2) Dans le processus de création, les
architectes se donnent d'autres contraintes de nature esthétique
Enfin, il semble que le travail de l'architecte est intimement
lié à la contrainte et que celle-ci est le moteur de l'innovation
dans la mesure ou l'architecte lui-même dans la conception du
bâtiment se prescrit à lui-même des contraintes
esthétiques.101 On pourrait donc dire que dans le processus
de création, les contraintes du droit de l'urbanisme en matière
esthétique sont des contraintes esthétiques parmi d'autres.
97 Article L.621-30 du Code du patrimoine, voir Partie 1, Titre
1, §1)
98 Dossier « Traces recyclées : transformation d'une
ancienne caserne en logements à Mulhouse » : Magazine EK Villes en
transition, architectures durables. A vivre éditions, N°36
Décembre 2013-Janvier 2014. Pages 63 à 69
99 Site internet du musée Gallo-Romain de
Lyon-Fourvière
100 Annexe 5, figure n°8
101AMPHOUX, Pascal, TIXIER,Nicolas : op. Cit.
55
Pascal Amphoux et Nicolas Tixier proposent une typologie des
contraintes auxquelles se soumettent les architectes, différenciant
notamment les « contraintes ludiques », c'est à dire
celles auxquelles se soumettent volontairement les architectes dans leur
recherche de formes nouvelles et les « contraintes
réglementaires ». Au sujet de l'architecte, les auteurs disent
que :
« Non content de devoir respecter et combiner toutes
sortes de normes contraignantes, il se donne des règles du jeu
supplémentaires, qui, si arbitraires puissent-elles paraître
à l'observateur extérieur ou au non-initié, n'en
constituent pas moins en certains cas le fondement. »
Un des exemples cités dans cette étude est celle
du Centre Georges-Pompidou à Paris.102 Il s'agit selon les
auteurs d'une contrainte « ludique » appelée la
« structuralité ». Il s'agit d'une contrainte
relevant de l'ordre du choix constructif. La « structuralité
» désigne l'expression, volontaire et
délibérée, de la structure d'un bâtiment. Une telle
tendance est issue des courants fonctionnalistes dont l'évolution peut
être interprétée comme une évacuation de plus en
plus radicale du décor ou de l'ornement. Il s'agissait donc pour les
architectes d'exhiber la contrainte structurelle. Les couleurs sont mêmes
choisies pour signifier et différencier les flux : le bleu pour la
climatisation, le rouge pour les personnes (escalators, escaliers,
passerelles), le vert pour les circuits d'eau et enfin le jaune pour les
circuits électriques.
Dans cette perspective, les contraintes d'urbanisme ne
seraient donc qu'une sorte de contraintes parmi les autres, dans un ensemble de
contraintes sur lesquelles l'architecte s'appuie pour alimenter sa
créativité.
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