voir si le mangeur a lui-même
décidé de ce qu'il consommait à l'intérieur d'une
offre plus ou moins ouverte ou si son choix a été
délégué à un proche. D'après les
observations faites, il y a lieu de dire que dans l'offre que constituent les
quatre types de poisson d'eau douce élevé, les mangeurs
enquêtés disposent d'une liberté de choix dans ce qu'ils
veulent consommer, un choix sous-tendu par des motivations propre à
chacun d'eux, et que nous avons analysé dans le dernier chapitre.
· L'environnement social :
Il postule que la prise alimentaire peut avoir lieu dans un
contexte solitaire ou socialisé. Ces deux cas s'appliquent à la
consommation du poisson d'eau douce élevé dans la mesure
où il est consommé seul, entre amis ou en famille.
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