2. ... D'où l'inégalité dans la
répartition des MDP dans les pays du sud
Dans ce contexte, le développement du marché des
crédits de réduction issus
des projets MDP montre clairement que la plupart des projets
s'orientent vers les pays les plus
attractifs pour les investissements étrangers, qui
d'ailleurs sont souvent les plus émetteurs de
GES et les plus développés parmi les PED.119
La répartition des projets MDP par pays est
également assez disparate. L'Inde
et le Brésil accaparent en termes de volume presque 50%
de tous les projets enregistrés, soit
200 projets sur une totalité de 411 enregistrés,
au 27 novembre 2006. En Afrique, seul 8 projets
on été enregistrés, avec une localisation
géographique correspondante aux économies les
plus performantes soit, 4 projets en Afrique du sud, 3 au
Maroc, 2 en Tunisie et 1 projet en
Egypte.120
Dans un autre ordre d'idées, en ce qui concerne la
participation au marché
MDP en termes monétaires, le marché est «
accaparé » à 80% par 4 pays : la Chine, le Brésil,
L'Inde et la Corée du Sud. Parmi ceux-ci, la Chine
domine le panorama mondial avec une
participation de 43.55% en moyenne annuelle sur la
totalité des URCEs. Durant les trois premiers
quarts de l'année 2006, la Chine dominait la vente des
URCEs avec une participation de
118 CALDERON (J.S), Op cit, p.34
119 Idem, p.34
120 Ibid, p.35
68
61 % sur la totalité des transactions
enregistrées. Ceci s'explique dans la mesure où elle accueille
des projets de taille considérable, notamment en
matière de réduction de hydro fluorocarbures
(HF3). Or, le potentiel en matière de
génération des crédits issus des projets de
réduction de HF3 est assez attractif pour les
investisseurs car chaque tonne de HCF23 abattue
est équivalant à 11.700 tonnes de CO2, donc
11.700 URCEs.121
3. L'Afrique non-émergente : un cas paradoxal et
inquiétant
Le cas de l'Afrique dans le dossier climatique est paradoxal
et inquiétant. En
effet, avec un taux d'absorption de 20% des GES, grâce
à ses forêts, et une contribution de
moins de 5% d'émissions mondiales de GES, elle reste
néanmoins le continent le plus vulnérable
sur le plan économique face aux conséquences des
changements climatiques.122
En effet, L'Afrique est l'un des continents les plus
exposés à la variabilité et
aux changements climatiques à cause de ses
caractéristiques géophysiques et socioéconomiques.
Les principaux moyens de subsistance des africains sont
l'agriculture,
l'élevage, la pêche, le tourisme et les
ressources naturelles. Ils sont donc particulièrement menacés
par l'insécurité alimentaire, la malnutrition,
un accès à l'eau restreint et des baisses de
revenus importantes (des pertes économiques pouvant
représenter jusqu'à 14% du PIB). Les
plus pauvres seront les plus affectés.123
Les températures moyennes qui augmentent, la
modification des quantités et de
la régularité des précipitations, les
sécheresses et les inondations en croissance impliquent la
dégradation des sols et donc une baisse du rendement
agricole et de l'accès à l'eau potable. La
disparition des ressources naturelles diminuent
considérablement la qualité de vie des Africains.
Le tourisme, souvent tributaire de la nature, sera
également affecté. Près de
30% de la faune des parcs nationaux d'Afrique subsaharienne
risquent l'extinction dans les 10
prochaines années selon les experts du GIEC (Groupe
d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat).
121 CALDERON (J.S), Op cit, p.34
122 KOM TCHUENTE (F), op cit, p.4
123 Idem, p.5
69
Et ne l'oublions pas, près de la moitié des
africains vivent dans l'extrême pauvreté
et, parmi eux, la plupart vivent dans les zones rurales, dont
la principale source de revenue
se défini essentiellement grâce à
l'agriculture et l'élevage.
Cependant, l'Afrique qui devrait être le premier
bénéficiaire des opportunités
du MDP semble être le grand oublié. un rapport de
la Banque mondiale qui met en évidence
un fort potentiel de développement de projets dans le
cadre du Mécanisme de Développement
propre en Afrique précise néanmoins que la part
de l'Afrique représente une fraction minime
des projets développés. Actuellement elle est de
l'ordre de 2,4% soit 120 projets sur un total
de 4.900 projets soumis, sachant que 90% de ces projets en
Afrique se limitent à l'Egypte et à
l'Afrique du Sud (pays qui, paradoxalement est responsable de
50% des émissions de gaz à
effet de serre sur le continent).
Bien qu'on assiste ces deux dernières années
à la naissance d'organismes financiers
dont l'objectif est de promouvoir les projets éligibles
au de mécanismes de développement
propre telles que le Fonds Africain des Biocarburants et des
Energies renouvelables
(FABER) et le Fonds Capital Carbone Maroc qui est le premier
Fonds africain francophone
spécialement dédié à la finance
carbone au Maroc, l'Afrique qui espérait bénéficier du
faible
montant de ses émissions pour attirer les capitaux du
Mécanisme pour le développement
propre est néanmoins victime d'un manque
d'intérêt. Ce manque d'intérêt s'explique,
d'après
les experts, par les conditions généralement peu
propices aux investissements qui règnent en
Afrique, notamment la pénurie d'organismes financiers
et commerciaux performants et
l'insuffisance des moyens administratifs et de gestion du
continent.124Une excuse un peu trop
facile pour un continent qui n'abrite 13,8 % de la population
mondiale et qui ne consomme
que 2,3 % de l'énergie fossile utilisée chaque
année dans le monde.
Avec l'argument du « climat des affaires non-propice
», les objectifs des accords
de Kyoto qui étaient mettre en place un système
répressif sur base du principe Pollueur-
Payeur se défini en Afrique comme un
système de « Non-pollueur-Payeur » ; «
nonpollueur...
» Considérant la quantité minime de ses
émissions et, « ...payeur» car l'Afrique
paye de sa capacité de développement.
124 KOM TCHUENTE (F), op cit, p.5
70
De ce qui précède, il se dégage que le
marché-carbone présente des failles qu'il
convient de colmater pour après 2012, date de la fin de
la première période d'engagement. Le
point suivant sera l'occasion de mettre en exergue certains
éléments qui devront être pris en
compte pour cette réforme.
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