3.3.3 Le secteur privé et assistance aux
éditeurs
Le champ littéraire occupe une place de dominé
au sein du champ du pouvoir qui est un « espaces des rapports de force
entre les agents ou les institutions ayant en commun de posséder le
capital nécessaire pour occuper des positions dominantes dans les
différents champs (économique ou culturel notamment)»
(Bourdieu, 1998 : 353). Celui-ci, selon notre analyse
précédente, n'a pas pourvu au besoin des acteurs de la
production. Les éditeurs se sont tournés vers le secteur
privé.
Dans le domaine de la production, le Centre Al-Mouna, le CNAR
et le CEFOD reconnaissent avoir bénéficié des financements
privés, et extérieurs pour la publication de certains types de
textes. Les bailleurs imposent le domaine, le genre et le volume des oeuvres
qu'ils désirent financer. Ainsi, AL-Mouna est orienté vers
l'Histoire contemporaine du Tchad, le CNAR, vers la publication des oeuvres
scientifique et le CEFOD, vers le Droit, la Sociologie et l'Histoire. La seule
maison d'édition qui s'intéresse à la littérature,
les éditions Sao, par la voix de son directeur, reconnaît n'avoir
pas encore eu un financement conséquent pour la promotion de la culture
tchadienne. Les imprimeries existent et sont disposées à traiter
des textes de tout genre. Il suffit d'avoir peu de volonté et de moyen
pour que l'activité littéraire soit visible.
Cette partie dernière nous a permis de connaître
les écrivains de renom tant au niveau national qu'international par
forme d'expression. La popularité de ceux-ci tient de l'édition
et de la publication de leurs oeuvres dans une maison d'édition de
célébrité incontestée et la disponibilité et
à la consécration de ces textes au niveau local. Qui écrit
? Quelle place occupe-t-il dans la société ? Dans quel contexte
organisationnel se trouve-t-il ? Etc. sont là les questions qui nous ont
poussé à regrouper les écrivains et leurs oeuvres par
genres. Parlant des particularités des genres, Bourdieu reconnaît
que « la préférence est au roman par rapport
à
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la poésie» (Bourdieu, 1998 : 89) Cela se
justifie dans le cas tchadien. Bref, nous avons classé les genres par
degré de visibilité et de préférence auprès
des consommateurs.
Après une étude historique, nous avons
recensé les instances d'édition et d'impression existant au
Tchad. De 1972, date de l'implantation de l'imprimerie scolaire à l'IPN,
le Tchad compte aujourd'hui (2010) sept imprimeries reconnues. Neuf centres ont
depuis longtemps édité des oeuvres, mais il faut
reconnaître qu'actuellement, seules les éditions Sao sont
indépendantes et spécialisées en production
littéraire. La fonction éditoriale peut se résumer par
trois verbes: choisir, fabriquer, distribuer. Ces trois opérations qui
forme un cycle qui constitue l'acte d'édition sont solidaires et,
« chacune dépendant des autres en même temps
qu'elle les conditionne.» (Escarpit 1968 :63).
À chacune de ces trois opérations correspondent les trois
services essentiels de l'édition : Le service littéraire, le
service technique et le service commercial que nous avons
développé.
En dernier lieu, la question de financement nous permet de
déduire que l'insécurité politique du pays a
empêché les bailleurs de fonds d'investir dans le domaine de la
production littéraire au profit des auteurs, des imprimeurs et des
éditeurs. Le second métier où la profession sociale de
l'auteur est pour nous un autofinancement, d'où l'étude de la
formation professionnelle. Le danger de ce métier second, comme le
démontre Escarpit est qu'« il réserve l'exercice du
métier de l'écrivain à une seule catégorie
socioprofessionnelle» (Escarpit 1968 : 59), celle des
professeurs-écrivains par exemple. Mais, c'est grâce à ces
métiers divers que les écrivains tchadiens ont pu faire
éditer leurs oeuvres.
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