1.2 Définition du secteur informel
Plusieurs tentatives de définition ont
été données au secteur informel. Vont être
présenté succinctement les définitions
multicritères, la définition fonctionnelle et la
définition internationale adoptée en 1993.
1.2.1 Définition multicritère
La définition multicritère se fonde ou s'inspire
généralement de la théorie classique de la concurrence
(atomicité et fluidité du marché des produits et des
facteurs de production). Cette approche voit dans le secteur informel une
illustration de l'économie de marché, « pure et parfaite
», mais segmentée, c'est-à-dire non directement
reliée au marché officiel, moderne.
La plus connue de ces définitions est celle
proposée par le rapport du BIT sur le Kenya qui comprend sept
critères :
+ facilité d'entrée ;
+ marchés de concurrence non réglementés
;
+ utilisation de ressources locales ;
+ propriété familiale des entreprises ;
+ petite échelle des activités ;
+ technologies adaptées à forte intensité de
travail ;
+ formations acquises en dehors du système scolaire.
Si tous ces critères concourent à la
définition d'un marché de concurrence, certains d'entre eux sont
relativement complexes et ne sont pas susceptibles d'observation simple. Ainsi
certains auteurs se sont efforcés de les décomposer en
critères plus simples et plus concrets : S. V. Sethuraman (1976) cite
comme conditions d'appartenance au secteur informel :
+ l'emploi de 10 personnes au plus ;
+ la non-application des règles légales et
administratives ;
+ l'emploi d'aides familiales ;
+ l'absence d'horaires ou de jours fixes de travail ;
+ l'absence de crédits institutionnels ;
+ une formation scolaire des travailleurs inférieure
à six ans ;
+ et pour certaines activités : l'absence d'énergie
mécanique et électrique, le caractère
ambulant ou semi-permanent de l'activité.
1.2.2 Les définitions fonctionnelles
La grande critique de ces définitions
précédentes c'est la réglementation du marché de
travail et la méconnaissance des interactions qui caractérisent
un système économique. Ce sont néanmoins les
définitions fonctionnelles (connues sous l'intitulé de petite
production marchande) qui mettent au centre de leurs préoccupations ces
interrelations entre les deux secteurs que l'analyse ne doit pas dissocier : le
rôle joué par la petite production marchande dans le
développement du capitalisme (ou du moins le maintien de sa
rentabilité) ; la détermination de son existence, par les besoins
du capital, qui constituent l'aspect principal de l'analyse.
Le secteur informel est alors défini comme une
réserve de main-d'oeuvre dans laquelle le secteur moderne puise la force
de travail dont il a besoin et rejette celle dont il n'a plus l'utilité,
comme un lieu de reproduction à moindre coût de la force de
travail.
Les keynésiens et les monétaristes, quant
à eux, ne semblent pas avoir énoncé d'analyse
particulière du phénomène
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