2) Une architecture économe en énergie
par ses matériaux
a) La question de l'énergie grise
La volonté de revenir à des méthodes de
construction pré-industrielles avec des matériaux naturels date
de la fin des années 1960 est est due à l'influence de divers
mouvements sociaux de contestations de la société de
consommation, ainsi qu'à des travaux d'intellectuels comme par exemple
le livre De l'Inhospitalité de nos villes (Die Unwirtlichkeit
unserer Städte,1965) d'Alexander Mitscherlich. La critique de la
société de consommation aboutie en effet à une
contestation de son architecture industrielle.
Apparaît ainsi la question du coût en
énergie grise 117 des constructions. Il s'agit des
coûts énergétiques de fabrication, de transport et de pose
des matériaux. Sont ainsi plébiscités les matériaux
qui ne nécessitent par une forte technologie lors de leur fabrication
est donc pas de dépenses énergétiques importantes. Cela
signifie par exemple préférer pour l'isolation la laine de bois,
la ouate de cellulose ou la paille au polystyrène ou à la laine
de verre, qui ont un contenu plus élevé en énergie grise
lié à leur fabrication. Il y a aussi derrière cela
l'idée de préférer des matériaux de construction
qui nécessitent plus de main d'oeuvre que de technologie.
Et il s'agit aussi de préférer des
matériaux disponibles localement pour éviter des coûts
énergétiques trop importants liés au transport.
C'est notamment en Autriche dans les années 1970 que se
développe ce type d'architecture à travers un mouvement
architectural appelé le régionalisme critique qui
prône l'utilisation de matériaux locaux pour limiter le coût
énergétique du transport.
115STEELE, James : op. Cit.: Chapitre 16 « Une
bouffée d'air frais »
116« Dossier ventilation naturelle » : Magazine EK,
Villes en transition et architectures durables, n° 38, Avril-Mai
117LEQUENNE, Philippe, RIGASSI, Vincent : Habitat passif et basse
consommation, Principes fondamentaux et études de cas en neuf et en
rénovation. Éditions Terre vivante, 2011 : Partie 5 : «
L'énergie grise dans les constructions passives » : p.72 à
81
67
«Cette approche est nouvelle, mais elle renoue avec un
certain bon sens qui avait disparu dans la deuxième moitié du XXe
siècle. »118
b) L'habitat passif et basse consommation
L'habitat passif et basse consommation est un type
d'architecture qui s'efforce de conjuguer à la fois des matériaux
à faible à énergie grise et une architecture
adaptée au climat à travers l'utilisation des apports passifs
tels que le soleil et une forte isolation ou au contraire l'utilisation des
courants d'air en fonction des besoins.119 Cette tendance est aussi
d'origine autrichienne, connue sous le nom de Passivhaus. Il s'agit
d'une approche globale de l'économie d'énergie.
« Le calcul de l'énergie grise
incorporée sans tout produit manufacturé est un pas vers un
approche globale qui permettra de connaître et de comparer l'impact sur
l'environnement des matériaux de construction ainsi que leur mise en
oeuvre. »120
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