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Problématique de l'affiliation du secteur informel à  la caisse sociale du Rwanda. Cas des menuisiers de Gakinjiro. Période : 1974-2002.

( Télécharger le fichier original )
par Joseph KAYUMBA
Universit&é libre de Kigali (ULK) - Licence en gestion 2002
  

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5.2. Que faire pour une affiliation effective ?

Comme nous venons de le voir, les différents régimes de sécurité sociale couvrent les travailleurs du secteur structuré, communément appelé secteur formel.

Ceux-ci perçoivent un salaire à base duquel on calcule les cotisations sociales.

Quant aux travailleurs du secteur informel qui constituent pourtant les 90% de la population active, ils n'appartiennent à aucun régime. Ils sont purement et simplement délaissés pour compte.

Nous devons reconnaître toutefois que des recherches avancées ont été faites par les instances habilitées tant au niveau national qu'international.

Le BIT a financé beaucoup d'enquêtes et d'études de cas dont la plus complète est celle dirigée et écrite par Wouter Van Ginneken dans son livre intitulé :

« Sécurité Sociale pour majorité exclue. Etudes de cas dans les pays en développement ».

Pour le cas du Rwanda, le même BIT a entamé une phase de reconnaissance de la structure du secteur informel et de son éventuelle affiliation à la Caisse Sociale du Rwanda.

Dans son introduction à un article ci-haut cité de Monsieur François Xavier Ngarambe, il est écrit ce qui suit :

 Dans le but de participer significativement au développement du pays en contribuant à lutter contre les inégalités sociales, à promouvoir la croissance de l'économie, la création d'emplois et la réduction de la pauvreté, la CSR a adopté une politique contenue dans son plan stratégique 2002.-2004. Et dont les éléments clés sont :

1° une réforme approfondie du régime de « pensions » et risques professionnels actuellement gérés. Cette réforme est destinée à garantir la viabilité et l'équilibre financier de long terme de ces régimes, tout en améliorant la qualité des prestations.

2° une extension de la couverture sociale à tous les travailleurs assujettis et non couverts et aux travailleurs du secteur informel,

3° l'initiation de la création d'une branche « soins de santé » destinée à couvrir les travailleurs du secteur privé, ceux du secteur informel, ainsi que les retraités,

4° la mise sur pied des mécanismes innovateurs et dynamiques destinés à maximiser la rentabilité économique et sociale des réserves, notamment la création d'un marché financier au sein duquel la Caisse Sociale du Rwanda jouerait un rôle majeur ;

Ce marché se caractériserait par des mécanismes qui pallient les blocages du système bancaire actuel, lequel ne dispose que des ressources de court terme et est incapable de financer de façon satisfaisante les projets de long terme.

A la lumière de ce qui précède, on remarque que la volonté de la Caisse Sociale du Rwanda de s'investir dans l'affiliation des travailleurs du secteur informel est réelle. Elle est en passe d'être traduite dans les faits puisque contenue dans son plan d'action 2002-2004.

Il reste maintenant d'en définir les modalités d'application et le type de sécurité sociale que la Caisse Sociale du Rwanda veut offrir aux travailleurs dudit secteur.

En collaboration avec le BIT, la Caisse Sociale du Rwanda a visité quelques coopératives cibles pour avoir une idée de leur fonctionnement. Les coopératives visitées sont les suivantes :

- ADARWA 

- KORA

- COOPAR

- ATRACO

- COOPTHE MULINDI 

- COOPTHE VM 

- COODAF

- CONFIGI

A l'issue de ces visites, les recommandations suivantes ont été formulées :

1° Constituer au niveau de la Caisse Sociale du Rwanda une équipe de réflexion pour l'extension au secteur informel en ce qui concerne les pensions ;

2° Constituer et actualiser le fichier des associations et coopératives (noms et adresses des coopératives ...) ;

3° Constituer un point focal de discussions avec les coopératives ciblées pour l'extension de la couverture sociale.

4° Organiser des ateliers de définition des stratégies ;

5° Adapter les textes aux spécificités du milieu ;.

6° Définir une politique pertinente d'appui à ces coopératives par le biais de la formation en collaboration avec le BIT ;

7° Mûrir l'idée de la création d'un fonds de garantie par la Caisse Sociale du Rwanda en faveur du secteur informel ;

8° Etudier sérieusement la création d'une branche pour les soins de santé qui intègre plus facilement la priorité des gens du secteur informel compte tenu des outils de gestion utilisés par le BIT pour la mise en place, le suivi, le contrôle des mutuelles et des centres de santé.

