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Le management des professionnels d'un établissement d'accueil pour personnes à¢gées : intérêts et limites des méthodes spécifiques au coaching.

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par Christelle JUSTES
UPEC - Université Paris Est Créteil - Master : Intervention et Développent social parcours Direction d?établissement et de services pour personnes âgées  2016
  

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B) Quelle est la définition que les personnes interviewées donnent au coaching?

Christophe avait déjà dans l'idée d'aider les personnes au travail, il a très vite su qu'il voulait être consultant et utiliser cette approche coaching car ce qui l'intéressait dans cette approche, c'est qu'elle n'était pas basé sur du soin, comme le travail que fait le psychologue, mais sur l'affirmation de soi et la compétence professionnelle. Il dit qu'il n'a pas suivi de formation car il s'est servi de sa personnalité, de ses intuitions et parle de son métier d'ingénieur à ce sujet: « moi c'est plus mon métier d'ingénieur qui opère, une analyse très rationnelle des choses, une observation. J'en déduis un certain principe de comportements, ce que génère l'agressivité, ce que génère l'écoute, c'est de la sociologie en fait je pense. ». Ce qui lui permet alors d'avoir des clés de compréhension, de comprendre mieux ce qui se passe pour la personne et de pouvoir donc l'aider à y voir plus clair « à trouver son chemin » pour reprendre ses mots. Effectivement nous pouvons remarquer chez Christophe cette capacité d'analyse logique, méthodique et raisonnable et il l'exprime parfaitement quand il dit que son travail de coach est très technique et non psychologique: « en fait je n'interviens qu'à partir du moment où j'ai un objectif opérationnel clair, d'efficacité collective, d'excellence, de qualité, de performance ». C'est pour cette raison qu'il explique ne pas avoir besoin d'être supervisé car il s'évalue sur le résultat. Il dit « en fait je suis supervisé par mes clients ». Si la mission est réussie et que la personne coachée arrive à gérer ce qui était difficile pour elle, alors c'est qu'il a utilisé les bons outils sinon il s'adapte aussitôt et utilise de nouveaux outils, de nouvelles approches. Christophe n'a pas eu de formation spécifique cependant il dit qu'il a eu des influences, qu'il a pioché des idées à droite et à gauche, il l'explique ainsi: « c'est plus ce qu'on m'a dit d'un livre qui m'a intéressé que de le lire. Parce qu'il ne me semble pas qu'on soit arrivé encore à une connaissance de l'humanité telle que l'on puisse proposer un schéma global. Quand je lis un livre je trouve que c'est trop exclusif ou trop finalisé, trop fermé par rapport à la vision de la personne qui l'a écrit, j'aime bien que ça reste ouvert. Trop schématique, trop modélisé, moi j'aime bien en revanche me dire « tiens cette personne a perçu ça, son idée est intéressante » Christophe ne se formate pas sur une idée

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précise, il écoute toutes les idées, les analyse avec son esprit logique, les teste sur les clients et voit si cela fonctionne. On retrouve son côté très rationnel. Il explique bien que certaines approches peuvent réussir sur un client et pas sur un autre: « L'humanité est tellement complexe que finalement il y a des angles d'approches et c'est très intéressant. Quand on a compris ça, les choses s'éclairent... pour être plus lucide sur ce qui se passe ». Christophe précise que le coach doit effectivement être lucide mais que cela ne donne pas forcément de la pédagogie. Il dit se servir également beaucoup d'outils de développement personnel comme la PNL et l'analyse transactionnelle, les utiliser par bribes également et ne les utiliser qu'à partir du moment où il les a vérifiés. Certaines approches de développement personnel lui paraissent effectivement très intéressantes notamment pour maitriser la dimension émotionnelle. Pour Christophe tous ces outils sont avant tout des outils de compréhension de l'être humain plus que des outils d'action. Il s'est ouvert à toutes ces approches de compréhension de l'être humain pour se faire sa propre « palette d'outils » qu'il a lui--même expérimenté et qui ont fonctionné. Christophe reste dans l'ouverture, il ne classe pas l'être humain, ce qui lui permet de rester dans le respect et la bienveillance: « Il y a une règle pour moi qui est impérative et bien au delà, c'est le non jugement, c'est l'absence total de jugement. Même si la personne raconte des horreurs, ce n'est pas mon rôle de juger, moi je suis à recevoir la personne, c'est l'accueil. ». Il précise qu'à travers l'accueil, la personne peut alors prendre conscience de ses attitudes et ses actes. On comprend ainsi que l'accueil est également un outil. Quand, dans son livre « les managers de l'âme », Valérie Brunel insiste sur la posture « intelligente » qui est de ne pas interpréter mais d'observer les faits et de les formuler avec tact et respect, cela rejoint, à mon avis, ce concept de non jugement.

D'ailleurs, concernant le positionnement du coach, Christophe met bien en avant l'humilité, il dit « Il faut beaucoup d'humilité et être très centré sur l'enjeu de la personne qu'on a en face de soi ». Il explique que cela demande beaucoup d'énergie et qu'il est plus important pour le coach de se ressourcer que d'être supervisé. Il précise sa pensée en indiquant qu'il s'est rendu compte que le coaching le plus efficace n'était pas forcément le coaching le plus intellectualisé, il rajoute d'ailleurs : « C'est à dire que c'est, un moment donné, de l'énergie. On sent qu'il y a de l'angoisse, du stress, du déni, de la mauvaise foi, qu'on nous raconte des salades et tout ça, qu'il y a beaucoup de stress, que ça part dans tous les sens, donc la seule chose à faire est d'arriver à se recentrer soi même, de se poser et d'attendre que ça passe », il a fait l'expérience que cela permettait de revenir dans la

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réalité et d'être plus sensé. On retrouve encore sa rationalité qui permet de travailler sur des faits et calmer et/ou gérer alors les émotions. Il rajoute: « Petit à petit la personne commence à reprendre des repères un peu plus solides et des fois il faut accepter de rentrer dans le trouble, d'aller dans la désorientation, émotionnelle, ou intellectuelle, de la personne, plutôt que de l'empêcher de faire des bêtises. L'accompagner la dedans et la rejoindre là où elle est sensée.... ou elle a besoin d'un avis sensé ». On comprend alors mieux pourquoi Christophe dit que le coach doit rester calé dans sa propre dimension. Nous avons vu que grâce à son métier d'ingénieur qui a induit sa logique rationnelle, Christophe peut alors ramener à la réalité le tourbillon émotionnel que vit la personne et ainsi travailler de façon méthodique sur l'affirmation de soi et les compétences professionnelles. Pour cela Christophe s'appuie sur des éléments basés sur le développement personnel ou sur son expérience factuelle et utilise diverses approches. Il utilise comme levier la pensée suivante: « sortir de l'enfance et devenir adulte ». Pour cela, il va se servir de méthodes qui développent la posture adulte. Par exemple il va travailler sur le sens, il dit: « ce qui donne du sens, c'est pas moi, c'est l'autre ». Son idée étant de sortir de soi pour se centrer sur l'enjeu de quelqu'un ou d'une société. Il va également travailler sur l'autonomie, il confirme: « pour moi l'autonomie est au coeur du processus ». Il va alors aider la personne pour qu'elle se construise et trouve ou retrouve son autonomie, notamment pour renforcer sa relation à l'autre. Comme l'exprime Christophe, si la personne perd son autonomie, elle n'est plus en relation et fait alors simplement ce qu'on lui demande. Nous comprenons bien le cheminement logique de passer de l'enfance à l'adulte. L'enfant fait ce qu'on lui demande alors que l'adulte intègre les enjeux et fait des choix responsables. Pour renforcer cette dimension, Christophe nous renvoie également sur la question du positionnement et donc du rôle. Il nous explique qu'elle est fondamentale dans la notion de responsabilité. Il précise: « ce qui fédère l'équipe c'est la mission commune, mais par rapport à cette mission commune la cohésion se construit, se fait dans la notion d'interdépendance. Donc on a besoin les uns des autres mais pour avoir besoin les uns des autres, il faut savoir qui fait quoi ou qui est responsable de quoi. ». Nous retrouvons ainsi parfaitement le positionnement adulte.

Nous découvrons chez Sonia certains mots et/ou une approche similaire ou complémentaire à la vision de Christophe. Je vais les détailler ci--après.

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La première phrase que dit Sonia quand elle parle du coaching est: « c'est un outil qui prenait en compte les salariés, c'est un outil bienveillant, c'est un outil qui appuie beaucoup sur l'autonomie et la responsabilité ». Nous retrouvons cette approche concernant la notion de l'autonomie. Cependant Sonia l'exprime différemment, elle met davantage en avant la reconnaissance des ressources des salariés mais en tant qu'être humain avant tout, dans le sens du vivant, de l'existentiel. Elle exprime qu'elle s'est rendu compte qu'en considérant la sensibilité de l'être humain, son savoir être, ses capacités de compréhension et ses ressources alors les salariés se sentaient davantage exister et respectés, elle ajoute qu'elle s'est rendue compte: « qu'ils devenaient matures, professionnels... et le coaching apporte ça en fait. ». Valérie Brunel, dans son livre « les managers de l'âme » rejoint cette idée en parlant de la technique d'influence. Cette technique, permettant au manager de n'être ni autoritaire ni menaçant, reconnaît le salarié dans sa capacité de compréhension de la problématique.

Nous retrouvons également dans les propos de Sonia l'approche sur la maturité, le mode adulte. Pour Christophe cette pensée est un levier sur lequel appuyer son accompagnement pour atteindre la mission commune, pour Sonia c'est un but à atteindre pour permettre à la mission commune de se réaliser car elle précise que le personnel se sent alors plus concerné: « l'importance de l'autonomie pour moi est lié à l'importance de la responsabilité et donc la personne se sent exister et concernée et je pense que tout le monde à besoin de se sentir exister ». Par ailleurs, nous retrouvons également cette notion d'existence dans les propos de Christophe quand il met en avant la question de s'inscrire dans l'histoire de l'humanité, de donner sa contribution personnelle en tant qu'être humain.

