B. LES ÉCHANGES SOCIAUX
Norbert Alter dit que ses recherches ont confirmé
l'hypothèse suivante: « l'entreprise fonctionne, produit et
innove parce que les opérateurs acceptent de s'ad-donner à ses
projets ». Et à propos du mal--être au travail:
« Il provient bien plus de l'incapacité de
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l'entreprise à reconnaître la valeur des dons
des salariés, la valeur de leur travail, que de sa volonté de
tirer le meilleur partie de leur contribution ».(page 10)
On peut alors penser que la procédure est
intéressante pour ne pas oublier un acte ou pour se rappeler une
manipulation technique ou quand on est seul et nouveau à un poste...
mais ne doit pas remplacer la réflexion et donc les échanges
sociaux. Pour reprendre un exemple dans une maison de retraite, quand certains
salariés préfèrent demander à un collègue de
l'aider à faire une toilette plutôt que de lire la
procédure qui explique comment faire une toilette, cela permet de mettre
en place cette coopération. Il en reste cependant que le salarié
« aidant » a donné de son temps de travail et a accepté
de mettre en place cette collaboration, qui sera efficiente pour l'entreprise.
Mais qu'en est-il de cette reconnaissance de la part de l'entreprise? Car ce
n'est pas inscrit dans la fiche de poste...
Comme le cite Norbert Alter: « Mais ces
procédures ne permettent pas à elles seules d'assurer de
manière effective la coordination des activités. Encore faut-il
que les opérateurs acceptent de coopérer pour leur donner du
sens, en faire usage et finalement les rendre efficaces. »(page
18)
Norbert Alter nous précise également que ces
échanges sociaux, permettant cette coopération, se mettent en
place et/ou se renforcent lors de regroupement informelle (autour de la machine
à café, en allant prendre une boisson après le travail, en
s'arrêtant quelques minutes dans le bureau d'un collègue pour
parler de choses et d'autres, etc...) Cependant l'entreprise appelle cela de la
« flânerie », une perte de temps, du non-professionnel: Les
salariés se rejoignent à la machine à café,
discutent, et pendant ce temps, le travail ne se fait pas. Cela pose un
véritable problème de management puisque ce sont ces «
flâneries » qui tissent le lien social, donc la coopération
et donc le travail en équipe et l'efficience professionnelle.
L'objectif du livre de Norbert Alter est de démontrer
que l'entreprise ne peut se passer d'échanges sociaux car ce sont ces
échanges qui permettent que l'entreprise fonctionne, que l'entreprise
gère des imprévus et continue malgré les
difficultés. Et non seulement grâce aux procédures.
Ces échanges sociaux passent par ce don précieux
que font les individus et qui est fédérateur.
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