Formation en informatique. Ouverture sociale et sexisme. Le cas Epitech.( Télécharger le fichier original )par Clémentine Pirlot Université Paris VII Diderot - Master II Sociologie et Anthropologie option genre et developpement 2013 |
4.2 Actions des entreprises pour une meilleure représentation des femmesDe grandes entreprises comme le géant Google ou le site Etsy montrent aujourd'hui une réelle volonté de recruter des femmes et de faire en sorte qu'elles ne partent pas. Un article80 décrit le processus qui a permis à Google de devenir « un endroit où il fait si bon travailler », après avoir vu un grand nombre de ses employées quitter l'entreprise. En découvrant que les femmes partaient en masse de leur entreprise, Google ne s'est pas tant inquiété de l'égalité, que du coût que des nouveaux recrutements engendraient : « le fait que les femmes désertent l'entreprise n'était pas uniquement un problème de parité, mais surtout un souci pour le bénéfice net de l'entreprise. » Le département de ressources humaines de Google a découvert que la problème était lié à la maternité, car « les femmes qui venaient d'avoir un enfant quittaient l'entreprise à une fréquence double de la moyenne. » En 2007, Google augmente donc le congé maternité qui passe de douze semaines à cinq mois pour les employées de Californie, « avec 100% de leur salaire, la prise en charge à 100% des cotisations retraite et maladie, et l'autorisation de répartir ces congés à la carte, afin par exemple d'en prendre une partie juste avant la date de l'accouchement » et offre sept semaines de congé maternité aux autres employées partout dans le monde. Avec ces mesures, le nombre de départ des jeunes mères a diminué de 50%, ce qui a fait économiser de l'argent à Google, malgré l'argent supplémentaire dépensé pour les congés maternités. Les ressources humaines de Google étudient chaque aspect de la vie de l'entreprise et de ses employé.e.s, jusqu'au meilleur temps d'attente à la cafétéria. On peut regretter que la volonté de garder leurs employées soit uniquement due au coût des recrutements, et pas à un désir d'égalité, mais le résultat est tout de même intéressant et contribuera à donner des modèles féminins d'identifications, et à améliorer la carrière de nombreuses femmes. 80 http://www.slate.fr/story/67685/google-la-boite-bonheur Le PDG d'Etsy, une entreprise informatique a récemment expliqué lors d'une une conférence81 comment Etsy avait augmenté le nombre de ses ingénieures par 500% en seulement un an. Etsy est un site de vente en ligne permettant à des personnes fabriquant des objets de les vendre sur toute la planète. Contrairement à Google, le PDG d'Etsy dit avoir souhaité embaucher plus de femmes par désir d'égalité et de diversité. Mais, même en faisant de l'égalité une priorité, les résultats n'ont pas tout de suite été au rendezvous. Le PDG explique que plusieurs éléments barrant la route aux femmes avaient été identifiés : le fait que les femmes et les hommes travaillaient chacun.e.s de leur côté, c'est-à-dire qu'une réelle ségrégation spatiale s'était installée, le fait que les entretiens d'embauche étaient défavorables aux femmes à cause du décalage entre le poste recherché et les questions posées. Etsy a également découvert qu'il était plus difficile de recruter des femmes ayant une grande expérience et a donc décidé de se concentrer sur le recrutement de jeunes ingénieures. L'entreprise a créé une bourse pour les ingénieures qui souhaitaient aller à la « Hacker School », un programme de trois mois permettant de devenir un.e meilleur.e ingénieur.e. Le PDG explique que des études ayant prouvé que les personnes étaient meilleures en mathématiques et en sciences lorsqu'une classe comprenait une moitié de femmes, Etsy a exigé que, dans son programme, une stricte parité soit respectée. Certain.e.s des participantes à la Hacker School se sont vu.e.s proposer un poste à la fin du programme. Grâce à ce programme, Etsy employait, au moment de la conférence, 18% d'ingénieures, soit quatre fois et demie plus que l'année d'avant. Le cas d'Etsy, comme celui de Google, montre donc que le nombre d'employées dans les entreprises informatiques peut être relevé avec des mesures simples mais efficaces. L'utilisation de quotas s'est avérée, dans le cas d'Etsy, très efficace, bien que les quotas et l'action positive en générale suscitent de vives critiques en France, son efficacité semble en faire un outil très intéressant. Pour C. Delphy, « l'action positive provoque une forte résistance en France. Cette résistance ne peut être mise que sur le compte de la défense des privilèges des groupes dominants » (Delphy, 2008), les actions positives seraient donc probablement moins faciles à développer dans les formations d'informatiques, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne seraient pas faisables. |
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