CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PALUDISME GRAVE
I.1. Définition
Le paludisme grave est une complication grave du paludisme
à plasmodium falciparum [10] ; c'est l'ensemble des manifestations
cliniques et biologiques liée à l'infection par le plasmodium et
susceptibles d'engager le pronostic vital à brève
échéance [4].
I.2. Etiologie
Selon leurs apparitions et leurs virulences,
1. Le Plasmodium Falciparum
2. Le Plasmodium Vivax
3. Le Plasmodium Ovale
4. Le Plasmodium Malariae
5. Et on y ajoute le Plasmodium Knowlesi de découverte
récente.
Ce sont des protozoaires intercellulaires dont la
multiplication est asexuée (ou schizogonique) chez l'homme et
sexuée (ou sporogonique) chez le moustique vecteur qui est
l'anophèle femelle. [5]
Au cours de leur cycle biologique, les plasmodies changent
sans cesse d'aspect et de taille, par suite de l'alternance de phases de
croissance.
I.2.1. Cycle du développement du plasmodium
S'effectue dans deux hôtes différents :
- Chez l`anophèle : c`est un cycle sexué
- Chez l`homme : c`est un cycle asexué
Au cours de la piqûre, le moustique infesté
injecte avec sa salive des centaines des parasites, sous forme de
sporozoïtes fusiformes qui ne restent dans la circulation sanguine qu'une
demi-heure. Ils gagnent rapidement le foie où s'effectue le cycle exo
érythrocytaire primaire (cycle pré érythrocytaire,
schizogonie tissulaire primaire) : les sporozoïtes pénètrent
dans les hépatocytes où ils se « cachent » sous le nom
de Crypto zoïdes : ceux-ci grossissent.
Leur noyau se divise et en une semaine environ, et constitue
un schizonte mature ou corps bleu, qui est basophile, volumineux contenant
quelques milliers de noyaux, déformant l'hépatocyte hôte et
repoussant son noyau en périphérie.
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L'éclatement du corps bleu libère des nombreux
mérozoïtes qui pour la plupart s'emboisent dans les capillaires
sinusoïdaux et passent dans la circulation, amorçant les
premières schizogonies sanguines.
En cas d'infestation par le plasmodium vivax, ou plasmodium
ovale, certains mérozoïtes restent peut être dans le foie,
pénètrent dans des hépatocytes sains, effectuant un cycle
exo érythrocytaire secondaire (schizogonie tissulaire secondaire)
à l'origine des nouveaux corps bleus susceptibles de ré
ensemencer pendant des mois ou même des années le sang en
Mérozoïtes et de déterminer des reviviscences schizogoniques
(=érythrocytaires).
Ce type de rechute n'existe pas avec les plasmodiums
falciparum et malariae. Le cycle exo érythrocytaire secondaire par
colonisation d'hépatocytes saines à partir des
Mérozoïtes du corps bleu primitif est actuellement remis en
question. On pense que certains Cryptozoïtes peuvent rester quiescents
pendant un temps variable. Il y aura ainsi deux populations de
sporozoïtes, les uns évoluant immédiatement jusqu'au stade
de corps bleu intra hépatique et les autres, appelés
hypnozoïtes restant endormis dans les hépatocytes.
Le Plasmodium falciparum (et le plasmodium malariae) ne
comportent ni hypnozoïtes ni schizogonie tissulaire secondaire.
Dans le sang s'effectue le cycle asexué
érythrocytaire, chaque mérozoïte pénètre par
endocytose dans une hématie et s'y transforme en trophozoïtes :
celui-ci mesure 2 à 3 u et possède une volumineuse vacuole
nutritive qui refoule en périphérie son cytoplasme et son noyau.
Il grossit et son noyau se divise : c'est alors une schizonte qui se charge de
pigment malarique ou hémozoïne. La multiplication des noyaux dont
chacun s'entoure d'une plage cytoplasmique forme une schizonte mûre ou un
corps en Rosaces.
L'hémoglobine se dégrade et, dans
l'hématie parasitée apparaissent des granulations de
SCHÜFFNER (pour le plasmodium vivax et ovale), des tâches de MAURER
(pour le plasmodium falciparum) ou rien (pour le plasmodium malariae).
Le corps en rosace ou une schizonte mûre se dilate et
éclate; cet éclatement contemporain de l'accès
fébrile libère des Mérozoïtes qui vont parasiter des
Hématies vierges et effectuer des nouveaux cycles
schizogoniques érythrocytaires. Chaque cycle érythrocytaire dure
48H pour le plasmodium vivax, Pl. ovale ou falciparum et 72 H pour le
plasmodium malariae.
Lors de l'éclatement des rosaces,
l'hémozoïne libérée est phagocytée soit dans
le sang par des polynucléaires neutrophiles ou des monocytes, qui
deviennent mélanifères soit par des histiocytes dans le foie
(cellules de Kupffer), la rate ou la moelle
hématopoïétique.
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Dans le sang s'amorce enfin le cycle sexué ou
sporogonique. Après plusieurs cycles schizogoniques, apparaissent dans
les hématies des éléments à potentiel sexuel qui
sont les gamétocytes mâles et femelles.
Chez l'anophèle femelle s'effectue le cycle
sexué ou sporogonique. En prenant son repas sanguin sur un
paludéen, l'anophèle femelle absorbe des Trophozoïtes, des
schizontes, des rosaces et des gamétocytes. Les éléments
asexués sont digérés et seuls les gamétocytes
ingérés assurent la poursuite du cycle.
Dans l'estomac du moustique, le gamétocyte mâle
se transforme en gamète par ex flagellation, le gamétocyte
femelle par expulsion de corpuscules chromatiniens. La fécondation du
gamète femelle donne un oeuf mobile : c'est l'ookinète qui
traverse la paroi de l'estomac de l'anophèle et se fixe au niveau de sa
face externe formant l'oocyste dans lequel s'individualisent les
sporozoïtes libérés par éclatement de l'oocyste. Ces
derniers gagnent avec prédilection les glandes salivaires de
l'anophèle.
La durée du cycle sporogonique varie de 10 à 40
jours selon la température de l'espèce plasmodiale. Elle est de
12 jours pour le plasmodium falciparum. Le cycle s'arrête lorsque la
température moyenne est inférieure à 16°C pour le
plasmodium vivax et à 18°C pour le plasmodium falciparum.
En résumé on distingue trois étapes qui sont
:
1. L'étape anophélienne avec son
cycle sexué ou sporogonique
2. L'étape humaine tissulaire avec son
cycle asexué ou schizogonique, hépatique et le stockage
éventuel d'hypnozoïtes
3. L'étape humaine vasculaire ou
érythrocytaire avec son cycle asexué (schizogonique) et
l'amorce du cycle sexué.
Retenons que le cycle exo érythrocytaire est d'une
semaine et que le plasmodium falciparum est l'espèce la plus redoutable,
celle qui tue, c'est aussi la plus largement répandu. [5 ,6].
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Figure 1 : cycle parasitaire [7]
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