Formation en informatique. Ouverture sociale et sexisme. Le cas Epitech.( Télécharger le fichier original )par Clémentine Pirlot Université Paris VII Diderot - Master II Sociologie et Anthropologie option genre et developpement 2013 |
4. Conditions de travailLes conditions de travail varient selon que les étudiant.e.s sont AER, asteks, koalas, bocalien.ne.s ou permanent.e.s de labo, mais certain.e.s enquêté.e.s ont abordé leurs propres conditions de travail. Les bocalien.ne.s qui n'étaient que des garçons jusqu'à l'arrivée de Marie passent un temps considérable à l'école, car il faut qu'une personne soit disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 pour veiller sur le réseau informatique et parer aux situations urgentes. Marie me confie que « s'ils ont une nuit de garde le lundi ça veut dire qu'ils restent de 9:00 le lundi matin jusqu'à 19:00 le mardi soir je sais pas si c'est très légal ils sont embauchés en tant qu'auto-entrepreneur donc c'est différent. » Pour les autres, les conditions de travail semblent être en train de changer. Marc, qui est astek confie : « jusqu'à maintenant, en fait ils [les responsables] disaient : « oui on a besoin de gens pour faire ça » et si tu es disponible, tu y vas, ou tu n'y vas pas s'il y a trop de gens qui postulent. Et ils essayent de faire tourner les effectifs. Du coup, apparemment, ça va changer. Il va y avoir un minimum d'heures, et tu ne choisiras plus, tu feras les heures qu'on te dira. Et d'ailleurs moi je ne veux pas être astek comme ça, et d'ailleurs à mon avis, ils vont en perdre pas mal, je ne sais pas s'ils vont avoir assez d'asteks parce que c'était un peu ça les avantages du truc, il y en a plein qui font un peu un part time, et qui sont quand même astek à côté quand ils ont le temps. Ça arrondit les fins de mois.» Marc a connu la transition de travail non déclaré à salariat déguisé en auto-entreprenariat : « maintenant c'est de l'auto-entreprenariat. Et du coup, tu es payé à l'heure. Avant, ce n'était pas de l'auto-entreprenariat mais c'était le même système de fonctionnement, tu étais payé à l'heure. Ils considéraient, une soutenance de 5h payées 15 € de l'heure. Et une journée de soutenance c'était 9h.» Les conditions de travail des asteks semblent assez éprouvantes, durant les périodes de « piscine » c'est-à-dire les quelques semaines intensives propres à Epitech, « c'est 10h par jour, six jours par semaine. C'est fort quoi, mais ça paye bien à la fin quoi. Ça fait plaisir quand le salaire tombe. Encore, c'est pour nous, les élèves c'est pire ! Les élèves, ces 9h minuit qu'ils font. Il y a une team le matin une team le soir, et ça se croise l'après-midi en fait. Donc nous, il y avait une team qui faisait 9h-19h. Et du coup les autres, ils font 12h minuit. Ce qui fait que l'après-midi, il y a tout le monde qui est là, il y a plein de gens et le matin, il y a un peu moins de monde et le soir, il y a un peu moins de monde. Et du coup, ça fait des journées de 10h. » On comprend bien que de tels horaires et conditions de travail sortent du cadre légal et peuvent difficilement être pratiquées sans risque. Les étudiant.e.s l'ont bien compris et n'acceptent pas tou.te.s ces conditions et ce nouveau statut, certain.e.s osant même critiquer ouvertement la direction de l'école. 52 |
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