L'impact de la crise centrafricaine sur le post acheminement des marchandises en zone CEMAC.( Télécharger le fichier original )par Brice WAKAP CHONGANG Université de Douala - Master 2 professionnel en transport et logistique 2015 |
PARTIE I : L'IMPACT DE LA CRISE CENTRAFRICAINE SUR LA VITALITE DU POST ACHEMINEMENT DES MARCHANDISES EN ZONE CEMACAxé essentiellement sur l'acheminement des marchandises vers les pays de l'hinterland dès leur débarquement des ports des pays d'estuaire de la zone CEMAC31(*), le post-acheminement communautaire est un instrument capital du développement des Etats de la sous-région. La mise en oeuvre de cette activité logistique vise à ravitailler les pays de la zone sans ouverture sur la mer, en l'occurrence le Tchad et la RCA au dessein d'assurer un développement communautaire équitable.Les opérations d'échanges dans la sous régional doivent donc s'arrimer aux contraintes d'efficacité, de productivité et de compétitivité. Le post acheminement est un important et délicat maillon pour l'économie de la zone en général et pour les pays sans littoral en particulier. Cette délicatesse s'est particulièrement traduite pendant cette crise centrafricaine. A cet effet, la vitalité de cette activité de logistique avale a connu une sérieuse entorse donc l'appréciation varie selon qu'il s'agisse de la consistance du trafic même ou des règles qui gouvernement celui-ci. Ainsi, cette vitalité de l'activité de post acheminement s'apprécie ici en termes de volume du trafic et de degré de fermeté des règles juridiques applicables à cette activité. Concrètement, il s'agit de faire un diagnostic de la vitalité matérielle et juridique de l'activité en période de conflit. A cet égard, cette instabilité entraine une baisse drastique de l'intensité du post acheminement sur un important axe communautaire et notamment sur le corridor Douala-Bangui(chapitre I). Toutefois, la sphère juridique de l'activité demeure relativement stable malgré la crise (chapitre II). CHAPITRE I : LA BAISSE DRASTIQUE DE L'INTENSITE DU POST ACHEMINEMENT DES MARCHANDISES SUR UN IMPORTANT CORRIDOR COMMUNAUTAIRE251654144 La perturbation de l'activité de post acheminement en zone CEMAC par la crise centrafricaine, se manifeste par une baisse drastique du flux de déplacement des marchandisesvers ce pays de l'hinterland. Cette turbulence a d'emblée atrophié le trafic sur le corridor communautaire Douala-Bangui, principale voie de transit des produits vers la RCA.Cet axe qui polarise environ 90% du trafic à destination et en provenance de la république Centrafricaine32(*), a été la cible du reflux. Dès lors, l'examen de l'influence de la crise sur le flux de déplacement des biens en CEMAC commande donc au préalable de faire un état des lieux de la situation le long de ce corridor communautaire (section I), avant l'auscultation des incidences qui s'infèrent pour les opérateurs de transport concernés (section II). SECT I : L'ETAT DES LIEUX DU POST ACHEMINEMENT SUR LE CORRIDOR DOUALA-BANGUILe post acheminement en zone CEMAC connaît un déphasage remarquable depuis le début de la crise centrafricaine en décembre 2012. En effet, le déplacement des marchandises vers ce pays fait l'objet d'un sérieux ralentissement. Il se dégage donc une chute sensible du volume de marchandise acheminée sur le corridor (par I), engendrant une augmentation du coût du post acheminement communautaire sur ce corridor (par II). PARI : LA CHUTE SENSIBLE DU VOLUME DE MARCHANDISES ACHEMINEES VERS LA RCALa zone CEMAC traverse à cause de la crise centrafricaine un relâchement d'un important pôle d'attraction du post-acheminement communautaire. Cette situation se traduit par une chute drastique du volume de marchandise transportée en direction de la RCA. C'est ainsi que le PAM33(*) a parlé d'une crise du mobilier en Centrafrique pour rendre compte de cette chute du volume des marchandises (objet mobilier par définition)34(*), post acheminer vers ce pays. La crise centrafricaine s'apparente sans aucun doute à un goulot d'étranglement au post acheminement communautaire. A ce titre, les indicateurs de performance tels que le nombre de camions en partance vers Bangui sur les corridors, le volume de marchandises transportéesvers ce pays ou encore le nombre de lettre de voiture internationale émises par les organismes de gestion du trafic35(*), affichent une baisse ostensible de flux depuis le début de l'instabilité en décembre 2012. Pour rendre compte d'un tel ralentissement, avons-nous fait le choix d'un indicateur parmi tous les indicateurs de performance du post acheminement communautaire des marchandises. Il s'agit en l'occurrence du volume de marchandises acheminéessur le corridor Douala-Bangui. Ainsi, avons-nous fait une analyse comparative du volume des marchandises transportées sur le principal corridor de post acheminement communautaire du pays en crise avant et pendant la turbulence. Tableau n°1 : Etude comparative du volume des marchandises acheminées sur le corridor Douala-Bangui entre 2012 et 201336(*)
A l'étude, la crise en RCA atrophie plus de la moitié du trafic qui s'effectuait en période normale sur le corridor Douala-Bangui. En effet, l'écart de 69,7%est suffisamment remarquable matérialisant ainsi l'ampleur de cette crise sur le post acheminement communautaire. Aussi, il convient de retenir que sur les 123679 TONNES acheminées vers ce pays depuis la turbulence, la part belle revient aux produits alimentaires et humanitaires des organismes internationaux37(*) à l'occurrence du riz, huile, médicaments... A l'analyse du tableau et de la courbe, il ne fait plus l'ombre d'aucun doute que l'évolution du post acheminement communautaire est au ralenti et c'est donc la macroéconomie des transports de la zone CEMAC dans son entièrement qui se révèle concernée par cette situation. * 31 Particulièrement du Port de Douala au Cameroun qui se pose à l'heure actuelle en plaque tournante pour les deux pays sans littoral de la sous-région d'Afrique centrale * 32 Voir NJANKE TATCHOU (M.), op.cit., p.17. * 33 PAM :Programme Alimentaire Mondiale en anglais WFP (World Food Program) est un organisme d'aide alimentaire de l'ONU, suite à une série de catastrophe durant l'année 1962, l'Assemblée Générale des Nations Unies décida en 1963 de créer cette organisme pour venir en aide aux personnes les plus démunies au monde. * 34 Article 1 de l'Acte Uniforme OHADA relatif au Contrat de transport des marchandises par route du 22 mars 2003. * 35BGFT et BARC * 36Construction de l'auteur à partir des données recueillies au BGFT le 14 Mars 2014 * 37 Organismes à l'instar le Programme Alimentaire Mondiale (PAM), Médecins Sans Frontière (MSF), voire UNICEF. |
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