L'UEMOA face au défi de l'intégration sous-régionale( Télécharger le fichier original )par Arnaud SEKONGO Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (Abidjan, Côte d'Ivoire)) - Maîtrise Droit Public option Droit Communautaire et Intégration Economique 2013 |
B- AU PLAN ECONOMIQUEL'indépendance économique pour un pays signifie qu'il soit indépendant dans ses activités économiques et qu'il soit en mesure de produire ce dont il a besoin. Cette réalité ne colle pas à la réalité des économies des pays de l'UEMOA qui sont depuis les indépendances 60 fortement tributaire de l'extérieur. Ces pays qui sont les nôtres subissent encore aujourd'hui les affres de la domination économique des puissances étrangères. Nous en voulons pour preuve les accords dits de partenariat économique (APE), le financement de grands projets d'investissement par l'Union Européenne et ses entreprises qui exploitent à fond nos richesses (agricoles, minières et énergétiques). Aujourd'hui, l'Union Européenne exerce une forte pression sur les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) quant à la signature des accords de partenariat économique. Elle a menacée en effet en argumentant que « l'aide publique au développement (APD) qu'elle accorde pourrait diminuer jusqu'à 47% en cas de refus des accords APE dans les délais prévus au 31 décembre 2007.141(*) Fort de cela, l'Union Européenne s'est vue dans l'obligation de traiter avec les pays de façon isolée en s'appuyant sur leurs forces et leurs faiblesses. Elle va ainsi négocier avec le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigéria. C'est de là que le Ghana est arrivé à parapher142(*) l'APE en 2009 et la Côte d'Ivoire qui va parapher puis signer l'accord intérimaire143(*) en 2009 également sous le poids du fardeau. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, il est à noter qu' « il y avait la possibilité de toujours dire non... mais les exportations de nos matières premières et principalement le cacao ne pouvait plus franchir les frontières de l'Union Européenne »144(*). Que faire ? Laisser pourrir nos tonnes de cacao ou céder ? Tout ceci témoigne de la volonté manifeste de l'Union Européenne d'aboutir à une exploitation systématique et sans pitié de l'Afrique de l'Ouest. Il faut reconnaitre en outre que le pouvoir de contrôle français des institutions financières de l'UEMOA tarie conséquemment la politique de développement économique de la sous-région. En effet, aucune modification, aucune démarche dans le sens de se défaire de l'Europe n'est possible puisque le conseil d'administration même de la BCEAO prend ses décisions à l'unanimité de ses membres. Ce mode de prise de décisions, cette règle de l'unanimité procure un droit de véto à la France dans les prises de décisions internes d'une institution qui se veut pourtant uniquement africaine voire sous régionale. Cela est d'une réalité très triste dans la mesure où aucun des Etats membres de l'Union n'est ne serait-ce que simple membre de l'UE ? L'ingérence de la France met en péril le développement économique de l'Union en ce sens qu'il suffit d'un refus par un de ces administrateurs français pour maintenir le statu - quo et pour pérenniser l'ordre monétaire et juridico financier colonial aujourd'hui rénové et imposé aux africains de l'UEMOA.145(*) Par ailleurs, en établissant une coopération étroite avec la France, l'Union était convaincue que cela pouvait renforcer le développement tant économique que politique en son sein. Mais hélas, les autorités des Etats membres veulent chacun tirer leurs intérêts personnels de ce jeu de coopération où la France reste seule maitre du jeu ; sans même se soucier outre mesure des conséquences néfastes que cela pourraient entrainer pour le développement. Il reste donc à croire avec fermeté que la fameuse coopération entre la France et l'Union n'est basée que sur l'aspect monétaire puisque l'économie stabilise la politique. Les Etats de l'Union ne font plus que trainer leur faible économie à la recherche d'aides financières qui ne font que les plonger dans le gouffre de l'endettement et là encore il va falloir prouver aux grandes puissances une certaine stabilité politique pour se voir attribuer le titre de pays pauvre très endetté (PPTE). * 141 YAPI Guy-Assane, « Les Accords de coopérations UE-ACP », La tribune de l'économie n°31, Mardi 07 au 13 décembre 2010, p. 7 * 142 Parapher signifie la simple reconnaissance de l'existence de l'accord. * 143 La signature signifie l'acceptation officielle matérialisée par l'apposition de leur nom représenté par un signe personnel par les personnes physiques ou morales qui souscrivent ou par leurs représentants. * 144 YAPI Guy-Assane, « Les Accords de coopérations UE-ACP », La tribune de l'économie n°31, Mardi 07 au 13 décembre 2010, p. 7 * 145 AGBOHOU Nicolas, Le franc CFA et l'euro contre l'Afrique, Paris, Editions Solidarité mondiale, quatrième édition de juillet 2008, p. 32 |
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