E. L'AMBIGUITÉ DU DON
Norbert Alter démontre cette ambiguité.
Le don est un principe de générosité,
cependant c'est aussi un moyen stratégique d'obtenir des avantages, ce
peut être un don égoïste. Le don peut alors devenir un
échange économique: « je te donne ceci car je
désire que tu me donnes cela », à valeur
équivalente.
La personne recevant le don peut également
décider de le prendre et de ne pas faire de contre don. L'auteur nous
explique alors le sentiment de trahison et la fin de la coopération.
Norbert Alter met en avant que cette coopération n'est
pas contradictoire avec la concurrence. Les individus pratiquent alors le don
égoïste, pour obtenir des informations qui leur permettent
d'être le « meilleur » dans l'entreprise. Il dit: « La
concurrence amène à se rapprocher de celui que l'on cherche
à séduire, à se lier à lui, à étudier
ses forces et ses faiblesses et à s'y adapter » (page 61).
En revanche, la coopération et le conflit sont
totalement en opposition, chacun ne recherchant qu'à détruire
l'autre avant même l'idée de glaner des informations: «
la situation de concurrence suppose de préserver la capacité de
coopération et donc ne pas entrer en conflit» (page 62), nous
dit l'auteur.
38
F. LA NOTION DE CONFIANCE
Norbert Alter insiste aussi sur la notion de confiance. Il
explique que la confiance n'est pas synonyme de sincérité mais de
loyauté.
La coopération demande de la confiance des deux
individus. De même qu'un manager ne peut faire du « coaching
management » que s'il a la confiance de son salarié.
Si le salarié apprend que son manager ne donne pas les
mêmes droits à chacun, il ne pourra plus coopérer (notion
de loyauté, d'honnêteté).
G. LES ÉMOTIONS
Norbert Alter explique que l'échange social ne peut se
réaliser pleinement que par l'existence d'émotions positives.
Le partage des émotions donne le sentiment d'exister et
du sens à l'action. Il représente un puissant vecteur
d'intégration sociale nous dit l'auteur: « Le sentiment
d'exister semble, de ce point de vue, avoir plus de valeur que l'échange
social lui-même. « Donner » mobilise peut être plus que
« donner à l'autre ». (page 134).
Norbert Alter cite le témoignage d'opérateurs
qui disent préférer travailler avec une personne avec laquelle
elles éprouvent du plaisir, de la joie à échanger et que
cela permet de renforcer encore plus la coopération professionnelle.
Elles disent ne donner que le minimum à des collègues moins
sympathiques.
Norbert Alter fait remarquer que certains donnent et
n'attendent rien de spécial en retour. A cet instant se trouve la notion
de plaisir : travailler au nom du lien, donner à la collectivité
pour un bien être général est source de « contre don
».
Alors l'émotion positive ressentie quand on donne est
à elle seule un « contre don ». A ce moment là, le don
n'est pas offert à un autre mais à un tiers qui redistribue les
richesses. C'est le plaisir de la fusion dans un être collectif.
Les émotions guident la rationalité en lui
fournissant un sens et une orientation. L'émotion permet donc de
distinguer l'avantage ou l'inconvénient d'une fréquentation par
exemple: Si je suis heureuse de partager avec cette personne alors je renforce
cet acte. Si je suis en colère contre cette personne, je ferme la
relation.
Il y a bien un espace émotionnel qui se niche dans la
coopération.
39
|