II- Définition du sujet
Tout d'abord, notre questionnement à pour
intérêt de nous apporter des connaissances qui pourraient nous
être utiles dans notre futur métier d'enseignant. Salomé se
voit comme une future enseignante à l'écoute de tous, du moins,
dans la mesure du possible. Elle se souvient d'enseignants, notamment au
collège qui ne prenaient en compte que les élèves qu'ils
qualifiaient comme meilleurs (souvent ceux aux premiers rangs) et
délaissaient les autres. Ces enseignants répétaient
souvent « si nous ne comprenez pas c'est que vous n'écoutez pas
». Généralement, quand l'enseignant ne leur prêtaient
pas particulièrement attention, Salomé et ses amis
n'écoutaient plus le cours, et moins ils écoutaient, moins
l'enseignant les valorisait, comme un effet boule de neige. Salomé
aimerait que tous ses futures élèves puissent suivre les
enseignements sans ressentir que l'enseignant ne les voient pas, et surtout
qu'ils soient intéressés et aient l'impression d'être pris
en compte, d'être écoutés lorsqu'ils n'y arrivent pas ou
lorsqu'ils ne comprennent pas. Lors de son année en CP, Leslie a eu une
professeure qui l'a marquée positivement dans le sens où elle
était attentive aux besoins de chaque élève, aucun
n'était mis de côté. Elle avait toujours le sourire et se
souciait de la réussite de ses élèves et c'est comme cela
que Leslie voudrait exercer son métier. Leslie a pour but d'être
le plus possible à l'écoute de tous ses élèves afin
que ceux-ci ne se sentent pas exclus, quel que soit leurs besoins ou leurs
compétences. Il est vrai qu'au collège notamment, elle a connu
des professeurs qui valorisaient et portaient leur attention surtout sur les
élèves qualifiés de «bons élèves »
et ainsi, délaissaient souvent inconsciemment les élèves
rencontrant des difficultés ou bien même perturbateurs. Ce n'est
pas le schéma que Leslie veut reproduire, au contraire. Bien que chaque
élève soit différent, elle tentera au maximum de le
prendre en compte afin de les digérer vers la réussite du mieux
que possible. En tant que futur enseignant Sarah se voit comme une personne
dynamique pour intéresser ses futures élèves, pour qu'ils
soient eux même dynamique dans leur travail. Elle veut pouvoir leur
transmettre des connaissances. Pour elle il est important d'encourager les
élèves et aussi d'avoir un bon contact avec eux. Elle prend comme
modèle un professeur qu'elle avait en CM2. En effet, c'était une
enseignante qui savait se faire respecter, elle savait être
sévère
7
quand il le fallait, savait tenir sa classe et rendait ses
cours intéressants, elle savait s'adresser à des enfants. Sarah a
également rencontré des professeurs qui négligeaient
certains élèves, ou arrivaient en classe sans cours construits,
cela désintéressait forcement les élèves au fur et
à mesure. Avec les différents professeurs qu'elle a eu, elle sait
donc à qui elle préfère s'identifier pour pouvoir devenir
le futur professeur qu' 'elle souhaite être.
En effet, il nous semble important pour un professeur des
écoles de pouvoir prendre en compte chaque élève dans son
individualité afin de l'amener vers des connaissances.
L'individualité concerne les caractéristiques d'un être qui
le rend tel qu'il ne puisse être confondu avec un autre être.
Chaque enfant est différent, il n'y en a pas un qui apprend de la
même manière qu'un autre. Il est vrai que selon Howard Gardner, il
existe différentes formes d'intelligences (Théorie des
intelligences multiples, 1980). Il y a l'intelligence
logico-mathématique, il s'agit d'une sensibilité aux
modèles logiques ou numériques et une aptitude à les
différencier ainsi qu'à soutenir de longs raisonnements. Vient
ensuite l'intelligence spéciale qui concerne l'aptitude à
percevoir le monde spacio-visuelle et à y apporter des transformations.
L'intelligence kinesthésique est l'aptitude à maitriser les
mouvements de son corps et à manipuler des objets avec soin. Quant
à l'intelligence linguistique, elle se réfère à une
sensibilité aux sons, aux structures, à la signification et aux
fonctions des mots et du langage. L'intelligence musicale est la
capacité à produire et à apprécier un rythme, une
tonalité et un timbre (appréciation des formes d'expression
musicale). Concernant l'intelligence naturaliste, elle a pour
particularité l'aptitude à discerner l'organisation du vivant.
L'intelligence interpersonnelle (ou sociale) permet à l'individu d'agir
et de réagir avec les autres de façon correcte et adaptée.
Enfin l'intelligence intra-personnelle permet d'accéder à ses
propres sentiments et à reconnaître ses propres émotions
(connaissances de ses propres forces et faiblesses). Chacun d'entre nous
dispose de ces intelligences, dont chacune se développera selon un
rythme qui nous est propre. D'une manière générale, les
différentes intelligences ne se développent pas toutes au
même niveau. D'ailleurs, on observe le plus souvent qu'une intelligence
domine et c'est à partir de cette dominante que la personne
appréhende le monde. Notons que le niveau de développement propre
à chacune des intelligences explique la différenciation des
humains et donc des élèves.
Notre recherche peut donc nous donner des clés afin
d'appréhender les différences d'apprentissages dont les profils
sont au nombre de 7 d'après Jean-François Michel que nous
décrirons un peu plus loin. De plus, la prise en compte de
l'individualité peut-être bénéfique pour les
élèves car ainsi ils pourront assimiler des connaissances
à leur rythme tout en
8
acquérant tous les mêmes compétences. La
connaissance renvoie à l'état de celui qui connaît ou sait.
C'est l'ensemble des choses connues d'un savoir. La connaissance est
indissociable d'un sujet connaissant. Lorsqu'une personne intériorise un
savoir, elle transforme ce savoir en connaissance. Elle « construit »
cette connaissance. La même connaissance construite par une autre
personne ne sera pas tout à fait la même. Il n'existe donc aucune
connaissance parfaite et absolue. Un « connaisseur » ne dispose pas
de toute l'expérience de recherche qui caractérise un «
savant ». La connaissance peut désigner la façon dont un
« apprenant » s'est approprié un savoir. La connaissance
relève de l'Être et du singulier. D'après P. Perrenoud,
professeur à la faculté de psychologie et des sciences de
l'éducation (FPSE), la compétence est la "capacité d'agir
efficacement dans un type défini de situation, capacité qui
s'appuie sur des connaissances, mais ne s'y réduit pas. La
compétence désigne la mobilisation d'un ensemble de ressources
(savoirs, savoir-faire, savoir être) en vue de résoudre une
situation complexe appartenant à une famille de situation
problème. Jean Piaget est psychologue constructiviste, il
considère donc que le savoir n'est pas reçu passivement par un
individu mais qu'il est construit activement par chacun. Pour lui, l'adaptation
de l'individu à son milieu se fait grâce à l'assimilation
et à l'accommodation. L'assimilation se fait grâce aux
schèmes qui se modifieront par accommodation. Les schèmes
constituent l'unité de base pour agir ou réagir. Tout ce que nous
connaissons a été construit à partir de schèmes que
nous avons dès la naissance. Le bébé naît avec 3
schèmes de base : la vision, la succion et la préhension. Un
schème se conserve, se consolide par l'exercice, il peut se modifier
soit en se généralisant, soit en se modifiant sous la pression du
monde extérieur. La mobilité des schèmes est
déterminante pour le développement de l'intelligence. C'est avec
ces schèmes que le principe d'assimilation se met en place. Selon
Piaget, l'assimilation est un mécanisme très
général qui permet d'expliquer l'intégration de tout
élément nouveau dans les structures mentales de l'individu.
L'assimilation correspond au mouvement d'intégration de l'environnement
extérieur dans l'individu. Elle est donc déterminée par
l'individu. L'accommodation est une modification d'un schème existant
pour intégrer une nouvelle donnée (expérience ou
connaissance). Elle est déterminée par les objets. Ces deux
mécanismes sont complémentaires et indissociables. Les
échanges entre un individu et son milieu tendent à favoriser son
équilibre dans ce milieu par des processus de
rééquilibrations successives basées sur les structures
antérieures, les dépassants en les intégrants dans une
synthèse nouvelle. L'enseignant devrait donc permettre à ses
élèves une assimilation personnelle. Tous les enfants devraient
par conséquent se sentir plus écoutés notamment par leur
professeur et avoir une meilleure estime de soi. L'estime de soi
représente la part évaluative de la conscience de
9
soi. La conscience de soi est la représentation que
l'on fait de soi-même. Elle surgit chez les enfants grâce aux
interactions qu'ils ont avec les objets présents dans leur
environnement. Elle évolue ensuite jusqu'à ce que l'enfant, dans
la période de 3 à 7 ans développe certaines
habiletés cognitives qui lui permettent de se découvrir et
d'affirmer son identité. L'enfant accède alors au concept de soi
qui désigne l'ensemble des représentations qu'une personne
possède d'elle-même. Cette construction est à la fois
descriptive et évaluative. L'estime de soi est donc cette part
évaluative, c'est-à-dire, la valeur qu'une personne s'accorde
à elle-même. Elle évolue et se précise au fur et
à mesure que l'enfant grandi, mais peut aussi se
détériorer. L'estime de soi se façonne à travers
les interactions de l'enfant avec ses parents mais aussi avec ses professeurs
à l'école. Tous les acteurs qui entourent l'enfant ont un
rôle important dans son estime de soi (parents, enseignants,
éducateurs...), mais n'en ont pas toujours conscience. Un enfant qui a
une estime de lui-même élevée a des avantages par rapport
à d'autres car cela va lui permettre de développer des
compétences sociales qui elles-mêmes renfonceront son estime de
lui-même. L'estime de soi est importante dans les problèmes
d'adaptations à l'école et aussi dans les problèmes
d'apprentissages1. Le fait de valoriser chaque enfant dans son
individualité permet de ne pas privilégier certains
élèves par rapport à d'autres.
Suite à l'atelier du photo-langage et des thèmes
qui en ont découlés, nous avons élaboré une
première question de départ qui était « comment
guider un groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en
compte l'individualité de chacun ». Nous devions alors faire des
recherches, construire un cadre conceptuel à partir de lectures pour
savoir ce qui avait déjà été traité sur ce
sujet et tester la question en créant un guide d'entretien pour affiner
notre question de départ.
Pour cela, nous sommes allées à la
bibliothèque une première fois et nous avons cherché tous
les livres qui nous semblaient correspondre à notre sujet. Puis, nous
nous les sommes partagés et les avons feuilletés dans le but de
sélectionner ceux qui paraissaient les plus pertinents. En
parallèle, nous avons élaboré notre guide d'entretien.
Concernant nos lectures, Leslie s'est concentrée sur un ouvrage
écrit par Jean-François Michel présentant les 7 profils
d'apprentissages. L'auteur nous détaille tout au long du livre, les
différents profils d'apprentissages. Au sein d'un profil d'apprentissage
il y a le profil d'identité, le profil de motivation et le profil de
compréhension. Après avoir pris en compte ces trois profils,
nous
1 Cours de psychologie de l'enfant et de l'adolescent
de L2 - SESS de Nathalie Savard
10
pouvons établir le profil d'apprentissage des
différents individus. Il y a 7 profils d'identité. En premier il
y a l'intellectuel qui aime apprendre. Généralement, il
affectionne la solitude. Introverti, il peut paraître distant
vis-à-vis des autres. Il est souvent bon élève. Vient
ensuite le dynamique qui aime agir, il a le don de réussir dans ce qu'il
a décidé d'entreprendre. Cela n'en fait pas automatiquement un
bon élève. Il compte beaucoup sur son sens de la
débrouillardise. Quant à l'aimable, il travaillera plus pour
faire plaisir à ses parents, à ses professeurs. Sociable et
gentil, c'est un élève très agréable. Cependant, il
a besoin d'attention pour pouvoir s'épanouir. Le perfectionniste a
horreur de mal faire. Il a une facilité à voir ce qui pourrait
aller de travers. Soucieux et inquiet, il prend le temps de faire les choses
correctement. L'émotionnel lui, agit en fonction de ses émotions
difficilement contrôlées et peut réagir de façon
théâtrale. Il possède un esprit très créatif
et aime se différencier de ses camarades. Pour l'enthousiaste, c'est la
joie de vivre qui prime. Il a une grande faculté à voir le
côté positif des choses. Cependant, l'ordre et la discipline ont
tendance à le frustrer. Enfin, il y a le rebelle. De peur d'être
blessé, il évite de montrer tout signe de faiblesse. Il
n'hésite alors pas à rentrer en confrontation mêlée
à des excès de colère. Il peut donc devenir un
élève difficile. Concernant les profils de motivation, ils sont
au nombre de 4. Il y a le profil « quelle utilité ». Ici, la
motivation dépend du degré d'utilité perçue de
l'enseignement. Ces personnes aiment d'avantage le concret. En second, nous
avons le « vais-je apprendre », qui relate d'une motivation pour
apprendre. Ces personnes aiment savoir pour savoir et sont curieuses d'esprit.
Ensuite, il y a le profil de motivation « avec qui ? ». La motivation
est centrée sur les personnes : quel professeur vais-je avoir ? Avec
quels camarades vais-je faire des travaux pratiques ? Enfin, le dernier est
« où ça se situe ? ». Les personnes qui ont ce profil
ont besoin de situer les choses, dans un plan, dans une vision globale, dans un
lieu. Ces personnes sont sensibles à l'environnement. Pour finir, il y a
3 profils de compréhension : l'auditif, le visuel et le
kinesthésique. Pour l'auditif, la compréhension s'effectue
principalement par l'écoute. Le visuel lui, comprend principalement par
ce qui est vu. La compréhension pour le kinesthésique s'effectue
principalement par ce qui est ressenti. C'est apprendre en faisant. Grâce
à la classification de l'auteur, nous pouvons plus ou moins savoir
quelles seront les attitudes, selon le profil de chaque élève,
quelle sera sa motivation mais aussi comment il préfèrera
apprendre (selon son profil de compréhension). Sachant cela, nous
pouvons d'avantage appréhender les comportements des différents
élèves. L'auteur nous aide même en disant quel serait le
comportement à adopter selon le profil d'apprentissage que l'on
rencontre, mais aussi quel type d'apprentissage est le plus adapté pour
que l'élève s'investisse. En effet, selon notre profil
d'apprentissage, nous n'apprenons pas de la même
11
manière, n'avons pas la même motivation à
apprendre mais aussi nous n'avons pas le même comportement. Il est bien
connu qu'au sein d'une classe ou bien d'un groupe d'élève, chaque
élève est différent et détient un profil propre.
C'est ce que nous confirme l'auteur de ce livre en prenant, tout au long de son
écrit, des exemples de différents profils d'identité. Il
nous montre ainsi concrètement comment s'y prendre avec chacun de ses
exemples et comment appréhender un apprentissage afin que les
élèves s'y intéressent au mieux et qu'ils soient
motivés. Cet ouvrage pourra donc faire avancer notre projet de recherche
dans le sens où il y a la description de chaque profil d'identité
mais aussi, il répond à la question : comment prendre en compte
ces différents profils. De plus, dans les derniers chapitres, l'auteur
décrit ce qu'il y a de mieux à faire comme activité selon
les profils d'apprentissages, ce qui peut nous aider dans la prise en compte de
l'individualité de chaque élève.
Salomé a lu L'efficacité des enseignants,
Sociologie de la relation pédagogique de Georges Felouzis. Elle a
donc pu remarquer que d'après l'auteur, l'effet-enseignant est quelque
chose de très important pour l'acquisition des connaissances des
élèves. La pédagogie choisie par l'enseignant peut, entre
autre chose, déterminer la réussite des élèves. En
effet, le contexte d'apprentissage est important pour les acquisitions des
élèves et a une forte influence sur l'échec et la
réussite scolaire. La classe et l'enseignant sont des
éléments contextuels des plus pertinents d'après l'auteur.
L'effet-enseignant et en particulier l'efficacité pédagogique de
celui-ci a néanmoins un impact plus important sur l'apprentissage d'un
élève. L'enquête sur laquelle s'appuie cet ouvrage est
faite auprès de lycéens en classe de seconde et de leurs
professeurs mais ces résultats sont valables pour toutes les classes.
Ici, le groupe-classe est très peu évoqué, c'est vraiment
l'enseignant, sa relation pédagogique aux élèves et son
jugement professoral qui sont mis en avant. D'après l'auteur, c'est
d'abord les représentations même de l'auteur et son rapport aux
élèves qui influencent son efficacité ou non. Par exemple,
si ce dernier est déjà dans l'optique que ses
élèves sont mauvais, alors, ils le seront puisque l'enseignant
qui n'aura que des attentes négatives aura des pratiques
pédagogiques peu intensives vu qu'il n'attend pas grand-chose de ses
élèves. Au contraire si l'enseignant est proche de ses
élèves, les pense capable de réussir, et accepte leurs
difficultés, ses pratiques s'en ressentiront et par conséquent
les résultats des élèves aussi. Ce type d'enseignant sait
se remettre en question et se réadapter sans altérer le contenu
et les connaissances qu'il transmet. De plus, ils ont une stratégie
pédagogique qui consiste à valoriser l'élève, cela
va agir sur son estime de soi et lui donner envie d'évoluer. Ces
pratiques pédagogiques sont donc centrées sur
l'élève et c'est ce qui constitue son efficacité.
12
Quant à Sarah le livre qu'elle a lu aborde le sujet de
la pédagogie différenciée. Ce livre permet de savoir
comment prendre en compte l'hétérogénéité
des nouvelles réalités sociales et scolaires par une
pédagogie différente de la pédagogie traditionnelle : la
pédagogie différenciée. La pédagogie traditionnelle
est celle du modèle transmissif. Sur le triangle pédagogique de
Jean Houssaye2, professeur en sciences de l'éducation
à l'Université de Rouen, elle se situe du côté du
savoir, elle privilégie ainsi la démarche didactique de
l'enseignant. La pédagogie traditionnelle serait celle du savoir, du
modèle, de l'autorité, de l'effort, de l'individualisme et de la
sanction.3 D'après l'auteur Halina Przesmycki, la
pédagogie différenciée se définit comme une
pédagogie individualisée, qui reconnait l'élève
comme une personne ayant ses propres représentations.
L'élève était autrefois considéré comme une
boîte muette à qui il fallait enseigner une discipline. Les
élèves étaient en fait présents uniquement pour
écouter l'enseignant sans partage avec ce dernier. L'élève
n'était donc pas considérer comme une personne à part
entière capable d'avoir des opinions propres. Des questions ce sont
alors posées notamment par une didacticienne en physique : Laurence
Viennot. Lors d'une étude sur les raisonnements, elle a montré,
en analysant des paroles d'élèves, qu'ils ont effectivement une
logique propre, qu'ils construisent des théorèmes
spontanés, même s'ils ne sont pas exacts qui leur permettent de
résoudre les questions posées. Autrement dit les
élèves ont des représentations sur les différents
points abordés, la logique mathématique n'est pas la seule
à intervenir dans un raisonnement d'élève. En effet, il
existe une autre logique, celle des associations d'idées qui permet de
passer d'une représentation à
une autre. On introduit donc l'idée que chaque
élève peut avoir son raisonnement propre qu'il faut comprendre et
étudier pour l'aider dans son apprentissage. La pédagogie
individualisée est fréquemment utilisée en
pédagogie différenciée c'est aussi une modalité
complémentaire de cette dernière. La pédagogie
différenciée est appliquée à tous car tous les
styles d'apprentissage sont immanquablement représentés dans un
groupe classe lors que la
pédagogie individualisée s'adresse à des
personnes en nombre limité, parfois sur le temps de
cours, en s'appuyant sur des dispositifs
périphériques pendant les heures de cours.
Ce livre alimente notre projet de recherche dont une des
questions est de savoir comment prendre en compte l'individualité de
chaque élève. En effet, la pédagogie
présentée dans cet ouvrage propose plusieurs démarches
s'opposant ainsi au mythe de l'uniformité selon lequel
2 Voir annexe 1 - Triangle pédagogique
3 CLASS-EDU - Site personnel de conseils
pédagogiques/didactiques
13
tous doivent travailler au même rythme, dans la
même durée et par les mêmes moyens. Il n'y a pas deux
apprenants qui progressent à la même vitesse, qui soient
prêts à apprendre en même temps ou qui utilisent les
mêmes techniques d'études. Il est donc important d'analyser
l'hétérogénéité à la fois dans leurs
cadres de vie non scolaires et scolaires, puis
l'hétérogénéité dans leurs processus
d'apprentissages. Pour se faire, des élèves sont répartis
en plusieurs groupes qui travaillent chacun simultanément sur les
mêmes objectifs selon des processus différents, mis en oeuvre
à travers des pratiques diversifiées de travail autonome. La
différenciation des processus est déterminée par une
analyse préalable la plus fine possible de
l'hétérogénéité des réussites et des
difficultés. Cela nous permet donc d'avoir une idée sur la
problématique de notre projet de recherche.
Pour nos premiers entretiens, nous avons commencé par
interviewer une professeure des écoles. Il s'agit d'une connaissance de
Sarah, nous l'avons interrogé toutes les trois. Beaucoup de points nous
semblant importants sont ressortis de cet entretien. Elle nous a décrit
des choses concrètes qu'elle met en place au sein de ses classes. Elle
nous a notamment expliqué comment elle mettait en place des groupes de
besoin dans certaines matières et quel était le but de cette
pédagogie. L'idée de groupe de besoin est lancée par
Philippe Meirieu, chercheur et écrivain français,
spécialiste des sciences de l'éducation et de la
pédagogie, dans les années 1980. Selon lui, les meilleurs
élèves autant que ceux qui sont en difficulté ont des
« besoins » en termes d'apprentissage. Les groupes de besoin sont
constitués en fonction des besoins des élèves, à un
moment donné, sur des objectifs précis. Les groupes de besoin
peuvent évoluer. La notion de besoin permet pourtant des regroupements
plus originaux qui évitent de stigmatiser les bons ou les moins bons
mais permettent de regrouper des élèves temporairement pour
développer des compétences spécifiques. Concernant
l'individualité de chaque enfant, l'enseignante interrogée, ne
tient pas compte des différences sociales ou ethniques, elle prend en
compte uniquement les différences de compétences des enfants.
Elle adapte donc beaucoup son enseignement, notamment au travers de la
notation, pour que chaque enfant puisse évoluer, voir son
évolution et rester motivé. Par exemple, elle est "un peu moins
regardante lorsque les enfants ont des "troubles dys" (dyslexie, dysgraphie,
dysorthographie...) et un peu plus sévère avec les meilleurs
élèves". Cependant, elle met un point d'honneur à ce que
les enfants ne remarquent pas cette différenciation, l'important
étant qu'aucun d'entre eux ne se sente lésé. Elle applique
donc une pédagogie différenciée. Lorsque nous avons
abordé l'égalité des chances comme but ultime de l'Ecole,
elle a tout de suite émis des réserves. En ce qui concerne leurs
acquis en matière d'apprentissages, les élèves ne
partent
14
pas tous du même point de départ. En effet, avant
même leur entrée à l'école maternelle, les enfants
ne sont pas neutres, ils ont déjà été l'objet d'une
socialisation primaire qui leur a formé un premier capital
culturel.4 Les enfants ne faisant pas parti du même milieu
social, de la même famille, n'ayant pas le même capital culturel
à l'entrée de l'école, il est quasiment impossible qu'ils
aient tous le même niveau à la fin de l'année. Il y a
toujours des degrés d'écart entre le meilleur, souvent ayant une
culture proche de la culture scolaire et le moins fort de la classe ayant une
culture bien plus éloignée de la culture scolaire. L'objectif de
l'enseignante est donc de tous les faire progresser et de réduire au
maximum le degré d'écart. En allant dans le même sens,
l'enseignante nous a avoué qu'il n'y a pas de RASED (Réseau
d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) dans
l'école dans laquelle elle travaille. Elle n'a donc que très peu
d'outils pour compenser les difficultés de certains enfants. Les
difficultés touchent aussi les élèves ayant de bons
résultats car ils ne sont régulièrement pas pris en
compte. Cette enseignante fait donc très attention aux besoins de
chacun. A notre demande, elle nous a aussi rapidement expliqué plusieurs
types de pédagogies comme la pédagogie différenciée
qu'elle tente au mieux d'appliquer, la pédagogie traditionnelle (ou
"frontale"), la pédagogie Freinet, et celle de Montessori. Pour finir,
elle nous a parlé des redoublements qui étaient aujourd'hui
interdits en école primaire, ou du moins extrêmement
limités. Pour elle, le redoublement serait bénéfique dans
certains cas, car c'est à l'école primaire qu'il faut mettre les
moyens pour aider les élèves, et non au collège, où
il est déjà trop tard.
Pour notre second entretien, que nous avons également
réalisé toutes les trois, nous avons décidé
d'interviewer un futur professeur des écoles afin de voir comment il
appréhendait son futur métier et comment il voyait les choses,
comment il pensait s'y prendre plus tard. De cet entretien en est ressorti que,
pour prendre en compte l'individualité de chacun, il avait l'intention
de faire des groupes de niveaux. Pour ce, il nous a dit qu'il voulait mettre
les élèves ayant le plus de difficultés ensemble et ceux
qui en ont pas dans un autre groupe. On a pu constater tout de même qu'il
était assez hésitant, ce qui était sûrement dû
au fait qu'il n'était pas encore complètement sur le terrain. Il
s'est inspiré de ses connaissances, de ses expériences
personnelles, comme notamment un stage qu'il a déjà
effectué. Cependant, pour notre mémoire, cet entretien ne nous a
pas apporté de réponses précises avec des exemples et des
cas concrets.
Enfin, le troisième entretien dirigé uniquement
par Sarah, concernait une professeure de danse qui exerce depuis 16 ans
maintenant. La professeure enseigne la danse à des enfants de 2 à
14
4 Cours de sociologie de L1 SESS de Séverine
Chauvel, Chapitre 2 - Les inégalités scolaires et culturelles
15
ans. Cette dernière a d'abord expliqué comment
elle formait ses groupes. Ils sont constitués en fonction de l'âge
des enfants. Elle a donc 4 groupes : un groupe de 2 à 5 ans, un de 6
à 8 ans, un de 8 à 10 ans et un autre de 10 à 14 ans.
Lorsque qu'elle inscrit un enfant, elle l'inscrit donc dans le groupe de son
âge. Selon elle, les groupes d'âge favorisent un meilleur
enseignement car les enfants ont les mêmes capacités. Cela permet
d'apprendre la même chose à tous les enfants, de leur faire faire
des exercices qui sont en accord avec leurs capacités pour chaque groupe
d'âges. Dans un groupe de danse, il y a des plus petits et des plus
grands. Cela permet aux plus grands d'aider les plus petits. Cela leur donne de
l'autonomie et les responsabilise. Il est important de prendre en compte
l'avance qu'ils peuvent avoir sur les autres pour éviter de les faire
régresser ou stagner. Selon Vygotsky, c'est l'apprentissage qui pilote
le développement. Il distingue donc deux situations, celle où
l'apprenant peut apprendre et accomplir seul certaines activités et
celle où l'apprenant peut apprendre et réaliser une
activité dans le cas présent des éléments de danse
avec l'appui d'un autre. Entre ces deux situations se situe la "Zone Proximale
de Développement " (ZPD) dans laquelle l'individu peut progresser
grâce à l'appui de l'autre. La ZPD se situe entre la zone
d'autonomie et la zone de rupture. Elle se définit comme la zone
où l'élève, à l'aide de ressources, est capable
d'exécuter une tâche. Une tâche qui s'inscrit dans la ZPD
permet à l'élève en apprentissage de se mobiliser, car
il
sent le défi réaliste. Afin de permettre aux
élèves de se situer dans leur zone proximale de
développement, il pourrait être nécessaire pour
