1.1 Les dramaturges de renommée internationale
Les dramaturges tchadiens de renom sont recrutés parmi
ceux qui ont été édités par Hatier (Monde noir
Poche), c'est-à-dire les lauréats du CTI de RFI. La raison de
leur popularité tient, non de leur présence ou de celle de leur
oeuvre au Tchad, mais de la place qui leur est accordée dans le panorama
critique d'Ahmad Taboye publié au niveau local. L'enquête
menée a permis de mettre en relief six grands noms : Maoundoé
Naindouba, Baba Moustapha, Koulsy Lamko, Palou Bebnoné, Nocky
Djédanoum et Nétonon N'Djékéry. (Annexe 1, question
16)
Maoundoé Naindouba, professeur d'histoire de son
état a produit pour le 9e CTI de RFI.L'étudiant de
Soweto. Cette pièce primée par RFI publiée chez
Hatier en 1981met à nu le système raciste mis en place en Afrique
du Sud par les Blancs. Les Etudiants refusent la formation
séparée en langues locales proposée par les colons. Elle a
été représentée par plusieurs troupes du continent
noir et est inscrite au programme tchadien (en Terminal) depuis la
première décennie après sa publication. Pour cette raison,
Maoundoé est, avec cette pièce, une grande figure de la
dramaturge tchadienne. 40% des enquêtés la reconnaissent.
Le juriste, dramaturge Baba Moustapha a commencé
à écrire des pièces de théâtre tout
adolescent. Il a connu une renommée internationale lors de sa
participation aux CTI organisés par RFI. De ses quatre pièces, la
plus connue est Achta ou le drame d'une fille mère (30%). Cette
pièce publiée par la Revue Tchad et Culture en 1972 met
en garde les jeunes contre les
121
dérives de la vie, expose les parents qui ne pensent
qu'à la valeur marchande de leur progéniture et ne laisse
personne indifférent. En 1983 parait chez CLÉ à
Yaoundé Le Commandant Chaka de B. Moustapha. Cette pièce
historique gagne en second lieu l'admiration du public. L'oeuvre a
remporté le prix spécial du jury, au 11e CTI. Produite
pendant le régime d'Habré, un dictateur qui a remplacé des
chefs charismatiques que sont Malloum et Tombalbaye, la pièce ne peut
passer inaperçue. Même son titre est un programme. L'oeuvre est
connue à 10%. Le Maître des djinns, publiée chez
CLÉ à Yaoundé en 1977, Grand Prix au CTI en 1973, est la
troisième pièce de Moustapha, connue à 5 % par nos
enquêtés. La pièce retrace le retour de Barka à
Makarie pour le développement de ce village. Il y fait la connaissance
de la jolie Ziréga avec qui, il va combattre les problèmes de la
vie. Ces trois textes sont les pièces les plus connues de Baba
Moustapha.
Koulsy Lamko est reconnu par ses quatre pièces
représentatives : Ndo Kela, ou l'initiation avortée ;
Mon fils de mon frère ; Comme les flèches et
Tout bas, si bas, connues respectivement à 20%, 5%, 5% et 5%.
Le dramaturge comédien Koulsy gagne l'admiration et l'adhésion du
public lecteur avec Ndo Kela, éditée par Lansman en
1993. Dans cette pièce, un groupe de jeunes décident de lutter
pour le développement du village Bagoua, malgré les anciens de la
tribu qui exploitent celle-ci. Avec la lutte engagée par le groupe
dirigé par Sankadi, le renouveau est possible. Mon fils de mon
frère est la deuxième oeuvre représentative de Koulsy
Lamko. La pièce est éditée chez Lansman en 1990 et a
été sélectionnée dans le cadre du
17ème CTI de RFI. Le thème de la
stérilité revient comme un leitmotiv. Les femmes sont
frustrées par les hommes qui les taxent de stériles. Cette
situation de stérilité pousse les anciens à laisser la
chance aux jeunes pour "fertiliser" les femmes de leurs frères. Cela
donnera des "fils de leurs frères" d'où le titre de la
pièce. Avec Comme des flèches publiée chez
Lansman en 1996, Koulsy émeut tout le monde et lance une lutte
acharnée contre le sida qui nous attaque et nous élimine aussi
vite que les flèches. C'est une question de société. Une
année avant cette pièce chez Lansman, Koulsy, grand
créateur d'histoires, monte en pièce l'histoire d'une femme de 75
ans qui donne naissance à un enfant au bras pyrogravé. Cet enfant
est un espoir pour un monde accroupi sous la misère et la domination des
maîtres (Tout bas, si bas).
Palou Bebnoné, avec Kaltouma et Mbang
Gaourang, le roi du Baguirmi occupe une bonne place dans le classement.
Ces deux pièces connues respectivement par 10% et 5% des
enquêtés font de lui un dramaturge sociopolitique. Kaltouma
est écrite en février 1965 pour le
122
CTI. Bebnoné a avec cette pièce réussi
à retracer minutieusement les méfaits de la polygamie. Dix ans
plus tard, Bebnoné produit pour le même concours Mbang
Gaourang. Pour cette pièce politique, Bebnoné invite les
dirigeants au pardon, au patriotisme et dans une certaine mesure à la
démocratie et à la liberté.
Le journaliste Nocky est cité grâce à
Illusions et L'Aubade des coqs, connues, chacune à 5%.
Illusions est écrite pour le CTI. Elle a été
primée en 1984. À la manière de M.
C. Koundja, Nocky propose « le fait accompli » comme
solution au refus de partition de la société tchadienne. Pour
l'auteur les jeunes doivent lutter contre les illusions des familles
divisées pour parvenir à l'unité nationale, à la
solidarité. L'Aube des coqs, la deuxième pièce
est inédite, mais a été mise en scène plusieurs
fois à N'Djaména et à Abidjan en 1997. Elle invite au
travail. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt le
matin. Nocky s'inspire de ceux qui labourent les champs de coton au sud du
Tchad pour lancer cet appel au travail.
Noël Nétonon N'Djékéry, enfin est
rendu populaire par sa nouvelle La Descente aux enfers, grand prix du
7e concours de la meilleure nouvelle de langue française en
1982. Sa pièce Goudangou..., qui retient l'attention des
enquêtes à 10%, a été publiée deux ans plus
tôt par la revue Tchad et Culture. L'oeuvre retrace les moments
de coups d'État des " père de la nation".
Cette analyse peut être représentée de la
manière suivante :
N°
|
Auteurs
|
OEuvres
|
Pourcentage
|
Achat
|
Visibilité
|
Lecture
|
1
|
Maoundoé Naindouba
|
Etudiant de Soweto
|
30
|
40
|
30
|
2
|
Baba Moustapha
|
Achta
|
5
|
30
|
5
|
Commandant Chaka
|
|
10
|
|
Le Maître des Djinns
|
5
|
5
|
|
3
|
Koulsy Lamko
|
Ndo Kela
|
5
|
20
|
30
|
Mon fils de mon frère
|
|
5
|
|
Comme des flèches
|
|
5
|
|
Tout bas, si bas
|
|
5
|
|
4
|
Palou Bebnoné
|
Kaltouma
|
|
10
|
|
Mbang Gaourang
|
|
5
|
|
5
|
Nocky Djédanoum
|
Illusions
|
|
5
|
|
Aubade
|
|
5
|
|
6
|
Nétonon N'Djékéry
|
Goudangou
|
|
10
|
|
Tableau I : Les dramaturges de renom suivis de leurs
pièces représentatives
123
|