Nous souscrivons à ces recommandations et ajoutons que la Caisse Sociale du Rwanda doit mener une campagne de sensibilisation à la hauteur de ses ambitions. Une campagne de sensibilisation menée avec doigté permettra à la Caisse Sociale du Rwanda d'être suffisamment et correctement connue. Cette campagne peut se faire de plusieurs façons :

- Organiser régulièrement des séminaires à l `endroit des meneurs d'hommes (syndicalistes, religieux, maires des districts, employeurs, directeurs des écoles...) ;

- Organiser des journées portes ouvertes ;

- Engager des professionnels de la communication ;

- Travailler étroitement avec les journalistes pour une publicité toujours mieux soignée ;

- Développer un partenariat « intéressé » avec des personnes influentes dans leurs milieux, qui seraient chargées d'encadrer les travailleurs dans le domaine de la sécurité sociale sous la supervision des agents de liaison de la CSR. ;

- Affecter des personnes ressources auprès des associations et des coopératives déjà inventoriées afin qu'ils facilitent certaines formalités administratives en matière d'affiliation ;

Ces personnes percevraient des commissions et seraient évaluées par les agents de liaison.

La Caisse Sociale du Rwanda devrait mener des actions concertées avec les différents Ministères qui travaillent étroitement avec la population. Il s'agit des Ministères suivants :

- Le Ministère de l'Administration Locale, de l'Information et des Affaires Sociales ;

- Le Ministère du Commerce, de l'Industrie, de la Promotion des Investissements, du Tourisme et des Coopératives ;

- Le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et des Sports ;

- Le Ministère du Genre et de la Promotion Féminine ;

- Le Ministère de la Fonction Publique, de la Formation Professionnelle, des Métiers et du Travail ;

- Le Ministre de la Santé.

Il reste maintenant de savoir quel type d'assurance sociale apporter à ces différents groupes de travailleurs une fois localisés, mobilisés, et regroupés dans de différentes coopératives ou associations. Il est évident que pour un souci de justice sociale, les citoyens d'un pays devraient jouir d'une même sécurité sociale.

Cela dit, « aucun pays n'irait prétendre que son système de sécurité sociale soit complet et achevé. » comme l'a fait remarqué fort justement Monsieur Imbaga Boussa, lors d'une conférence internationale de recherche en sécurité sociale « an 2000 »54(*)

Interrogés au sujet du type de sécurité sociale auquel ils voudraient être couverts, les menuisiers de Gakinjiro ont répondu à 80% qu'ils souscriraient volontiers à la couverture scolaire de leurs enfants.

Nous pensons que ces souhaits devraient être nuancés car comme nous l'avons constaté, les menuisiers de Gakinjiro ne savent pas ce que c'est que la Caisse Sociale du Rwanda. Nous sommes certains qu'ils répondraient autrement après une sensibilisation sur le mode d'affiliation, les taux de cotisations, les montants et les différentes formes de prestations à servir etc...

Ils sont du reste sous l'influence des compagnies d'assurance qui ont commencé à les approcher et à leur parler de souscrire à une assurance relative à la scolarité de leurs enfants et cela a créé une confusion quant à la mission de la Caisse Sociale du Rwanda comparée à celle des compagnies d'assurance.

De ce fait nous sommes d'avis que la Caisse Sociale du Rwanda doit s'investir davantage dans la sensibilisation des travailleurs du secteur informel qui en a grandement besoin.

La démarche de la Caisse Sociale du Rwanda serait la suivante à notre avis :

1° Mener une campagne de sensibilisation tous azimuts pour se faire connaître par les travailleurs et leurs employeurs ;

2° Effectuer un recensement exhaustif de toutes les associations et coopératives oeuvrant au Rwanda ;

3° Planifier avec le BIT une formation appropriée en matière de gestion des entreprises ;

4° Créer un fonds de garantie pour permettre à ces associations et coopératives l'accès au crédit pour financer leur micro réalisation à court, moyen et long terme ;

5° Souscrire à une assurance pour couvrir ce fonds de garantie dans le cas où telle coopérative ou telle association venait à faire faillite ;

6° Faire affilier obligatoirement les membres de ces associations aux mêmes régimes auquel adhèrent les travailleurs du secteur formel ;

7° Encourager financièrement la création de nouvelles coopératives et de nouvelles associations et leur assurer un appui logistique financier et une formation appropriée et régulière en collaboration avec le B.I.

* 54 IMBAGA, B., op.cit, . p.6

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway