WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Recherches sur l'état membre de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.

( Télécharger le fichier original )
par Arsène Silvère EKO MENGUE
Université de Yaoundé II-Soa - Master II de recherche en droit public international et communautaire 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B/ Les auteurs de la violation du droit communautaire susceptible d'engager la responsabilité de l'Etat membre de la CEMAC.

Il faut signifier que les principes d`applicabilité immédiate et d`effet direct de la règle de droit communautaire exposent certaines institutions républicaines dans le viseur du juge de droit commun du droit communautaire en cas de violation. Il s`agit particulièrement, dans le contexte de la CEMAC, du pouvoir exécutif (1) et des juridictions nationales (2) des Etats membres.

1) La violation du droit communautaire imputable au pouvoir exécutif des Etats membres de la CEMAC.

Cette violation peut être vue sur le terrain de l`illégalité des actes pris par le pouvoir exécutif c`est-à-dire que les autorités exécutives chargées de prendre des actes exécutifs, en prennent des mesures qui ne respectent pas le droit communautaire en vigueur. Dans ce cas, le juge administratif national dans son rôle de juge de droit commun du droit communautaire, est dans l`obligation de réparer cette violation du droit communautaire par le pouvoir exécutif. La remarque faite, il faut établir quel type de responsabilité peut engager la procédure en réparation pour cause de violation du droit communautaire. Il faut dire que la CEMAC laisse généralement le libre choix aux Etats membres d`établir le mode de responsabilité qui peut engager la faute de l`Etat membre de la CEMAC. Toutefois le mécanisme d`établissement de la responsabilité de l`Etat membre pour cause de violation du droit communautaire par un acte illégal ne doit pas lui même soustraire le justiciable de ses droits.

La CEMAC étant en majorité formée des Etats de culture juridique francophone, la majorité de ses Etats reconnaissait dans la procédure judiciaire administrative la responsabilité pour faute. De ce fait pour établir la responsabilité de l`Etat pour cause d`acte illégal violant le droit communautaire, l`on doit se référer au mécanisme de responsabilité pour faute en droit administratif. On distingue dans la responsabilité pour faute en droit administratif, la responsabilité pour faute de service et pour faute personnelle. En générale en droit administratif toute illégalité d`une mesure administrative est présumée constituer une faute de personnelle. Ainsi, même la responsabilité de l`administration peut être engagée lorsqu`elle omet de modifier une réglementation devenue incompatible avec le droit communautaire. Faut-il aussi signaler que, l`absence de mesures administratives de transposition d`une directive pourrait d`ailleurs être assimilée au défaut d`adoption d`actes

Mémoire présenté et soutenu par EKO MENGUE Arsène Silvère 109

Recherches sur l'Etat membre de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

réglementaires d`exécution d`une loi interne, une situation qui constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l`État. Si, aujourd`hui, le principe de la responsabilité de l`État du fait d`une violation du droit communautaire commise par le pouvoir réglementaire ne fait aucun doute dans la théorie de droit communautaire européen, il n`en demeure pas moins que cette responsabilité trouvera bien plus qu`en droit interne une difficulté majeure au sein de la CEMAC, du fait la protection de l`autorité de l`Etat par les juges nationaux qui doivent généralement leur carrière à ce pouvoir exécutif. L`autre difficulté étant la rigueur ou la sévérité qui caractérise l`appréciation du juge administratif lorsqu`il veille au respect de principes procéduraux tels que celui de la distinction des contentieux ou qu`il détermine le montant du préjudice indemnisable, voire encore lorsqu`il vérifie l`existence du lien de causalité direct entre la faute et le préjudice allégué339. Toutefois on peut se poser la question de savoir si le dédommagement des préjudices causés par la violation du droit communautaire peut amener le juge à accorder des réparations plus onéreuses que celles issue du droit interne ? Une réponse affirmative nous fera aboutir à la création d`un « régime dual de responsabilité au sein des Etats membres, selon que la faute résulte ou non d'une violation du droit communautaire »340.

2) La violation du droit communautaire CEMAC du fait des juridictions nationales et du législateur.

Cela peut être perçu comme un tabou en droit interne dans la mesure où les juridictions nationales manifestent dans leur exercice la souveraineté nationale. Car les juges nationaux rendent la justice au nom du peuple, véritable propriétaire de la souveraineté de l`Etat. La réalité est tout autre parce qu`il s`agit ici de la mise en oeuvre de la responsabilité de l`Etat du fait des activités judiciaires. Certes elle est très théorique comme la mise en oeuvre même de la responsabilité de l`Etat membre en droit communautaire CEMAC. Il faut dire que la réparation des dommages qu`entraînent les faits judiciaires incombe au juge administratif ou au juge judiciaire, selon que le service public en cause est celui de la justice administrative ou de la justice judiciaire. Ainsi compte tenu de l`autonomie juridictionnelle des États membres qui a été affirmée par le droit communautaire pour la mise en oeuvre des règles et de la réparation des préjudices, c`est au regard de ces règles que pourra, le cas échéant, être retenue la responsabilité de l`État en raison des violations du droit communautaire qui seraient

339 HINDE-GUEGUEN, « Responsabilité (Etat membre) », op cit, p 21.

340 Ibid. p 21.

Mémoire présenté et soutenu par EKO MENGUE Arsène Silvère 110

Recherches sur l'Etat membre de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

commises par une juridiction, quelle que soit, y compris les juridictions suprêmes341. La responsabilité de l`État peut être engagée du fait du fonctionnement défectueux du service public de la justice suite par exemple au principe de durée raisonnable de la procédure. C`est dans cette perspective que le Conseil d`État français retiendra que « les justiciables ont droit à ce que leurs requêtes soient jugées dans un délai raisonnable [...] si la méconnaissance de cette obligation est sans incidence sur la validité de la décision juridictionnelle prise à l'issue de la procédure, les justiciables doivent néanmoins pouvoir en faire assurer le respect ; qu'ainsi lorsque la méconnaissance du droit à un délai raisonnable leur a causé un préjudice, ils peuvent obtenir la réparation du dommage ainsi causé par le fonctionnement défectueux de la justice »342. On remarque que le conseil d`Etat français considère le fonctionnement défectueux de la justice comme une responsabilité pour faute et ne fait nullement référence à la responsabilité sans faute entrainant deux régimes de responsabilité du fait de la justice, l`un subordonné à la démonstration de l`existence d`un refus d`appliquer par exemple le droit communautaire et l`autre fondé sur la violation, par les juridictions des principes de procédure de justice. En droit de l`union européenne, la cour de justice a affirmé un « principe de responsabilité des États membres du fait des violations du droit communautaire commises par les juridictions suprêmes nationales »343. Néanmoins l`application en droit interne de ce principe risque de ne pas se faire sans quelques difficultés que ce soit dans l`union européenne ou au sein de la CEMAC. La véritable difficulté est que la responsabilité ne peut, en vertu du principe de l`autorité de la chose jugée, être engagée lorsque la faute alléguée résulte du contenu même d`une décision de justice devenue définitive. Au niveau de l`union européenne la cour de justice a déjà évacué cet argument « visant à contester le principe de la responsabilité de l'État de ce fait au motif qu'il aurait pour effet de remettre en cause le principe de l'autorité de la chose jugée ». Ainsi avec l` appartenance à la communauté d`intégration de l`Etat, l`autorité de la chose jugée est remise en cause avec le principes de primauté qui implique également la reconnaissance de la justice communautaire comme dernière étape d`appel en cas d`insatisfaction de la décision rendu dans les juridictions nationales qu`elles soient de dernier ressort. En d`autre termes, les juridictions suprêmes des Etats membres de la CEMAC ne bénéficient plus de l`autorité de la chose jugée lors de l`adhésion de l`Etat à la CEMAC, entrainant ipso facto la reconnaissance de la cour de justice de la CEMAC. A la lumière de la conception européenne, on s`interroge sur la pérennité de la

341 Ibid.

342 CJCE, 9 mars 1978, administration des finances de l'Etats c/ SIMMENTHAL, Aff 106/77, Rec., I.629 p 31.

343 Ibid.

Mémoire présenté et soutenu par EKO MENGUE Arsène Silvère 111

Recherches sur l'Etat membre de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

cour de justice de la CEMAC qui trouve actuellement la difficulté à se faire une place au sein des organes judiciaires nationaux. En effet, la Cour de justice européenne, en rappelant que l`applicabilité directe du droit communautaire concerne également tout juge qui a, en tant qu`organe d`un État membre, pour mission de protéger les droits conférés aux particuliers par le droit communautaire, a de longue date, dans un arrêt SIMMENTHAL du 9 mars 1978344, affirmé que le juge national « chargé d'appliquer, dans le cadre de sa compétence, les dispositions du droit communautaire, a l'obligation d'assurer le plein effet de ces normes en laissant au besoin inappliquée, de sa propre autorité, toute disposition contraire de la législation nationale, même postérieure, sans qu'il ait à demander ou à attendre l'élimination préalable de celle-ci par voie législative ou par tout autre procédé constitutionnel »345. En application de ces principes de la cour de justice de l`union européenne, il pourrait être soutenu que le juge national, à qui s`impose l`intégralité du droit communautaire en sa qualité d`organe national de l`Etat membre, est tenu d`appliquer la jurisprudence de la juridiction communautaire ou les dispositions du droit communautaire originaire et dérivé, à défaut, la violation de cette obligation pourrait être la source d`une action en responsabilité de l`État membre. Dès lors, peut-on à la suite de ce qui a été dit, affirmer de la réalité ou de la potentialité de l`office du juge nationale ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon