3.1.3. La « petite édition »
Les missionnaires xavériens de Pala ont publié
entre autres, Écureuil, le rusé : contes, histoires et
proverbes Musey en 2006 ; le CEL de Sarh a édité des oeuvres
sous la signature d'Adalta Djimet, Alcouta Daye, Elio Danna et Fortier Joseph
en 1972, 1978 et 1983. Yousouf Sapoye André y publie également
La vie au village en 1982. Dans la même ville, entre 1996 et
1997, Julien de Pommerol Patrice, Kladoumgué Jean Camille, Koutou
Rémi, Mindengar Togueyadji et Fournier Maurice ont publié des
contes au CRP.
À N'Djaména, l'ADELIT publie des textes
littéraires. Poésie tchadienne d'expression française
en 1993 et Littérature Tchadienne contre MST/SIDA en 2002
sont quelques-unes de ses productions, généralement fruits des
ateliers d'écriture. Le CCF, en plus de la publication des textes des
lauréats du concours « La fureur de lire » entre 1993 et 1994,
sous le titre de Nouvelles du Tchad, a publié des poèmes
et des contes. C'est sous son égide que Thyrion Françoise a
publié L'Enfant, L'arbre sacré, les plantes et les
thérapeutes, et Ngonmag ou l'enfant sacré, en 2003.
Le RLPT a publié en 2000 Lazonie, la petite ménagère
de Moussa Adji et Tchad au coeur de Marie José.
K. Lamko y a publié Larmes sèches : nouvelles
francophones du Tchad en 2001, etc.
De tous ces centres, peut-être ADELIT qui a un service
d'édition peut oser récidiver en édition, sinon,
l'activité d'édition tend à se professionnaliser. Quelques
grands centres culturels, financés de l'extérieur du Tchad, en
font, pour le moment, leur activité seconde.
159
3.1.4. La « moyenne édition »
Dans le présent travail, l'étude est
basée sur les éditions Sao et Al-Mouna et dans une certaine
mesure sur le CNAR et les éditions du CEFOD qui sont les « grands
centres d'édition » du moment. Ce choix s'explique, dans un premier
temps, par la régularité et la qualification ou la
spécialisation dans un domaine précis en édition et dans
un deuxième temps, par le fait que les velléités du centre
Dombao de Moundou, de la mission catholique de Fort-Lamy (actuel
N'Djaména), du Groupe de recherche de Bousso et du SBL, en
matière d'édition n'ont pas fait long feu. Le Salon par exemple,
n'a eu ses lettres de noblesse qu'entre 1995 et 1997. Bourdette-Donon
a essayé d'énumérer les quelques centres d'édition
:
Peu à peu ces textes, de Joseph Brahim Seid
à Patrick Kodibaye, construisent un espace littéraire francophone
au sein duquel, on écrit, on lit, on commente et
édite localement, même si cette
dernière action reste limitée aux quelques recueils
publiés par le CEFOD, le Centre culturel Al-Mouna et les jeunes
éditions Sao, relayés par la presse locale (Tchad et culture,
Carrefour, Malt), le centre Dombao de Moundou ou quelques autre association
n'djaménoise tel que
le Salon des belles lettres ou Adelit.
(Bourdette-Donon, 2003 : 9)
Eu égard aux propos de Bourdette-Donon
susmentionnés, une classification par spécialisation et par
degré de visibilité auprès des consommateurs du livre
paraît nécessaire.
Le tableau suivant illustre que les résultats de
l'enquête auprès des enseignants, étudiants acteurs du
livre, etc. justifient le choix des maisons d'édition ci-haut
citées au détriment de celles qui ne font que des publications
temporaires et ce après des concours.
N°
|
Édition
|
Année de création
|
Domaine d'édition
|
Production moyenne/an
|
Visibilité/
%
|
1
|
Al-Mouna
|
1995
|
Histoire, Littérature
|
2
|
80%
|
2
|
Sao
|
2000
|
Pédagogie, Histoire, Littérature, Politique
|
4
|
70%
|
3
|
CEFOD
|
1989
|
Droit, Histoire, Sociologie,
Littérature
|
4
|
55%
|
4
|
CNAR
|
...
|
Domaine Agro-sylvo-pastoral,
Littérature
|
6-8
|
5%
|
Tableau VI : Les grands centres d'édition au
Tchad (Annexe 1, question 23)
160
Le CNAR est un centre étatique qui s'intéresse
au domaine agro-sylvo-pastoral. Un comité composé d'experts
nationaux et internationaux y pilote La Revue Scientifique du Tchad.
Le centre a publié les Actes du 1er colloque des
écrivains tchadiens et des 3es journées
agro-sylvo-pastorales, parmi la vingtaine de titres à son actif depuis
sa création. Selon Mahamat Hamdo, éditeur au CNAR : « En
dehors des publications périodiques, le Centre enregistre entre six et
huit textes d'auteurs tchadiens et étrangers par an ».
(Entretien du 02/08/10)
Les activités d'édition du CEFOD datent de 1989,
avec des brochures et des fascicules. Les responsables de cette association qui
sera reconnue d'utilité publique se sont rendus compte qu'au niveau du
Tchad, il n'existe pas de maison d'édition en tant que telles. Or, la
nécessité de produire des textes était là. Ce
service d'édition a été créée pour mettre
à la disposition des tchadiens des documents de vulgarisation pour leur
permettre de connaître l'histoire de leur pays, la culture, le droit.
Pour le responsable des éditions du CEFOD, « les oeuvres
publiées ailleurs sont très chères. Mais grâce
à notre politique sociale et éducative de vulgarisation, les prix
sont bas. Nos produits répondent directement à la bourse et au
besoin du public tchadien » (Entretien réalisé le
10/08/2010).
Trois ans avant cette noble idée d'édition, le
centre Al-Mouna (en arabe, le désir), une association à but non
lucratif et d'obédience catholique a été
créée par l'Archevêché de N'Djaména. C'est
par les colloques et les conférences que le centre Al-Mouna, qui jadis
était une bibliothèque, est amené à faire de
l'édition. Les éditions dudit centre commencent en 1995 avec la
publication des colloques sur Le conflit Nord-Sud, La
laïcité, La grande guerre et Le Conseil Militaire
Supérieur entre 1995 et 2009. Par ces titres, le centre a la
volonté de reconstituer l'histoire contemporaine du Tchad
méconnue. Parlant de la littérature, « c'est l'objectif
spécifique, la promotion de la culture qui nous a poussé à
publier des romans comme Le Mendiant de l'espoir (1999) et Le Prix du
rêve (2003) de Ali Abdel-Rhamane Haggar et Les Chroniques tchadiennes de
N.N.N'Djékéry », reconnaît Darma Sylvain, le
responsable des éditions dudit centre (Entretien réalisé
le 28/05/2010 au centre Al-Mouna). Ces centres, bénéficiant de
quelques financements extérieurs, ont des domaines d'édition et
des lignes précises à suivre. Le centre Al-Mouna est
fasciné par l'Histoire et la culture tchadiennes avec sa revue
Carrefour et ses fascicules « Cahiers d'histoires » qui
traitent des défis de la société tchadienne et donnent une
connaissance du Tchad dans sa diversité. Le CEFOD s'intéresse
à son tour au Droit, à la Sociologie, à l'Histoire et
à la Santé.
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