Droit de l'urbanisme et innovation architecturale. Des rapports ambivalents.( Télécharger le fichier original )par Laura Lemaire Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence - Diplôme de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence 2014 |
Chapitre 2) Propositions pour une une urbanisation plus durable sans passer par des innovations architecturale d'ordre technologiqueOn a donc critiqué dans le paragraphe précédent la façon dont sont pris en compte les enjeux environnementaux dans le droit de l'urbanisme, c'est à dire en étant trop axé sur les innovations technologiques. Dans ce dernier chapitre, il s'agit de présenter des solutions pour une prise en compte plus globale des enjeux environnementaux dans l'architecture. Il ne s'agit en aucun cas d'atteindre l'exhaustivité mais de présenter deux éléments majeurs. Ainsi, dans un premier paragraphe, on présentera la solution de la densité urbaine en montrant que cela nécessite des innovations architecturales d'un autre ordre que technologique. Puis dans un second paragraphe, on montrera que l'échelle locale est celle à laquelle il est le plus possible de faire évoluer la ville en général et l'architecture en particulier vers un développement plus durable. §1) La densité : l'enjeu clef d'une urbanisation durable1) Qu'est-ce-que la densité ?La notion de densité apparaît pour la première fois en France au milieu du XXe siècle à l'époque où fut créé la DATAR : la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale. La création de la DATAR est venue du constat d'une trop grande centralisation en France des forces vives en région parisienne. Ce constat est notamment celui du géographe Jean-François Gravier dans son ouvrage Paris et le désert français paru en 1947. On parle donc d'une trop forte densité des activités et des institutions en région parisienne, ce qui a pour conséquence une trop faible densité d'activité dans les autres régions : c'est ce constat qui a été à l'origine de la décentralisation. La densité c'est donc tout d'abord la concentration des activités dans un même espace.178 178WACHTER, Serge (sous la direction de) : Dictionnaire de l'aménagement du territoire : État des lieux et prospectives, éditons Belin, 2009 : « densité » p.152-156 93 Ensuite, si la France a été marquée comme tous les pays développés par une forte urbanisation au court du XXe siècle, un phénomène inverse débute à partir des années 1980. En effet, de plus en plus de gens désirent quitter les villes et s'installer à la campagne ou en périphérie des villes afin de bénéficier d'une cadre de vie plus agréable. Ce phénomène est appelé « rurbanisation » lorsque les personnes s'installent à la campagne et « périurbanisation » lorsque celles-ci s'installent en périphérie de villes. La conséquence est dans les deux cas le grignotage des espaces agricoles et naturels. La densité, autrement dit la concentration en ville des activités et notamment des logements, serait donc une manière de lutter contre l'étalement urbain : en construisant davantage en ville, on économiserait des terres agricoles et des espaces naturels.179 Enfin, la question de la densité urbaine, c'est aussi celle de la « pluralité fonctionnelle » autrement dit le fait de concentrer dans un même espace des activités de nature différente : logement, travail, consommation et loisir. La densité urbaine est donc l'inverse du « zonage monofonctionnel » qui a dominé pendant la première moitié du XXe siècle et qui consistait à séparer les activités dans des espaces différents. Le but du zonage mono-fonctionnel était notamment relatif à la salubrité des villes. En effet, dans une France industrielle, il paraissait nécessaire, de séparer les lieux d'habitation, de loisir et de consommation des fumées des usines. Cependant, le problème du zonage mono-fonctionnel est que cela augmente le temps passé dans les transports pour se rendre d'une lieu à un autre et ainsi la consommation énergétique liée au transport et les émissions de gaz à effet de serre. La densité, qui consiste à concentrer des activités différentes dans un même espace apparaît donc comme une solution pour limiter le coût écologique lié au transport. 180 La densité urbaine apparaît donc comme une solution envisageable pour une urbanisation plus durable. La Loi ALUR va d'ailleurs dans ce sens puisque concernant les construction neuves, ils s'agit de « densifier en zone urbaine, pour construire là où sont les besoins » et aussi de « lutter contre l'étalement urbain »181. Cela est mis en oeuvre dans le Code de l'urbanisme par une suppression des COS dans les Plans locaux d'urbanisme, les 179WACHTER, Serge : op. Cit. : p.152-156 180Réflexions croisées sur le développement durable : op. Cit. Interview de Sébastien Giorgis, architecte et paysagiste 181Site internet dédié à la Loi ALUR http://www.la-loi-alur.org 94 Coefficients d'occupation des sols qui obligeaient en effet à ne pas dépasser une certaine densité de construction dans certains quartiers. Cependant, comme on va le voir, la densification des villes ne va pas non plus sans poser certains problèmes, qu'il est nécessaire d'essayer de pallier. |
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