3.2.2 Rappel historique de l'imprimerie au Tchad
Au début des indépendances, l'État
faisait ses propres impressions avant de les confier à l'IDT, alors
dirigé par des prêtres. C'est avec la création en 1972 de
l'IPN, actuel ISSED que fut créée une imprimerie scolaire pour la
conception des matériels et guides pédagogiques. L'objectif de
l'institution étant de palier au vide laissé par l'absence de
maisons d'édition. Pour cela, l'IS a produit des textes de
littérature, d'histoire, de géographie etc. en fonction des
exigences du programme scolaire. En 1993, Ahmat Goni Bichara, 35 années
d'expérience dans diverses activités commerciales et transitaires
crée l'AGB, donnant les premières lettres de son nom au sigle de
la structure. De deux machines à la création, AGB devient
rapidement l'une des plus performantes et des mieux équipées
instances d'impression au Tchad : « Dès le début, il y
avait deux machines, une corde et une perceuse. Nous avons rénové
avec plusieurs machines. Passons-nous de l'impression Offset à la
sérigraphie» (Entretien avec Directeur général
de l'AGB, le 31/07/2010, à N'Djaména.) Cette entreprise d'un
personnel de 35 employés dirigés par un Français et un
Belge, assistés par des Tchadiens, des Ghanéens et des
Béninois, a été selon son directeur, le fruit du hasard :
« Nous ne sommes pas imprimeur de formation. Nous somme transitaire.
Ainsi, nous avons créé AGB-Transit en 1985 à l'UDEAC
à Libreville au Gabon. Un ami béninois nous a proposé des
machines, il fallait essayer, » déclare A. Goni Bichara
(Entretien du 31/07/2010).
En 1996, l'Imprimerie Nationale du Tchad sera
privatisée et vendue. Pour éviter de confusion avec l'IDT,
déjà existante, elle sera dénommée : Grande
Imprimerie du Tchad.
Toutes ces imprimeries s'intéressent à tous les
domaines : politique, économique et social sans oublier la
littérature. Parlant de la censure, toutes sont d'accord qu'on peut
imprimer tout ce qui est imprimable. A. Goni Bichara reconnaît
qu'auparavant, il n'y avait pas de liberté de presse. Il fallait
imprimer que sur instruction du HCC. Mais « maintenant, la personne
apporte n'importe quel texte en n'importe quelle langue, on s'entend, [...] et
nous l'imprimons pourvu que cela ne choque pas trop » (Entretien du
31/07/2010).
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3.2.3 La corrélation entre les imprimeurs tchadiens
et leur relation avec le public
Les imprimeurs essayent à tout prix de nouer des
relations avec les autres acteurs du livre, non seulement comme
commerçants mais comme promoteurs de la culture tchadienne. AGB entend
lier un mariage avec L'Harmattan de Paris. Grâce à la paix et aux
installations qui sont en train d'être faites, les livres que L'Harmattan
juge utiles, il peut les envoyer sous presse au niveau local. Cela
anéantit considérablement les frais de transport et de douane.
Les premiers pas, selon le Directeur général de l'Imprimerie AGB,
sont faits.
Entre eux, les imprimeurs sont sur le point de créer
une association ou un syndicat. La solidarité leur permettra de
défendre leur droit et de négocier des marchés qui sont
selon eux, confiés généralement à des individus ou
à des imprimeurs en Occident. « Associés, nous pouvons
négocier directement avec l'État pour éviter cette
contrefaçon. Il n'est pas question, que des particuliers et des
expatriés renvoient le marché de l'imprimé à
l'extérieur, au moment où nous existons et payons
l'impôt à l'État », déclare le directeur
commercial de la GIT. (Entretien du 02/08/2010) Ces maisons relieront
bientôt des représentations au Sud et au Nord du pays. La censure
n'a pas sa place dans leurs activités, tout comme les subventions. Elles
restent ouvertes pour collaborer avec les maisons d'édition, les
universités, les librairies et les bibliothèques de la place. En
cela, elles sont disposées à encourager les jeunes tchadiens
à produire des textes littéraires et à les aider. Le
Directeur Général de AGB-Imprimerie avoue qu'il a personnellement
eu à faire des sacrifices pour des jeunes qui avaient des textes mais
n'avaient pas de moyens pour les multiplier : «J'ai fait de rabais
jusqu'à 50%. Il suffit que ces écrivains accèdent à
la popularité et c'est tout. Leur production va être
recherchée» (Entretien du 31/07/2010) La relation
qu'entreprend AGB avec L'Harmattan sera utile pour la production
littéraire au Tchad dans la mesure où Pryen lance cet appel :
«Tous les jeunes qui ont des textes, qu'ils nous les envoient. S'ils
gagnent notre agrément, nous allons financer la publication »
(Entretien avec Denis Pryen, le 23/11/2009, à N'Djaména,).
Cette affirmation nous donne de l'espoir dans la mesure où l'oeuvre
littéraire est produite pour être lue et est-elle bel et bien
connue et lue que quand elle est produite sur place. Si L'Harmattan ordonne
l'impression d'un nombre suffisant de textes avec sa signature au niveau local,
la consommation va être élargie à un grand public. En
attendant, des imprimeries comme Créative ou Aubaine et Preinte-Tchad,
etc., qui souffrent de visibilité et qui ouvriront bientôt leurs
portes aux littéraires, la littérature tchadienne au niveau local
ne pourra pas mourir par manque d'imprimeur.
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