2) Les risque des « villes-musée »
Par ailleurs le risque inhérent à une protection
trop stricte du patrimoine architectural est de créer des
villes-musées où la vie sociale se limiterait au
tourisme et où la vie de quartier n'existerait plus. On peut citer en
exemple la vieille-ville de Carcassonne ou encore celle de Sarlat.65
Dans les deux cas, la vieille-ville a été délaissée
par les habitants qui se sont installés dans des logements en
périphérie au profit de l'activité touristique. Si comme
on l'a dit plus haut la mise en valeur du patrimoine peut devenir un atout pour
le tourisme et participer au développement des territoires, il n'est
65 OGIER, Magali : op. Cit.: p.12
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cependant pas souhaitable que le tourisme prenne le pas sur la
vie sociale. Selon l'architecte italien Andrew Todd, cependant, cette tendance
ne serait pas seulement française mais européenne :
« Le contexte urbain en Europe est en train de
devenir un simple prétexte, un piège à touristes, auxquels
on propose une ville factice, irréelle. »66
Cependant, n'est pas souhaitable non plus que l'architecture
moderne ne s'intègre pas à la ville. Andrew Todd dénonce
le travail de ceux qu'il appelle les « archi-stars », ou
« architectes d'aéroports », ces architectes qui
pratiqueraient une architecture moderne et qui se soucieraient peu de la
façon dont le projet qu'ils ont réalisés sera vécu
et adopté ou non par la population. Andrew Todd, dénonce dans le
même ordre d'idée l'attitude des maires des grandes villes qui
veulent surtout attirer les touristes grâce à des bâtiments
conçus par des architectes de renom international davantage
qu'améliorer le cadre de vie des habitants. 67
Un droit de l'urbanisme qui protège le patrimoine
architectural a donc des vertus importantes. Cependant, cette protection
devient excessive dès lors qu'elle empêche la modernité
d'avoir droit de cité dans les villes. Ce qui semble souhaitable serait
une cohabitation de toutes les époques architecturales.
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