7. Les mesures préventives
Les pisciculteurs ont mis au point un certain nombre de
méthodes pour contrecarrer l'action des totems dans la gestion des
étangs. Ainsi, une plante appelée
panzemzemoh qui veut dire « rouge d'un seul
côté » est plantée autour de l'étang.
C'est une plante dont les feuilles sont rouges d'un côté et violet
foncée de l'autre. Elle est dotée de pouvoirs magico-religieux
qui empêchent les totems de dévorer les poissons. Des
pièges sont également installés.
Pour le cas des oiseaux pêcheurs séng et
des canards sauvages, les pisciculteurs utilisent de l'urée qu'ils
infusent dans l'eau de l'étang. L'urée est un
composé cristallin incolore, produit d'excrétion de
l'ammoniac issu de la dégradation des protéines chez les
êtres vivants. L'urée est abondamment présente
dans l'urine des mammifères, y compris celle de l'homme. On en trouve
également des traces dans les excréments des poissons et d'autres
animaux, ainsi que dans diverses moisissures, les feuilles et les graines de
nombreux légumes et céréales. Cette substance leur permet
de rendre l'eau verte afin que les poissons soient invisibles aux yeux des
oiseaux.
8. Les modes de préparation
culinaires
Pour la consommation des poissons des étangs, les
pisciculteurs « connaisseurs » pensent que chaque type de
poisson a une technique propre de cuisson. Pour le tilapia, quelques entretiens
ont révélé que la technique adéquate consiste
à le rouler d'abord dans la farine et le faire frire longuement afin que
ses arrêts deviennent croustillants. Il peut donc être mangé
en toute sécurité. C'est ce que nous avons également
constaté dans la pratique.
Quant au silure, il est beaucoup plus consommé sous
forme de bouillon. Pour cela, il faut d'abord le nettoyer avec de l'eau
tiède salée pour le débarrasser de sa peau glissante (qui
a un goût amer). La méconnaissance de cette technique constitue un
frein pour l'achat et la consommation de ce poisson par les populations. En
plus, il est plus apprécié par les ménages sous la forme
fumée, qu'ils ont d'ailleurs eu l'habitude de consommer.
Le kanga pose également quelques problèmes. Sa
chair molle contient trop d'eau selon quelques consommateurs. C'est pour cela
qu'une restauratrice du coin décide d'innover en le faisant cuire
à la braise pour sécher toute l'eau et rendre la chair plus
ferme. Lorsque ces poissons ne sont pas consommés directement ils sont
fumés par une technique locale.
La première phase de cette étude nous permet
d'appréhender le phénomène de l'intérieur. Elle
nous révèle l'existence d'un caractère magico-religieux.
En effet, des animaux totems interviennent dans la gestion des étangs de
manière défavorable. Cet aspect n'est pas sans conséquence
puisqu'il entrave le développement de la pisciculture et peut
décourager les jeunes qui veulent s'y lancer. La seconde phase de notre
étude nous conduira à définir de manière
quantitative tous les facteurs qualitatifs qui influencent le choix des
consommateurs et des non consommateurs.
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