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Droit international et changement climatique. Impact des marchés-carbone sur la protection de l'environnement.

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par Cédric Jean-Jacques TWANA SHERIYA
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

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SECTION II. LES EFFETS DU MARCHE-CARBONE SUR LA PROTECTION

DE L'ENVIRONNEMENT

Parler des effets du marché-carbone dans la protection de l'environnement appelle

la question de leur efficience dans la problématique de la réduction des GES.

En effet, la consécration par le Protocole de Kyoto des mécanismes de flexibilité,

et des marchés-carbone par la même occasion, résulte de la nécessité d'une réduction des

GES dans le but d'une stabilisation de la température globale de l'atmosphère à un certain degré.

Permettre aux Etats industrialisés de respecter leurs engagements respectifs et aux PED

de se développer de façon durable, tel était l'esprit des dispositions du Protocole consacrant

ces mécanismes.

Mais qu'en est-il pour l'instant ? Les marchés du carbone ont-ils permis

d'atteindre ce double objectif ? Après avoir analysé si les marchés-carbone contribuent vraiment

à la réduction des GES (§1), il sera question d'aborder la problématique du développement

des PED, question de voir si les marchés-carbone permettent réellement leur développement

durable (§2).

§1. De la réduction des GES par les marché-carbone

« Afin de remplir ses engagements au titre de l'article 3, toute Partie visée à

l'annexe I peut... ». Tel est le libellé de l'art.6 du protocole. Dans la même optique, l'art.17

note que « ... Les Parties visées à l'annexe B peuvent participer à des échanges de droits

d'émission aux fins de remplir leurs engagements... », le §2 de l'art .12 va aussi dans sens

«... d'aider les Parties visées à l'annexe I à remplir leurs engagements chiffrés de limitation et

de réduction de leurs émissions prévus à l'article 3... ». La lecture combinée des ces trois articles

nous permet d'affirmer sans équivoque que les mécanismes de flexibilité ont été insti-

104 GUIGON (P), Etat et tendances du marché-carbone 2012 : résume analytique, Washington (DC), Banque

mondiale, 2012, p. 3

61

tués dans le but premier de permettre aux Parties de tenir leur engagement et l'objectif des

marchés du carbone est d'inciter à réduire les émissions de CO2.

Ces incitations peuvent influer à la fois sur les décisions à court terme des principaux

acteurs du marché et sur celles de long terme. À court terme, elles encouragent les industriels

des pays de l'annexe b à diminuer tout de suite leurs émissions en utilisant les technologies

mobilisables et les réserves de capitaux disponibles. À long terme, elles ont un impact

sur les décisions d'investissements des chefs d'entreprise prises au fil du temps. Si les

incitations à long terme conduisent les dirigeants à tenir compte des prix du carbone lorsqu'ils

planifient de nouveaux investissements en capital, elles peuvent avoir des effets durables sur

l'économie.105 Mais Qu'en est-il ?

La réponse à cette question ne peut être catégorique car s'il est vrai que le bilan

des marché-carbone reste mitigés (2), on a quand même observé - surtout en ce qui concerne

l'EU ETS - des réductions limitées mais significatives (1).

1. Des réductions limitées mais significatives...

Bien que les recherches se poursuivent sur la question et que les rapports concernant

la deuxième phase (2008-2012) du marché-carbone européen ne sont pas encore publiés,

les premiers résultats vont dans le sens d'une diminution modérée enregistrée entre

2005 et 2006, dans le droit fil des modestes ambitions de plafonnement imposées pendant la

première phase. Comme le fait remarquer Barbara BUCHNER dans une de ses analyses :

«...D'un point de vue plus général, trois observations permettent de tirer la conclusion vraisemblable

que les émissions ont été légèrement réduites :

- Les émissions de CO2 ont coûté aux pollueurs en 2005-2006, ce qui aurait eu pour

conséquence de diminuer les émissions au fur et à mesure que les entreprises

s'adaptaient à la nouvelle réalité économique. L'expérience montre d'ailleurs que

les entreprises ont pris en compte le prix du CO2, en particulier dans le secteur de

l'énergie.

- La production réelle a augmenté dans l'UE à un rythme relativement soutenu en

2005-2006, ce qui laisse supposer, si l'on se réfère à l'intensité des émissions de

CO2 qui va traditionnellement de pair avec les taux historiques de croissance du

105 CONVERY(F), ELLERMAN(D) & DE PERTHUIS(C), Le marche européen du carbone en action: enseignements de

la première phase, Paris, CEEPR, 2008, P. 18

62

secteur de l'énergie, que les émissions auraient été plus élevées ou tout au moins

se seraient maintenues au même niveau que les années précédentes.

- Les émissions enregistrées en 2005-2006 ont été plus faibles que le niveau des

émissions indiquées par le SCEQE en 2002-2004, même si on constate une tendance

vraisemblable à la hausse dans les données antérieures à 2005. »106

Elle estime qu'avec le SCEQE, la réduction des émissions de CO2 peut raisonnablement

être évaluée entre 50 et 100 Mt par an, soit de 2,5 à 5 % de moins que si le système

n'existait pas.107

Les résultats d'une étude plus ciblée réalisée sur les secteurs allemand et britannique

de l'électricité confortent le constat d'une réduction modeste. En effet, en Allemagne,

on observe un changement dans la production d'électricité : le lignite très polluant est

remplacé par le charbon plus propre, et on a davantage recours à la biomasse. Au Royaume-

Uni, on utilise davantage le charbon dans la production d'électricité aujourd'hui, et moins le

gaz naturel malgré le nouveau prix du carbone, en raison d'une baisse de la production nucléaire

et des prix exorbitants atteints par le gaz naturel en 2005 et au début de 2006. Pourtant,

il est probable que la production d'électricité à partir du charbon eût été encore plus importante

s'il n'y avait pas eu un prix à payer pour le CO2. De même, on a constaté une nette amélioration

de l'efficience de la production d'électricité dans les centrales à charbon en termes

d'émissions de CO2, qui pourrait être due à l'utilisation accrue de la biomasse ou à un meilleur

rendement énergétique obtenu à la suite de l'envolée des prix du charbon nécessaire pour

produire de l'électricité.108

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo