VI- Hypothèse 1
Différencier les groupes de travail par des noms et
non par le niveau valoriserait les enfants.
Au sein de la pédagogie, le travail en groupe peut
être un atout pour les élèves. Nous pouvons
différencier trois grands types de groupes qui sont les groupes de
niveaux, les groupes de besoins et les groupes
hétérogènes.
Dans les groupes de niveau, les élèves sont
répartis généralement en trois, maximum quatre, types de
groupements sous les étiquettes « rapides », «
moyennement rapides ou/et lents », « lents » traduites en fait
par « forts », « moyens », « faibles » selon un
seul critère de choix qui est le plus souvent la notion assez floue de
« résultats scolaires » définis par une
évaluation essentiellement sommative de notations des moyennes du
trimestre ou demi-trimestre et des notes obtenues aux contrôles communs
de niveau.
Comme nous l'avons vu suite à notre premier entretien,
L'idée de groupe de besoin est lancée par Philippe Meirieu, dans
les années 1980. Selon lui, les meilleurs élèves autant
que ceux qui
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sont en difficultés ont des « besoins » en
termes d'apprentissage. Les groupes de besoin sont constitués en
fonction des besoins des élèves, à un moment donné,
sur des objectifs précis. Les groupes de besoins peuvent évoluer.
La notion de besoin permet pourtant des regroupements plus originaux qui
évitent de stigmatiser les bons ou les moins bons mais permettent de
regrouper des élèves temporairement pour développer des
compétences spécifiques.
Dans l'ouvrage « Les méthodes qui font
réussir les élèves », on a pu constater que l'auteur
mettait l'accent sur l'importance du travail en groupe et plus
particulièrement le travail en groupe hétérogène.
Comme il nous le dit, presque un siècle après Dewey ou Freinet,
qui en avaient proposé les bases, et trente ans après des travaux
de Meirieu qui l'ont approfondi et ont montré à quel point il
s'agissait là d'un formidable outil pédagogique de gestion de
l'hétérogénéité. Il est
précisé que le fait de regrouper les élèves ayant
le même niveau dans un même groupe n'apporterait rien dans le sen
où les élèves se verront en miroir, ils resteraient dans
leurs certitudes et leurs éventuelles difficultés, étant
donné qu'ils sont tous au même niveau. C'est ainsi qu'il est
préconisé d'utiliser la diversité des
élèves, s'en servir comme points de résistance et
éléments déclencheurs de pensée, de progrès.
L'enjeu ici est de transformer l'obstacle de
l'hétérogénéité des élèves, en
levier pédagogique. Le levier essentiel est d'obliger chaque
élève à confronter ses propositions et les
procédures dont il dispose à celles des autres. Ces
échanges contradictoires permettent de débusquer et de
dépasser des résistances mais aussi d'explorer et discuter des
voies nouvelles qu'un élève seul n'aurait pu affronter ou
même concevoir.
Nous avons alors vu qu'il existait différents types de
groupes. Toutefois, dans la majorité des cas, ces groupes sont
nommés et bien souvent, ils sont souvent classés par 1, 2, 3 et 4
par exemple ou encore A, B et C. Cette simple désignation de groupe peut
en réel avoir un impact sur l'élève. En effet, le fait de
se retrouver dans le groupe 4 pourrait apporter un sentiment de
dévalorisation par l'élève qui lui, aimerait plus se
retrouver dans le groupe numéro 1 qui est réputé pour
contenir les « meilleurs élèves ». De notre propre
expérience en tant qu'élève, en sport par exemple, nous
préférions être dans le meilleur groupe afin de ne pas
être considéré comme étant « nul ». Comme
nous l'a expliqué la professeure que l'on avait interrogée en
première, il serait donc préférable pour le bien des
élèves de nommer ces groupes par des noms et non par le niveau.
En effet, c'est ce qu'effectue cette dernière et ainsi, ses
élèves ne se considèrent pas « inférieur
» aux autres. Les nomes qu'elle a donnés pour les groupes de
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maths par exemple sont « Obélix », «
Idéfix », « Astérix » et « Panoramix ».
