8.3.6. Le point sur
la notion de rejet alimentaire
La question du rejet alimentaire a été
abordée par plusieurs anthropologues et sociologues de l'alimentation.
Parmi eux, Claude FISCHLER (1989) insiste sur le fait que les
êtres humains sont anxieux face à la nourriture. Cette
anxiété vient du fait qu'incorporer une substance est
perçu comme nous menant inévitablement à ingérer
ses qualités et ses défauts. Le sentiment de peur et d'angoisse
face à un aliment inconnu est à l'origine de cette attitude de
rejet, car pour Fischler, les cultures humaines passées et
présentes ont toutes crée leurs catégories du comestibles
et du non comestible.
Dans le même ordre d'idées, Paul
ROZIN (1980) estiment que le rejet alimentaire vaut pour toutes les
cultures, et que les motivations pour lesquelles on accepte ou on rejette un
aliment sont de trois ordres : la première est d'ordre
sensoriel-affectif, la deuxième est liée aux conséquences
anticipées de ce que nous croyons être le résultat de
l'ingestion, et s'articule essentiellement sur les effets physiques. Puis, la
troisième porte sur ce que l'Homme sait des origines de l'aliment.
Par ailleurs, ROZIN pensent que la plupart
des aliments qui entrent dans la catégorie de l'aversion sont des
aliments acceptables dans une culture donnée, mais que certains
individus appartenant à cette culture n'aiment pas. C'est dire que le
phénomène de rejet alimentaire n'est pas seulement
déterminé par des facteurs culturels, mais aussi individuels,
d'où notre recours à l'individualisme méthodologique comme
modèle d'analyse.
8.3.7. Le point sur
le mangeur humain
L'étude de l'alimentation humaine relève de
plusieurs obédiences scientifiques. Dans la sociologie et
l'anthropologie de l'alimentation, l'Homme que Jean-Pierre
Poulain (2005) appelle le « mangeur » se
caractérise en six points essentiels :
Le mangeur est un être biologique : manger est le
résultat d'un état physiologique de manque.
Le mangeur est un être social : son modèle
alimentaire est influencé par l'âge, le sexe, la position dans la
hiérarchie sociale.
Le mangeur est un être culturel : l'appartenance
à un groupe social détermine les choix d'un individu au niveau
des choix des aliments, de leurs préparations culinaires et de leurs
modes de consommation.
Le mangeur est un être de raison : les
décisions alimentaires résultent d'un raisonnement en termes de
coûts/avantages.
Le mangeur est un être de passion : l'alimentation
s'inscrit dans un ordre de désir
Le mangeur est un gastronome : l'alimentation peut
être esthétisée et constituer le support à des
expériences sociales.
Le point de vue de l'auteur sur les caractéristiques du
mangeur semble ne pas prendre en considération l'aspect psychologique,
une dimension pourtant inéluctable dans l'étude du rapport entre
l'Homme et son alimentation.
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