8.3.5. Le point sur
le changement des habitudes alimentaires
Toutes les sociétés humaines sont soumises
à un environnement en constante mutation, ayant une influence
considérable sur le mode de vie de celles-ci. Les habitudes alimentaires
constituent ainsi l'une des composantes de la vie socioculturelle les plus
enclines au changement. Ce phénomène a retenu l'attention des
spécialistes des sciences humaines et sociales, notamment les socio
anthropologues, car relevant du socioculturel.
Ø Jean-Pierre Poulain (1997)
évoque des bouleversements de type sociologique survenus en France dans
les années 1990, et qui ont modifié les modes de vie et surtout,
de manière fondamentale, les liens qui unissent les mangeurs aux
aliments. Pour cet auteur, le changement ou l'évolution dans la le
domaine de l'alimentaire se situe dans la nature de la relation que l'Homme
entretient avec ses aliments. Ce ne sont plus des objets banals réduits
à une simple consommation, mais de nouveaux aliments sur lesquels il
projette du sens, de la symbolique. Il fait attention, il s'interroge sur ce
qu'il mange. Cependant, l'auteur ne s'arrête pas sur la relation de
l'Homme à l'aliment, il mentionne également la nature des
aliments qui sont consommé suite au changement :
« On mange de moins en moins de pain, de pommes
de terre, de légumes secs, et on consomme de plus en plus de viande, de
biscuiterie, de jus de fruits, de vin d'appellation contrôlée...
Les valeurs de la qualité se substituent à celles de la
quantité. Dans un premier temps, la viande, aliment riche par
excellence, se charge d'une symbolique sociale forte : en manger tous les
jours, c'est accéder au bien-être, c'est prendre une
revanche »
Ø Au Cameroun, selon les écrits de
Dongmo (1987), le changement des habitudes alimentaires
observé chez une couche de la population relativement aisée, est
lié à l'entrée dans le pays des produits alimentaires
importés. Il note en 1987 sur les importations alimentaires :
« Les aliments importés entrent très
peu dans l'alimentation des villes. Leur prix élevé les destinent
à une minorité de consommateurs, expatriés ou camerounais
occidentalisés ».
Des changements qui suivent une trajectoire descendante, car
selon lui, les habitudes alimentaires se modifient du haut en bas de
l'échelle sociales. Par la suite, l'auteur soutient que ces changements
sont le résultat d'une ouverture des cultures camerounaises, mais aussi
une conséquence de l'invasion coloniale car,
« Le contact avec le colonisateur, en
dépit de la ségrégation spatiale qui a pu s'opérer,
a été renforcé par la volonté de ces derniers de
« civiliser » et par là même d'apporter la « bonne
nourriture de l'Europe. »
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