La protection des biens culturels en droit international humanitaire( Télécharger le fichier original )par Francois Munguiko Kyuma UNIGOM - Licence 2013 |
3. La SyrieLa Révolution qui sévit en Syrie depuis le 15 mars 2011 met en péril le patrimoine culturel de ce pays. Plusieurs sites de ce pays inscrits au patrimoine culturel de l'UNESCO entre autres : les anciennes villes de Damas au centre du pays, Bosra au Sud, Alep au Nord y compris ses marchés historique (souks), Palmyre au milieu du désert, le Krak des chevaliers et le château de Saladin ainsi que les villes Byzantines du massif calcaire particulièrement bien conservés. Eglises, maisons aux linteaux sculptés, thermes, sont déclarés patrimoine mondial en péril depuis le 20 juin 2013. Plusieurs images de destruction et de pillage ont été enregistrées : lutte pour la citadelle d'Alep, combats dans la grande mosquée ; impacts de tir au mortier sur la façade du célèbre temple de Bel à Palmyre99(*). Selon les informations à notre possession, sur les trente huit musées que comptent le pays, une douzaine d'entre eux a déjà subi des dommages. Celui de Doura Europos a vu ses portes et ses fenêtres arrachées. Celui de Qalà at ja'abar, a été pillé. Les sites archéologiques comme Ebla ou Doura Europos, la vallée des tombeaux à Palmyre, fort l'objet des fouilles clandestines effectuées par des bandes bien organisées. Une des raisons les plus importantes du conflit en Syrie est la révolte de la population contre une féodalité esclavagiste qui l'a privée de ses droits fondamentaux. Les Syriens se battent aujourd'hui pour des projets confessionnels dissimulés sous une couverture politique. Les conflits sociaux ont toujours des dimensions multiples qu'elles soient internes (religieuses, confessionnelles, ethniques, sociales et/ou externe et internationales). Parler de guerre civile à propos de la Syrie revient à lire les événements selon les postulants suivants : - Il s'agit d'un combat égal entre les deux parties, chacune cherchant à prendre le Pouvoir par la violence ; - Chaque partie armée est alimentée par des puissances régionales et internationales qui ont des intérêts contradictoire ; - Les Syriens mènent une guerre fondamentaliste, les Sunnites affrontent les autres communautés minoritaires. La révolution Syrienne s'inscrit dans une dynamique populaire qui s'est diffusée dans la région aspirant à libérer les peuples de l'emprise des régimes tyranniques et corrompus de Bashar Al-Asad. Qualifier ce qui se passe en Syrie de guerre civile revient à réduire une situation complexe à des combats entre l'armée dite régulière et l'Armée Syrienne libre. L'ICOMOS appelle toutes les parties à s'abstenir de toute utilisation de Sites culturels et de leurs abords immédiats à des fins qui sont susceptibles d'exposer ces biens du patrimoine culturel à la destruction ou à des dommages. Les parties du conflit doivent s'abstenir de tout acte d'hostilité à l'égard de tels lieux. En raison des menaces continues, tous les Six biens Syriens inscrits au patrimoine mondial ont été placés sur la liste du patrimoine mondial en péril lors de la 37e session du Comité du patrimoine mondial, qui s'est tenue au Cambodge en juin 2013. - l'ancienne Ville d'Alep ; - l'ancienne Ville de Bosra ; - l'ancienne Ville de Damas ; - les villages antiques du Nord de la Syrie ; - le crac des chévaliers et Qalat salah El-Din ; - le Site de Palmyre. L'ICOMOS, entant qu'organisation consultative du Comité du patrimoine mondial et l'une des organisations fondatrices du Bouclier bleu, exprime sa solidarité avec les organisations et les professionnels du patrimoine culturel Syriens, et soutient leur appel pour la protection et la restauration des biens culturels pendant et après la fin de l'actuel conflit. L'ICOMOS se met aussi à la disposition de l'UNESCO pour toutes les actions entreprises pour assurer la préservation des six biens du patrimoine mondial de la Syrie actuellement désignés