3.2 La notion de culture nationale
La notion de culture nationale est basée sur des
éléments communs au peuple tchadien. Ce peuple a en commun Les
ancêtres tels que Toumaï, Lucy et la civilisation Sao. Il a subi la
souffrance et l'humiliation sous la colonisation. Pour une unité, le
Tchad a besoin de promouvoir une identité culturelle nationale en
faisant la somme des cultures judéo-chrétiennes, arabo-islamiques
et traditionnelles locales.
Par la littérature, les jeunes tchadiens ont
réussi à représenter le Tchad aux concours internationaux
et gagner des prix au nom De leur pays. Ils ne se sont point
présentés comme Chrétiens ou Musulmans, Nordistes ou
Sudistes, etc. Mais comme Tchadiens tout court. Ceci réhabilite la
culture et l'identité nationales.
L'identité est le caractère de ce qui est un,
uni à soi-même tout en présentant plusieurs aspects. C'est
ce qui permet de reconnaître la personne. Cette reconnaissance implique
une ressemblance à autrui, surtout un ensemble de critères qui
vous sont propres et vous différencient des autres. Avant la
colonisation il n'était pas possible de parler d'identité
nationale. Il n'y avait pas une nation. Il n'y avait que des empires, des
royaumes, des chefferies qui avaient la volonté d'annexer les terres
voisines et les armées du roi adversaire. Chaque peuple ou ethnie
était jaloux de sa culture et de son identité sectaire et
intolérante.
La notion de nation tchadienne n'existait pas car pour parler
de nation, il faut un peuple, un territoire et une volonté de vivre
ensemble. La nation est à cet effet :
Un groupement d'hommes ayant entre eux des
affinités tenant à des éléments communs à la
fois objectifs (race, langue, religion, mode de vie) et subjectifs (souvenirs
communs, sentiment de parenté spirituelle, désir de vivre
ensemble) qui les unissent et les distinguent des hommes appartenant aux autres
groupements nationaux» (Guillien et Vincent, 1988 : 307).
Ces éléments communs, objectifs ou subjectifs
n'ont pu unifier la nation tchadienne avant la colonisation.
Thierry Michalon avoue que c'est au moment des
indépendances qu'il était admis que les sociétés
hétérogènes africaines s'organisent en un modèle
étatique. L'État sera le dénominateur commun de ces
sociétés diverses. Dans ce cas, il affirme :
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L'État peut ne plus recouvrir une seule nation mais
plusieurs, englobant des populations hétérogènes qui se
différencient par la langue, la culture et l'histoire. L'État se
dote alors d'institutions très fortement [dé]centralisées
afin de respecter la diversité nationale» (Michalon, 1984
:28).
L'État est un legs de la colonisation tout comme les
frontières qui sont taillées au bon vouloir du colon. Pour cette
raison, il ne peut exister une nation tchadienne mais des identités
ethniques et sociales. La colonisation a unifié ces États
précoloniaux dans un territoire : « Tchad ». Les Tchadiens
doivent être fiers de l'être. Ils doivent oeuvrer pour
l'unité nationale.
En 1960, le Tchad accède à la
souveraineté nationale avec un État plurinational et
pluriethnique. Les conflits ethniques n'ont jamais pris fin depuis cette
époque postcoloniale. Il fallait faire de l'école nouvelle un
cadre de formation citoyenne. Tel fut l'objectif fondamental de tous les
régimes qui se sont succédé.
Ce sentiment national a produit sous Tombalbaye la «
révolution culturelle » ou le retour aux sources, à
l'authenticité, au moment du MNRCS. Malheureusement les premiers
dirigeants du pays se sont caractérisés par la dictature, le
parti unique, favorisant leur ethnie, leur regroupement au détriment des
autres : « L'État devient l'affaire d'un seul homme et les
réactions en chaîne se précipitent pour aboutir à la
banqueroute sur tous les plans, les minorités contestataires, n'ayant
aucun moyen de s'exprimer, s'exilent ou prennent le maquis» (Bangui,
1980 : 2-3)
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