l'enseignant de différencier les contenus, les structures, les processus
et les productions pour éviter que les élèves se
retrouvent, soit en zone de rupture car cela leur paraitrait trop difficile,
soit en zone d'autonomie car cela leur paraitrait trop simple. L'enseignant
doit encore proposer à l'élève des situations
d'apprentissages diversifiées qui visent sa zone proximale de
développement. Ainsi il lui sera possible de poursuivre le
développement de ses compétences en mettant à profit ses
connaissances antérieures, le
soutien de l'enseignant et l'interaction avec ses
pairs. Certaines études sur l'apprentissage ont montrées que
l'on apprend avec les autres et que tout le monde n'apprend pas de la
même façon ni au même rythme. L'apprentissage par les pairs
est un système d'apprentissage mettant en relation plusieurs personnes
dans une aide mutuelle qui désirent apprendre en développant et
en consolidant leurs acquis. Au sein des cours de danse on met donc les enfants
en situation d'apprentissage entre pairs car l'enseignant, avec beaucoup
d'élèves, ne peut pas être partout, avec plusieurs enfants
en même temps. En effet, les plus jeunes du groupe peuvent prendre
exemple sur les plus grands et les copier pour pouvoir, par la suite, prendre
leur place en tant qu' "ancien du groupe " lorsque les plus grands
16
passeront dans le groupe supérieur. Néanmoins,
pour un enfant pratiquant la danse depuis longtemps, étant capable
d'accomplir les tâches qu'on lui demande dans son groupe d'âge, on
peut l'inscrire dans le groupe supérieur, même si son âge
réel ne correspond pas au groupe d'âge. La professeure de danse a
ensuite expliqué qu'il était important en tant que professeure de
danse, de savoir enseigner à des élèves d'âges
différents. En effet, ils ont des capacités, des modes
d'apprentissages et de compréhensions très différents. Un
jeune enfant, aussi doué qu'il soit, n'aura pas les mêmes besoins
et ne demandera pas la même attention. Elle a donc comparé les
enfants du groupe des 2 à 5 ans. L'enfant de 2 ans et l'enfant de 5 ans
auront à apprendre les mêmes choses, cependant, la professeure
n'aura pas les mêmes exigences pour chacun d'eux. L'enfant de 2 ans ne va
pas encore à l'école, il n'a donc pas encore l'habitude de
participer à des activités avec d'autres enfants et va
réclamer une grande attention qu'il faudra lui donner tout en ne
négligeant pas les autres. La professeure a expliqué qu'elle
utilisait la différenciation simultanée. Cela signifie que dans
le processus d'apprentissage, les objectifs et les contenus sont
différents selon l'élève. Elle doit prendre en compte la
taille de l'enfant, son agilité, mais aussi sa capacité de
concentration. Elle essaye donc d'adapter les apprentissages en fonction de
chaque enfant surtout chez les tous petits. Car en effet, plus ils grandissent
et plus on peut leur enseigner la même chose sans forcément faire
de distinction.
Nos entretiens et nos lectures nous ont permis de confirmer
notre question de départ qui était « comment guider un
groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en compte
l'individualité de chacun ? ». Nous avons donc pris le parti de ne
pas modifier cette question de départ qui est alors devenue notre
question de recherche.
III- Etat des travaux actuels sur notre
sujet
Après avoir fait nos recherches, nous avons pu
constater que beaucoup de travaux ont été fait à propos de
notre sujet. En effet, l'école a connu de nombreuses évolutions
suite à la massification scolaire, qui est l'accès massif
d'enfants des classes populaires à l'enseignement qui, jusque-là,
était réservé à l'élite. Aujourd'hui ce
n'est plus le cas, les classes défavorisées aussi ont
accès à l'école. Avec le développement de
l'école publique, la mise en place progressive d'une scolarité
obligatoire et la multiplication des filières, le nombre
d'élèves scolarisés a fortement augmenté au cours
du XXe siècle. En France, l'instruction obligatoire laïque et
gratuite est instituée par la loi du 28 mars 1882 (dite « loi Ferry
»). L'instruction
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primaire devient alors obligatoire pour les enfants des deux
sexes âgés de six ans révolus à treize ans
révolus. L'Ordonnance du 6 janvier 1959, signée par le
président de la République Charles de Gaulle, a ensuite
décidé que l'âge de fin de la scolarité obligatoire
sera à 16 ans. La massification de l'enseignement par la prolongation de
la scolarité obligatoire à 16 ans et par la création du
collège unique (1975) visait l'élévation du niveau de
formation des nouvelles générations. Elle avait également
pour objectif la réduction des inégalités des destins
scolaires. Ainsi, le public scolaire a évolué dans le sens
où les classes populaires ont pu avoir accès à
l'école. Lorsque s'est levée la barrière d'une
sélection, un nombre considérable d'enfants, auparavant
écartés, se sont trouvés précipités dans un
système qui n'était pas conçu pour eux. Le filtre culturel
et social ayant été retiré, l'école s'est
trouvée mise au défi d'instruire des enfants de moins en moins
éduqués et avec peu ou pas de repères culturels. Ces
« nouveaux écoliers » ont posé, année
après année, à un système scolaire figé, des
problèmes car ce système n'était pas adapté pour
eux. Des inégalités ont vues le jour, que ce soit sociales ou
culturelles. Des élèves issus de classes populaires et ceux issus
de classes supérieures n'ont, pour la plupart du temps, pas la
même culture. Les élèves de classes supérieures
ayant, en général, une culture plus développée.