comme étant en danger et perpétuellement menacés. L'ICOMOS, le Conseil International des monuments et des Sites, est une organisation internationale non gouvernementale, unique, démocratique et à but non lucratif qui a pour mission de promouvoir la conservation, la protection, l'utilisation et la mise en valeur du patrimoine culturel à travers le monde. Entant qu'organisation consultative officielle du Comité du Patrimoine mondial pour la mise en oeuvre de la convention du patrimoine mondial de l'UNESCO, l'ICOMOS examine les propositions d'inscription et donne des avis sur l'état de conservation des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial. L'ICOMOS est l'un des membres fondateurs du réseau du Bouclier bleu, qui oeuvre à la protection du Patrimoine Culturel par le monde et menacé par des conflits armés, des catastrophes naturelles et celles causées par l'homme. Par ailleurs, Joyau architectural classé par l'UNESCO, le minaret de la mosquée des Omeyyades d'Alep s'est effondré mercredi 2013. Il est la dernière victime collatérale d'une guerre civile qui est entrain de détruire l'un des héritages archéologiques les plus riches du monde. Depuis plusieurs mois, la grande mosquée d'Alep (Métropole du Nord de la Syrie) est le terrain d'affrontements entre l'armée Syrienne et les troupes rebelles opposantes au régime de Bashar Al-Asad. Criblé des balles, endommagées par les assauts des uns et des autres, ce trésor daté du VIIIe siècle et classé au patrimoine mondial de l'UNESCO a fini par succomber car son minaret millénaire s'est écroulé. La coalition de l'opposition affirme qu'il a été détruit par le feu des chairs de l'armée Syrienne. Celle-ci dément et accuse les rebelles d'avoir mis en scène cette destruction pour lui faire endoncer les dégâts. Ainsi, peut-on dire que le fait que chacun de deux camps rejette la responsabilité à l'autre est un voeu et une expression consciente d'un crime de guerre dont les auteurs se sont rendus coupables. En outre, la Syrie est l'un des pays qui compte le plus de sites archéologiques (environ 6.000) et de richesses culturelles. Les trésors architecturaux ne sont pas les seuls menacés car le pays est frappé par un autre fléau : le pillage et les fouilles sauvages qui se sont multipliés avec des violences qui ravagent le territoire depuis l'éclatement, le 15 mars 2011, de la révolte contre le régime d'Al-Assad. Des milliers de manuscrits et d'antiquités sont dérobés chaque jour et acheminés sur le marché noir des soldats de l'armée Syrienne elle-même100(*). Dans un appel à la communauté internationale l'organisme Européen Héritage, financé par l'Union Européenne, demande aux autorités du monde entier de prendre position vis-à-vis de la menace majeure qui frappe aujourd'hui l'héritage historique et culturel Syrien. Un appel relayé en mars par la Directrice générale de l'UNESCO, qui invite tous les belligérants à cesser ces destructions et protéger l'héritage du passé. On sait que des objets provenant des sites Syriens ont été saisis au Liban et d'autres circulent sur Internet. Plusieurs monuments historiques de la vieille ville sont en ruines, comme la grande mosquée ou encore la citadelle médiévale qui porte les cicatrices de l'opposition au mois d'octobre 2013. Des musées, des mosquées et des Eglises ont été pillés et beaucoup de leurs biens culturels ont été vendus dans les pays frontaliers de la Syrie pour aider à financer la rébellion. Tous ces éléments constituent les exemples éloquents de la responsabilité manifeste des acteurs du conflit Syrien dans le non respect des mécanismes de protection des biens culturels en contexte de conflit armé. * 99 GRAND PIERRE NERONIQUE, En Syrie, la guerre civile met en Péril un patrimoine culturel mondial, in Journal le monde, consulté le 20 Août 2013. * 100 Hiba Al-SAKHEL, Des mosaïques arrachées au marteau-piqueur en Avril 2012, Consulté le 20/08/2013. |
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