Contrairement à Christophe, Sonia a effectué une formation pour devenir coach professionnelle. Elle parle également de divers outils qu'elle utilise dans son coaching. Elle nomme deux exemples d'outils de développement personnel, la PNL et l'analyse transactionnelle identiques à ceux qu'utilise Christophe. Et, pareillement elle parle de ces outils comme d'une aide pour mieux comprendre l'être humain, elle dit: « en coaching on utilise un peu de tout ça, on n'est pas des praticiens de la PNL ou autre, on est petit praticien de tout, on utilise les bases de tout pour comprendre ce qui se passe chez l'être humain, ou il en est, comment il fonctionne, connaître ce qu'il se passe chez l'être humain, en terme de croyance, ou de positionnement, de psychologie, on a besoin de comprendre tous ces aspects pour savoir comment l'aider, avec notre art du

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questionnement». Effectivement, elle rajoute comme outil « l'art du questionnement ». Elle en donne la définition suivante : « comment questionner quelqu'un avec bienveillance et humilité pour l'amener à réfléchir et aller au plus profond de lui même pour aller chercher ses ressources et sa façon... et ses croyances limitantes et positives, qu'il en prenne conscience pour pouvoir les modifier ou les renforcer ». Sonia nomme cet outil de par sa formation. Christophe, n'ayant pas eu de formation, l'utilise également de façon intuitive sans le nommer.

Dans la posture du coach, on retrouve le mot « humilité » qu'utilise également Christophe ainsi que la notion de bienveillance, Christophe quand à lui parle de non-- jugement.

Sonia confirme aussi l'utilité de travailler sur le sens et le positionnement des rôles, elle en parle avec des mots différents et en même temps complémentaires de ceux de Christophe. Concernant le sens, elle part du principe que personne ne doit faire quelque chose juste parce qu'on le lui demande. Elle précise que tout s'explique : « vous signez tel contrat, pourquoi, à quoi il sert, la loi, au niveau de l'entreprise, on a besoin que vous soyez là de telle heure à telle heure car nous avons besoin de quelqu'un pour s'occuper des résidents, pour quelles raisons, etc... Déjà rien qu'au niveau du contrat, ensuite au niveau du cadre, de l'organisation, pourquoi nous avons mis cette organisation en place, en quoi elle est intéressante par rapport à nos résidents, à leurs besoins, etc ». En ce qui concerne le positionnement des rôles, Sonia explique qu'il est important de reconnaître et comprendre l'importance de son rôle pour éviter ce qu'on appelle « les glissement de tâches », c'est à dire ne plus faire son travail mais faire celui de son collègue, elle détaille: « ou quelqu'un va plus s'occuper du travail de l'autre et le fait de repositionner chaque salarié dans son rôle c'est redonner de l'importance à son rôle, qu'il reconnaisse l'importance de son rôle, en quoi c'est intéressant qu'il ait ce rôle là, en quoi on ne peut pas se passer de ce rôle là, et ça lui permet du coup de retrouver une sensibilité importante dans son travail ». Nous retrouvons l'approche de Sonia dans son coaching, qui est que le salarié se sente reconnu et vivant pour pouvoir alors devenir responsable, mature et concerné par la réussite de la mission commune.

L'interview de Jessica nous apporte un premier élément différent. Effectivement elle dit que le coaching est un outil de développement personnel alors que Christophe et Sonia nous disent utiliser des outils de développement personnel pour faire du coaching.

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Jessica nomme d'ailleurs de nouveaux outils de développement personnel qu'elle utilise en coaching, comme l'ennéagramme, la sophrologie, la procès communication.

Jessica apporte également un élément nouveau concernant la notion de sens donné à l'action. Pour elle, c'est effectivement essentiel, et c'est avant tout le b.a.--ba d'un manager. Par ailleurs, Jessica rejoint aussi l'idée de devoir repositionner les salariés dans leur rôle et notamment pour que les personnes âgées sachent vers qui se tourner. Dans son approche coaching, elle travaille aussi sur l'autonomie et emploi un langage différent de Sonia et Christophe, elle dit que le salarié peut et doit développer l'innovation, sa créativité et son bon sens. Elle rajoute un élément que Christophe a aussi mis en avant: le cadre doit avant tout être bien clair et posé.

Dans son livre « les managers de l'âme », Valérie Brunel exprime très bien cette dernière pensée. Elle affirme qu'il est évident que les contraintes sociales, organisationnelles et managériales sont responsables des échecs et des réussites et non uniquement les conduites du salarié.

Et pour revenir au sens et à la reconnaissance qu'apporte cet approche coaching, dans son livre « Donner et Prendre », Norbert Alter exprime que le déficit de reconnaissance de l'entreprise envers ses salariés s'associe au déficit de sens. Ce qui instaure une perte de bonne volonté, d'énergie et un mauvais climat social. Cela confirme alors la question de l'utilité du coaching, pour l'entreprise, de travailler sur la notion du sens donné à l'action et la reconnaissance du travail et des travailleurs.

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