L'école a donc dû s'adapter à ces évolutions, en
prenant en compte l'individualité des élèves. Car, comme
le cite Marguerite Yourcenar, « Notre grande erreur est d'essayer
d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de
négliger de cultiver celles qu'ils possèdent ». Il est donc
nécessaire de changer le système éducatif qui,
jusque-là était adapté seulement pour l'élite. Le
collège unique mis en place en 1975 par la loi Haby, par exemple, a
été une bonne chose dans la mesure où il permet d'amener
tous les élèves au même niveau en troisième. Ce qui
est injustifié, c'est l'idée que les inégalités
sociales détermineraient les inégalités scolaires. Il est
indéniable que tous les élèves n'ont pas les mêmes
personnalités, ni les mêmes capacités et que celles-ci ne
sont d'ailleurs pas forcément exploité par les professeurs. Ils
ne sont donc pas égaux face à une notion. C'est pourquoi la prise
en compte de leur individualité est importante. De nombreuses lois et
réformes ont vu le jour pour faire face à dans un premier temps,
l'échec scolaire qui était un problème majeur suite
à la massification scolaire des « nouveaux écoliers ».
Plusieurs causes existent quant à l'échec scolaire comme
notamment l'hétérogénéité des
élèves qu'il faut savoir prendre en compte. De ce fait, le but
principal des lois et des réformes mises en place est de réduire
au maximum les inégalités qui existent entre les
élèves. Il y a par exemple eu la loi de la refondation de l'Ecole
comme nous l'avons vu précédemment. Aussi, des modèles
éducatifs ont été mis en place comme la méthode
Freinet et celle de Montessori que nous avons citées et
développées. Nous pouvons ajouter que, suite à la
commande
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ministérielle passée en octobre 2013, le Conseil
supérieur des programmes (CSP) a publié le projet de socle commun
de connaissances, de compétences et de culture. Le CSP a
été conçu pour que les programmes soient
élaborés par une instance impartiale (composée de trois
députés, trois sénateurs, deux membres du Conseil
économique, social et environnemental et 10 personnalités
qualifiées). Le socle commun de connaissances, de compétences et
de culture entrera en vigueur avec les nouveaux programmes de l'école
élémentaire et du collège à la rentrée 2016,
il doit permettre de construire la culture commune que vont acquérir les
élèves tout au long de leur scolarité obligatoire.
Beaucoup de mesures ont été prises afin de tenter de baisser au
maximum les inégalités présentes au sein de
l'école, mais aussi suite au fait qu'avec l'enquête PISA
(programme international pour le suivi des acquis des élèves),
nous voyons la France en bas du classement. PISA évalue
l'efficacité des jeunes (de 15 ans) en compréhension de
l'écrit, en culture mathématique et en culture scientifique au
moyen des tests communs à l'échelon international. Depuis
l'enquête PISA de 2000 jusqu'à aujourd'hui, nous pouvons remarquer
que la France perd des places d'année en année. Ce n'est pas
l'image que la France veut renvoyer aux autres pays, c'est pourquoi elle tente
sans cesse de s'améliorer afin d'obtenir une meilleure place. Pour
autant, des inégalités persistent, c'est pourquoi la prise en
compte de l'individualité de chaque élève ne peut
être un fait résolu. Il y a tout de même plusieurs solutions
possibles qui s'offrent à nous quant à la prise en compte de
l'individualité des élèves mais il peut s'avérer
compliqué de trouver la solution la plus adaptée parmi toutes
celles proposées. Chaque élève est différent et les
générations également, c'est pourquoi il est difficile de
trouver la solution qui s'adapte le mieux à tous ces changements. De
plus, une solution peut fonctionner pour un groupe et ne pas être
constructive pour un autre. Il serait donc nécessaire de continuer les
recherches et d'innover afin de pouvoir au mieux prendre en compte
l'individualité de chacun.
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