Les élèves ne savaient pas quel nom correspondait à quel
groupe. Elle ajuste les consignes selon le groupe et, au fil de l'année,
elle augmente toujours un peu le niveau afin que les élèves se
rendent compte qu'ils progressent. Le fait d'agir de la sorte pourrait aller
jusqu'à améliorer l'estime de soi des élèves dans
le sens où ils ne peuvent pas se focaliser sur le numéro du
groupe vu qu'il n'y en a pas et ainsi, ils se concentrent d'avantage sur leur
progression tout au long de l'année, leur but principal n'étant
pas d'être dans le groupe 1 mais plutôt de se rendre compte de
leurs progrès. A savoir que l'estime de soi est la valeur qu'une
personne s'accorde à elle-même, elle se façonne à
travers les interactions de l'enfant avec ses parents mais aussi avec ses
professeurs à l'école. Tous les acteurs qui entourent l'enfant
ont un rôle important dans son estime de soi.
Nous pouvons également parler des groupes dit de
comportement. Nous en avons entendu parler avec une de nos camarades de classe
mais aussi avec la soeur de Salomé. Il s'agit là de classer les
élèves dans un certain groupe selon leur comportement. Le premier
exemple donné par notre camarade consiste à classer les
élèves au sein de trois groupes avec une tête de lion qui
sourit, une autre avec une tête de lion sans expression
particulière et la dernière qui n'est pas contente. Selon comment
ils se comportés, les élèves étaient donc
classés dans l'un des trois groupes. Concernant l'exemple de la soeur de
Salomé, il s'agit de différentes couleurs de ceintures et selon
la couleur dans laquelle l'élève se trouve, la professeure lui
accorde plus ou moins de confiance et lui confie plus ou moins de tâches
à effectuer. A noter que l'enseignante a elle aussi une ceinture qui est
la ceinture noire, la plus élevée, elle se met alors, en quelque
sorte au même niveau quand les élèves en ayant aussi une
ceinture bien que celle-ci soit plus élevée et que les enfants ne
peuvent pas l'atteindre. Après en avoir discuté entre nous, nous
avons trouvé que le premier système n'est pas pertinent dans le
sens où cela ne fait que stigmatiser les élèves. Il n'y a
pas de réel intérêt dans cette méthode car les
élèves sont inscris dans « une case » qui les valorise
ou non et pour ceux étant considéré comme n'ayant pas le
comportement attendu à l'école, il peut y avoir une
stigmatisation. De plus, pour ces élèves, ça leur donne
une mauvaise image d'eux-mêmes et leur rappelle sans cesse qu'ils ne se
comportent pas correctement. Par conséquent, et souvent inconsciemment,
le professeur dévalorisera l'enfant et ne le poussera pas à
s'améliorer. Nous trouvons que la méthode avec les ceintures
valorise d'avantage les enfants dans le sens où ils partent tous au
même au point de départ, en ayant la même ceinture et ne
peuvent que s'amélioré. En effet, les enfants ne se comportant
pas mal sont récompensés en changeant de ceinture et en ayant
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plus de droit dans l'école (se lever en classe sans
demander la permission par exemple) et les élèves ne se
comportant pas correctement ne sont pas rabaissés dans le sens où
lorsqu'ils sont dans une ceinture ils ne peuvent pas revenir à la
ceinture précédente.
Nous avons donc constaté que le fait d'attribuer des
numéros aux différents groupes de niveau notamment, pouvait
dévaloriser les élèves et se sentir moins
compétents que ceux étant dans le groupe 1. Le fait de les nommer
par des noms neutres comme le fait la professeure des écoles que nous
avons interviewées en première valorise donc les
élèves étant donné qu'ils n'appartiennent pas
à un numéro mais à un nom. De plus, en
général les enfants préfèrent appartenir dans un
groupe avec un nom original, plutôt qu'un numéro qui est
très commun et assez scolaire.
Mais au-delà des noms de groupe, leur composition est
l'élément le plus fondamental dans leur construction étant
donné que ce sont les échanges entre les élèves qui
reflèteront leur efficacité. Ainsi, il est important de prendre
en compte leur individualité afin de répondre à leurs
besoins.
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