XI.1.10La compréhension des facteurs à risques
liés au paludisme
En 2005, Fondjo E. et Okalla A. R. produisent le rapport
intitulé « Collecte des données sur le paludisme au Cameroun
». Il s'agit des résultats d'une enquête transversale
réalisée en décembre 2004, financé par le Fonds
mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme dans 166
districts de santé du pays pour apprécier l'atteinte des
objectifs régionaux de lutte contre le paludisme au Cameroun. Ce rapport
présente des résultats préoccupants sur la
prévention du paludisme dans le pays : en effet, moins d'une personne
sur 5 (18%) dort sous une moustiquaire et 7 personnes sur 100 en moyenne
utilisent une moustiquaire imprégnée d'insecticides pour
éviter de contracter la maladie du fait des piqûres des
moustiques. Pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, les
taux moyens d'utilisation de ce dispositif de lutte sont de 14,04% pour les
premières et 7,5% pour les seconds. La chimio-prophylaxie est, par
contre, mieux observée chez la femme enceinte10 (42,20%).
L'enquête a aussi débouché sur le constat de l'existence
d'un écart significatif entre la disponibilité de la moustiquaire
et l'utilisation de la moustiquaire imprégnée. Elle recommande,
pour combler les écarts observés, l'utilisation d'une part par
les ONG pour sensibiliser les communautés sur l'importance de cette
barrière contre les piqûres de moustiques et d'autre part,
l'accroissement de l'offre de service des moustiquaires
imprégnées à travers la formation des personnes en service
dans les centres d'imprégnation
La vulnérabilité est une notion qui se trouve au
coeur des relations ville-environnement. Au départ, la ville
était un lieu d'échange, un point de rencontre entre les hommes.
Elle est devenue par la suite un lieu ou un centre de concentration des
activités de toute sorte. Offrant de multiples possibilités de
satisfaction des besoins à la population et de nombreux emplois, elle
est devenue un milieu attractif. C'est ainsi que la ville sort de son site et
influence l'espace environnant. Cette concentration de population et les
activités créent des problèmes qui contribuent à la
détérioration de la santé. C'est pour expliquer ce
phénomène que Collins (1995) pense que la ville entraîne
depuis toujours, un cortège de vulnérabilité liés
à la difficulté de trouver une organisation cohérente
entre les besoins qu'éprouvent les hommes de se rassembler et les
risques constitués par l'entassement des populations dans les conditions
impropres. Mais les villes des pays en développement qui connaissent une
expansion urbaine exponentielle se caractérisant par un transfert de la
pauvreté combinée à l'incapacité de contrôler
la dynamique urbaine posent une énorme difficulté de satisfaction
de à la demande sociale massive (Wyss K. et al, 2008). Tel est le cas de
la ville de Yaoundé qui connaît un accroissement naturel
accéléré et surtout dans les zones éloignées
des centres urbains.
La ville de Yaoundé offre de nombreuses
possibilités d'épanouissement économique à la
population. Mais, la qualité des sites pour l'exercice d'une
activité dans certains quartiers dits marginalisés, la
difficulté d'intégration de la population dans le circuit du
développement des activités formelle, le poids de la
fiscalité dans les grands marchés, l'augmentation du pouvoir
d'achat et le faible revenu des ménages expliquent l'accroissement des
activités économiques (élevage, agriculture urbaine,
petits commerces...) et le regroupement des populations pauvres aux abords et
dans les bas-fonds marécageux de la ville (Ngouyamsa V., 2006). Ces
activités économiques et les constructions anarchiques
constituent pour la plus part des activités de dégradation de
l'environnement urbain. Le dynamisme de la population est aussi à
l'origine des marchés spontanés dans certains quartiers pauvres
de la ville de Yaoundé. Ces activités sont une expression de la
pauvreté qui est non seulement un facteur aggravant dans la propagation
du paludisme, avec l'installation des populations dans les bas-fonds où
les conditions de survies sont précaires. Ces zones
secaractérisent par l'entassement de la population, la
promiscuité, les scènes de vie en milieu urbain (Tadonki G.,
1999). L'entassement de population provoque la mutation des microclimats.
Cette hyperdensité ajoutée à une mauvaise canalisation des
déchets qui sillonnent les abords des habitations sont responsables des
formations des ilots de chaleurs et des nids de larves favorables au
développement des germes du paludisme. De même, les impacts que
génèrent les variables telles que : les besoins de logement,
d'accès à l'eau potable, d'assainissement, d'accès au soin
de la santé et de collecte des déchets affectent également
la santé des populations et mènent une augmentation du risque et
de la vulnérabilité (Obrist et al, 2006 cité par Wyss). Et
il ajoute par la suite qu' « au fur et à mesure que la ville
s'urbanise et que de espaces se développent de manière
incontrôlée et anarchique, les conditions de vie se
détériorent avec l'hygiène défectueuse, les risques
sanitaires s'amplifient et les problèmes de santé publique se
posent avec une acuité de plus en plus grande».
|