· Identification des pratiques alimentaires liées
au poisson d'eau douce élevé
Les pratiques correspondent à des manières de
faire habituelles, soit individuelles soit collectives. Dans la sphère
de l'alimentation, notamment en ce qui concerne le poisson d'eau douce
élevé, trois catégories de pratiques sont identifiables,
à savoir les pratiques de distribution, les pratiques
d'approvisionnement, les pratiques de transformation et de préparation
des aliments, les pratiques du « manger » ou de
consommation.
1. Les pratiques de distribution
Celles-ci correspondent à la manière dont les
pisciculteurs s'organisent pour assurer une offre satisfaisante de poisson
d'eau douce élevé auprès des populations. Les
méthodes dont ils usent pour la distribution de leur poisson
obéissent à deux logiques :
1. La logique marchande
La logique marchande est celle qui consiste à vendre le
poisson pour gagner de l'argent. A ce niveau, l'activité est purement
lucrative et les producteurs mettent en place des stratégies de
commercialisation. Selon eux, « pour pouvoir vendre le poisson,
il faut le faire connaitre, il faut le vanter »,
c'est-à-dire en parler aux gens pour attiser leur curiosité.
D'une part, une campagne publicitaire est menée dans le village. Les
producteurs passent de maison en maison pour faire savoir aux populations que
les pêches auront bientôt lieu et que le poisson sera disponible.
La nouvelle circule « de bouche à oreille ». Notons
également que parfois, des publicités sont faites en zone urbaine
(ville de Dschang), dans une radio de la place (Radio yemba). L'annonceur
informe le grand public du lieu et de la date des pêches. D'autre part,
des affiches sont collées dans les endroits populaires tels que la place
du marché, à la sortie de l'église et à
l'entrée de la chefferie. Dans les deux cas, les personnes qui sont
intéressées peuvent se rendre au lieu indiqué pour acheter
leur poisson. Sur place, chaque personne passe sa commande. La quantité
demandée est emballée dans un plastique et pesée avant
d'être servie. La pesée permet aux pisciculteurs de
contrôler la quantité de poisson pêché et vendues Par
ailleurs, les producteurs se rendent chez les personnalités influentes
du village telles que le chef, le Sous-préfet, les notables et autres
élites pour faire la promotion de leur produit. Quelques fois cependant,
la distribution du poisson par les producteurs ne suit pas toujours la
perspective d'un profit financier.
2. La distribution selon la logique
non-marchand
La logique non-marchand est celle où le producteur
offre gratuitement du poisson aux gens qui l'entourent (parents, amis,
voisins). Etant donné qu'il s'agit là d'un aliment encore
méconnu de beaucoup de personne, cette forme de distribution est une
manière de « faire connaître le
poisson », de le vulgariser, d'amener les gens à s'y
intéresser. De la sorte, les producteurs laissent aux consommateurs le
temps d'apprécier le poisson, de faire passer le message pour essayer de
convaincre les sceptiques. Par ailleurs, ce don de poisson par le producteur
à ses proches lui permet de « soigner son image »,
éléments important dans son rapport avec les consommateurs.
Autrement dit, offrir le poisson à ses proches confère au
producteur une image favorable à son activité car, au moment de
la vente, ceux-là seront plus disposés à acheter ce
poisson.
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