3) Un architecture qui porte une atteinte la plus
faible possible aux paysages et aux espaces naturels
Une architecture environnementale peut aussi désigner
une architecture qui ne porte pas atteinte aux espaces naturels et agricoles ou
encore aux paysages. Cette l'idée vient du constat d'une urbanisation
croissante car effet le XXe siècle se caractérise par une part de
plus importante de l'humanité qui vit en ville. En 1950, 29% de la
population vivait en ville, en 2005 le chiffre frise les 50% et selon l'ONU, ce
chiffre pourrait attendre 60% dès 2030. 121
L'une des solutions pour économiser les terres
agricoles et les espaces naturels est la construction de tours
pour lutter contre l'étalement urbain. Il s'agit de construire
de manière verticale en multipliant les étages des immeubles
plutôt que de manière horizontale en accroissant
l'étalement urbain.
118LEQUENNE, Philippe, RIGASSI, Vincent : op. Cit. : p.8
119LEQUENNE, Philippe, RIGASSI, Vincent : op. Cit. : Introduction p.14
à 19 120LEQUENNE, Philippe, RIGASSI, Vincent : op. Cit. :p.72
121BARRE, Bertrand : op. Cit. : p.59
68
On parle aussi de tours bioclimatiques, qui
viennent de l'idée que lutter contre l'étalement urbain ne doit
pas se faire au prix d'une consommation excessive d'énergie. Il s'agit
donc de tours qui utilisent l'énergie passive et les énergies
renouvelables. Kenneth Yeang est un des instigateurs de cette tendance, qui
s'est développée de façon importante en Allemagne
notamment dans les années 1990.122 Pour l'heure, ce type
d'architecture n'est pas encore satisfaisante d'un point de vue
écologique puisque les tours dépensent six fois plus
d'énergie qu'un bâtiment traditionnel car il faut prendre en
compte avec les réseaux de ventilation et les
ascenseurs.123
L'autre aspect d'une architecture qui porte une atteinte
limitée aux espaces naturel est celui d'une architecture qui
s'intègre dans la nature. Il s'agit du retour de l'idée
de la cité-jardin qui trouve son origine dans l'urbanisme
utopique du XIXe siècle. Ce type d'architecture est très
présent en Finlande, où il serait plus juste de parler de
villes-forêts. On peut citer les villes de Tapiola et Surula qui
sont totalement intégrées à la nature.124
4) La nécessité d'une architecture
environnementale accessible à tous
Pour finir, il semble utile de présenter un texte
important pour l'architecture environnementale, l'Agenda 21, qui
insiste sur un enjeu que l'on a pas encore abordé : le fait qu'une
architecture environnementale ne devrait pas être un privilège de
pays riche. En effet, les questions d'environnement n'ont de sens que si elles
sont traités à l'échelle mondiale. Une architecture
durable serait donc aussi une architecture accessible à
tous.
L'Agenda 21 recommande en effet aux architectes et
aux entreprises du bâtiment d'adopter des procédés à
faible consommation d'énergie et d'explorer les méthodes qui
utilisent les matériaux recyclés. Aux pouvoirs publics par
ailleurs est recommandé de décourager par des
pénalités financières le recours à des
matériaux nuisibles à l'environnement.
Il s'agit aussi en règle général de
recourir aux matériaux locaux et de promouvoir les techniques
traditionnelles exigeant de la main d'oeuvre plutôt que de
l'énergie.
122STEELE, James : op. Cit. : chapitre 20 « le
gratte-ciel bio-climatique »
123Réflexions croisées sur le développement
durable, op. Cit. :Interview d'Olivier Sidler, thermicien 124 STEELE,
James : op. Cit. : chapitre 3 « la Finlande à la recherche
d'un standard humain »
69
Enfin, il s'agit de faciliter le crédit pour
l'accès aux matériaux et développer
considérablement le micro-crédit dans les pays pauvres ainsi que
de favoriser, à l'échelle internationale, l'échange
d'informations entres les architectes et les entrepreneurs sur tous les aspects
de la construction en rapport avec l'environnement.125
L'agenda 21 s'oppose donc à une architecture
environnementale trop technologique qui serait réservée aux pays
riches à cause de son coût et prône plutôt une
architecture réalisée avec des matériaux naturels et
recyclés non nuisibles à l'environnement. En outre, le rapport
prône une coopération entre pays riches et pauvres pour que les
architectes et les professionnels du bâtiment soient formés
à l'architecture environnementale et informés des
différents solutions qui existent dans ce domaine.
La conférence de Rio fut suivie de nombreuses
conférences sur le sujet de la construction et de l'environnement dont
les plus importantes, la Conférence de Pékin en 1995 et la
conférence Habitat II d'Instanbul de 1996 ont insisté
profondément sur la nécessité de donner la priorité
aux techniques traditionnelles, que l'on appelle aussi vernaculaires. Quant au
protocole de Kyoto en 1996, celui-ci reprend en matière d'architecture
peu ou prou les mêmes idées de l'Agenda 21 et insiste sur
l'idée d'une « responsabilité pour aujourd'hui et pour
demain » des architectes.126
Un des pionniers de ce type d'architecture prônée
par l'Agenda 21 est l'américain Samuel Mockbee. Ce dernier
avait en effet ouvert une agence d'architecture, Le Rural Studio (1944-2001),
située en Alabama aux États-Unis, dont l'objet était de
construire des logements pour des clients pauvres en utilisant presque
exclusivement des matériaux de récupération trouvés
sur place.
« Il encourageait l'emploi de matériaux non
conformistes, afin de maintenir de coûts de construction peu
élevés puisque les clients du Rural studio étaient pour la
plupart des familles démunies. »127
125STEELE, James : op. Cit. : Chapitre 17, «
à l'origine du développement durable »
126VAN UFFELEN, Chris : Architecture écologique,
éditions Citadelles et Mazenot, 2010 : p.11 127 STEELE, James : op.
Cit. p.232
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