Section 2: Les motivations et
les modèles de mesure de la gestion du résultat :
Nous allons essayer de traiter les motivations et les
modèles de mesure de la gestion du résultat tout au long de cette
section. Pour ce faire, nous allons décomposer cette section en deux
parties, la première va présenter les différentes
motivations de la gestion résultat et la deuxième portera sur les
modèles de mesures de la gestion du résultat proposés dans
la littérature.
2-1
Les motivations de la gestion résultat :
Plusieurs études ont montré que les entreprises
gèrent leurs résultats pour atteindre un résultat positif,
de cacher une diminution du résultat ou de se conformer aux
espérances des analystes financiers, Hribar et al (2006). Les
motivations de la gestion du résultat sont largement
développées dans la littérature comptable (Healy (1985),
De Angelo (1986), Jones (1991), Teoh et al (1998), Degeorges et al (1999)).
2-1-1 Motivations
fondées sur la théorie politico-contractuelle :
Plusieurs études théoriques et empiriques comme
(Parfet (2000), healy et wahlen (1999), Jeanjean (2011), Magnan (2003),
Stolowy et Breton (2003) et Pochet et Yeo (2004)) sont apparues pour expliquer
les facteurs qui encouragent les dirigeants à gérer les
résultats. Dans ce cadre Cormier et al (1998), ont affirmé que la
gestion des résultats présente plusieurs buts tels que : la
minimisation des coûts politiques, les contrats d'endettements, les
contrats de rémunérations.
2-1-1-1 La minimisation des
coûts politiques :
L'hypothèse des coûts politique qui dérive
de la théorie de réglementation initiée par Posner (1974),
avance que les entreprises dont la visibilité politique est importante
et qui sont confrontées à la possibilité de transfert de
la richesse imposées politiquement, ont tendance à choisir les
méthodes comptables qui leurs permettent d'évaluer les
résultats afin de réduire leurs visibilités politiques,
(Cornier et al (1998)). Dans ce cadre, Watts et Zimmermann(1978), ont
affirmé que les entreprises qui sont confrontées à des
contraintes politiques sont incitées à gérer leurs
résultats afin de limiter les coûts politiques. Pour cela, ce
processus politique est défini comme une lutte entre des personnes qui
cherchent à maximiser leurs intérêts personnels.
Pour mesurer l'intensité de ces coûts politiques,
plusieurs variables ont été utilisées tels que la position
concurrentielle, la taille, le risque ou l'appartenance à des secteurs
fortement concentrés. En retenant la taille des entreprises comme un
indicateur de la visibilité politique, ils concluent que les entreprises
de grandes tailles préfèrent les méthodes comptables qui
réduisent le résultat (Zmijewski et Hagerman, (1981); Richardson
et Morse (1983); Malmquist (1990); Patten et Trompeter (2001)). Ces chercheurs
supposent que les grandes firmes sont les plus sensibles politiquement que les
firmes petites taille, donc ces entreprises préfèrent
gérer à la baisse leurs bénéfices (Watts et
Zimmerman (1983,1986)). Ceci est justifié par le fait que les
gouvernements se préoccupent aux bénéfices
réalisés par les grandes firmes en se basant sur
l'hypothèse qui stipule que plus la firme est grande plus sa
capacité à financer le budget de l'Etat par le biais de
l'impôt est élevée, ( Raffournier (1990)).
Dans ce contexte, Hagerman et Zmijewski (1979) et bowen et al
(1981) montrent que les grandes firmes favorisent les méthodes
comptables qui aident à réduire ou retarder la déclaration
de revenus. Leur raisonnement est basé sur la conviction que les
bénéfices comptables élevés vont encourager la
réglementation à soumettre ces firmes à un transfert de
richesse.
Par ailleurs, le risque peut être utilisé comme
variables de mesures de la visibilité politique de la firme. En fait,
étant donné que la rentabilité de l'entreprise est
proportionnelle au risque, le gouvernement peut expliquée le
résultat moyen des firmes à risque élevé d'une
manière excessif, dans ce cas les firmes ont intérêt
à gérer leurs résultats à la baisse en vue de
minimiser les coûts politiques. Ainsi, l'Etat intervient dans le cas
d'une entreprise opérant dans un secteur fortement concentré et
qui possède un bénéfice très élèves
dont pour objectif d'assurer le respect de la concurrence, Olivier(2010) et
Mard et Marsat (2011).
Dans un autre contexte, les résultats de l'étude
de Watts et Zimmermann(1978) ont prouve que les contrôles des prix
influencent les revenus et les flux de trésorerie des firmes et vu que
ce contrôle est couteux, les décisions et choix comptables des
dirigeants vont être affectés à cause de cette intervention
réglementaire.
L'hypothèse des coûts politiques a
été validée dans le secteur pétrolier durant les
phases d'augmentation des prix. Dans ce contexte, les résultats des
l'études de Han et Wang(1998) aux Etats-Unis, Lim, Maltoczy (1999) en
Australie et Navissi (1999) en Nouvelle-Zélande sur un
échantillon des firmes manufacturières font preuve d'une gestion
du résultat à la baisse en réponse d'une série de
réglementation de contrôle de prix dans ces pays
caractérisés par un marché très
réglementé. En fait, ces firmes gèrent leurs
résultats à la baisse dans les périodes ou cours
desquelles elles pouvaient demander une hausse des prix. Donc ces études
soutiennent l'hypothèse selon laquelle les changements
réglementaires qui donnent le droit aux entreprises d'obtenir des
augmentations des prix sont un déterminant important d'une gestion du
résultat à la baisse, Mard et Marsat (2011).
Olivier (2010) souligne que le processus politique joue un
rôle important dans le cadre de la théorie des coûts
politiques car il constitue comme une concurrence du partage des richesses. En
effet, les entreprises qui sont soumises à des contributions politiques
réalisent des richesses plus élevés que les autres
entreprises. Selon la théorie politico-contractuelle les entreprises qui
procurent des coûts politiques choisissent les méthodes comptables
qui retardent la comptabilisation de leurs bénéfices.
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