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Les clauses de recours à  l'arbitrage dans les traités bilatéraux d'investissement liant la France et les pays d'Afrique francophone

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par Adèle Daudré-Vignier
Université Paris Sud 11 - Sceaux - Master 1 2013
  

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b. Les pistes proposées pour dissuader les arbitrages abusifs

Quatre pistes sont envisagées par les deux analystes pour pallier à cette dérive que constitue l'usage abusif ou frauduleux de l'arbitrage international d'investissement53.

Tout d'abord, les auteurs considèrent que trop peu de documents sont demandés pour enregistrer une requête d'arbitrage. Selon eux, exiger plus de documents lors de l'enregistrement de la requête auprès du CIRDI ou pour le dépôt d'une requête d'arbitrage permettrait de filtrer les requêtes et de dissuader les arbitrages abusifs. Par ailleurs, ils considèrent que les documents requis constituent uniquement des renseignements et non des preuves, pourtant nécessaires pour permettre de statuer sur l'effectivité du lien entre l'investissement et le traité bilatéral. Ils estiment que des pièces telle que la copie du titre de créance ou la preuve de l'investissement du demandeur devraient être obligatoires au moment du dépôt de la requête.

Dans cette piste sont déjà envisagées des exceptions, parmi lesquelles figure l'hypothèse de l'expropriation ou d'un autre manquement imputable à l'Etat qui aurait placé l'investisseur dans l'incapacité de produire ces documents. Dans ces cas là, l'exigence de documents supplémentaires serait écartée.

La seconde proposition est celle d'une prolongation des délais. Le Règlement d'Arbitrage CIRDI prévoit une procédure accélérée pour la soumission des déclinatoires et moyens préliminaires. Le déclinatoire est le moyen par lequel une partie considère que le différend ou toute demande accessoire ne ressortit pas à la compétence du CIRDI. Ce déclinatoire doit être déposé auprès du Secrétaire général. Pour tomber dans le champ d'application de la procédure accélérée, les Etats disposent d'un délai maximum de trente jours suivant la constitution du Tribunal arbitral pour

53 Journée d'étude du 27 mars 2013 : faut-il réformer l'arbitrage d'investissement ? Dossier d'orientation Ð Note n°2 : Les tentatives abusives ou frauduleuse d'exercice de la compétence arbitrale dans les arbitrages d'investissements, Antoine Garapon et Hamid Gharavi, pp. 27 à 30, Les arbitrages abusifs.

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soulever un déclinatoire ou invoquer un moyen relatif à une demande dénuée de fondement juridique54. Ce délai est jugé par les deux auteurs comme étant trop court et ne permettant pas ainsi de donner aux Etats une véritable opportunité de se prévaloir de la procédure accélérée. La procédure de l'arbitrage accélérée est indispensable car elle rend possible la rapidité du déroulement de l'arbitrage, précieuse aux Etats. Allonger le délai prévu par le Règlement d'arbitrage CIRDI permettrait, selon les auteurs, d'alléger les contraintes et les cadences des Etats.

Cette proposition est intéressante en ce sens qu'il est extrêmement important de prendre en compte les aspects pratiques de ce recours à l'arbitrage, parmi lesquels figurent les délais et la longueur des procédures. Cependant, dans cette note, un premier défaut apparaît : les auteurs ne s'intéressent qu'à l'arbitrage CIRDI qui n'est pourtant pas le seul proposé aux parties au différend dans les traités bilatéraux d'investissement. Par ailleurs, les auteurs semblent considérer qu'allonger le délai prévu pour recourir à la procédure accélérée relative aux déclinatoires de compétence est un remède en soi aux dérives vues précédemment. Pourtant, si d'un point de vue pratique, l'impact que le changement de délai aurait sur la lourdeur des procédures est indéniable, son efficacité sur la détection des arbitrages abusifs n'est pas établie.

La troisième piste consisterait à faciliter l'obtention de Security for Costs. Le Security for Costs est un concept juridique du Common Law qui répond au principe suivant lequel dans une procédure judicaire, le perdant doit payer les frais de justice de la partie gagnante. Lorsqu'un défendeur a des raisons de craindre que ses frais juridiques ne seront pas payés par le demandeur s'il gagne, il peut demander au tribunal l'obtention de Security for Costs. L'encouragement de l'obtention des Security for Costs apparaît indispensable. Cela permettrait aux Etats victimes d'arbitrages abusifs ou frauduleux d'éviter de consacrer des sommes considérables pour leur défense sans pour autant pouvoir recouvrir les montants alloués par la sentence finale en raison de l'insolvabilité des demandeurs. Selon les auteurs, si la jurisprudence arbitrale est favorable à la possibilité d'apporter cette garantie dans les arbitrages fondés sur les traités bilatéraux d'investissement, aucun Tribunal arbitral n'en a jamais octroyée.

Enfin, la dernière piste pour limiter les arbitrages abusifs serait, pour les Etats, de développer la pratique du certificat d'investissement. Emis par l'Etat hôte, il constituerait alors une condition

54 Cf. Chapitre V Article 41 Déclinatoires et moyens préliminaires, de la Convention.

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préalable à l'application du traité bilatéral d'investissement. L'Etat hôte pourrait ainsi approuver ou non les investissements sur son territoire. Cette pratique semble tout à fait pertinente en ce sens qu'elle établirait un lien de confiance entre l'investisseur et l'Etat hôte. Reste à voir si elle ne serait pas trop difficile à mettre en place d'un point de vue administratif.

Ces pistes, bien qu'étant encore à l'état de propositions, constituent des éléments importants de réflexion favorisant l'évolution de la pratique de l'arbitrage d'investissement et permettant ainsi de limiter ses dérives.

Cependant, il existe d'autres limites du recours à l'arbitrage dans les traités bilatéraux d'investissement, liées au fonctionnement même de ce mode de règlements des différends.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius